Paul Van Haver dit Stromea joue dans la cour des grands de la chanson. A l'écouter, on entend du Brel mais version XXIème siècle.
Le chanteur belge vient de faire une pause dans sa carrière...pour raison médicale: une forte décompensation psychique.
Il a bon dos le médicament contre le paludisme, nommé Lariam....
Plusieurs articles ne prennent pas de recul et donnent cette cause unique aux problèmes de santé du célèbre chanteur belge (dans le droit fil de la mode médiatique actuelle de stigmatiser certains médicaments!)
Il dit lui même "je perds la boule à cause d'un traitement anti-paludique."
Il vient de re-sombrer, hospitalisé lundi dernier.
Attention toutefois. C'est un déni que d'attribuer la cause unique de ses soucis à un médicament. L'histoire de Stomae est beaucoup plus complexe avec dépression à la clef.
STROMAE ET LA PERTE ...IRREMAEDIABLE DU PERE
Il porte lourdement au fond de lui-même son manque de père. Donc de repère.
Sa chanson Dipapaoutai a fait un carton justement sur le thème lié à l'absence regrettée du Père dans la société. Il est lui-même un enfant du divorce.
A ceci s'ajoute que le Papa est un architecte rwandais qui a disparu dans les affres du génocide... Du très lourd à porter. Car Stromae se voit définitivement coupé de lui.
Alors que la figure paternelle est hyper structurante pour un garçon.
Le chanteur d'ailleurs verbalise parfaitement ce qui vient de lui arriver et révèle des sources autres à sa maladie psychique : la fatigue (210 concerts en 2 ans....!) mais pas seulement:
"Le chanteur révèle avoir traversé à cette époque une crise psychique profonde. A mesure que se rapprochait la date de son concert au Rwanda, le chanteur aurait ainsi été soumis à de fréquentes insomnies, accompagnées d'hallucinations.
«Le Rwanda, c'est un sujet délicat pour moi, rappelle-t-il. Je ne dormais plus, la date de concert au Rwanda approchait. La première fois que j'y suis allé, j'avais 6 ans. Et vous le savez, mon père s'est fait tuer pendant le génocide». Son anxiété, combinée aux effets secondaires de son traitement contre le paludisme, aurait conduit le chanteur à la «décompensation psychique». «Après 150 dates, j'étais à plat, explique-t-il. Je n'ai pas supporté mon traitement anti-paludisme, ça m'a filé des hallucinations. J'ai cru que j'avais basculé dans la folie, on m'a diagnostiqué une décompensation psychique. J'aurais pu faire une connerie, je n'étais plus moi-même»'...) Il retournait au Rwanda un mois plus tard pour donner son concert dans la capitale, Kigali. Très ému lors de l'événement, Stromae avait notamment tenu à saluer son père. Alors qu'il chantait sa célèbre chanson Papaoutai, le chanteur avait ainsi modifié ses paroles: «Dis-moi où t'étais? À Kigali... au Rwanda...», avant de lancer «Il est là!».
A KIGALI...
Rencontre posthume avec son père lors du concert donné au Rwanda...
Dans ce contexte, l'explication publique donnée autour d'une prise de médicament est un peu courte.
De même, une relecture des faits s'impose autour du clip de 2013 où il semblait totalement ivre dans les rues de Bruxelles. Idem, sa participation déglinguée à l'émission Ce soir ou jamais. La production disait à l'époque qu'il avait trompé son monde. Qu'il jouait à être saoul. On ne demande désormais si ce n'était pas un signe prémonitoire d'une maladie psychique.
La relecture: "bourré", le chanteur interpellait des passants interloqués: «Tu t'es regardé, tu t'crois beau parce que tu t'es marié? Mais c'est qu'un anneau mec, t'emballe pas. Elle va te larguer, comme elles le font chaque fois».
Filmé en caméra caché, Stromae interprétait de manière très convaincante l'homme inventé dans sa chanson: un ivrogne, déchu, qui vient de se faire quitter par sa copine. Il l'interprétait réellement trop bien....
Stromae été quitté par son père, tout petit. Père violemment disparu lors du génocide, avec qui il ne peut renouer le contact.
Il ne s'en remet pas. Pas formidable. Triste. Ce n'est pas qu'une histoire de Lariam.
STROMAEOUTAI?*
Sylvie Neidinger
* Ceux qui l'apprécient sont là!
Commentaires
Vous décrivez très bien la situation psychologique de ce chanteur.
Toutefois, je peux témoigner d'un homme suisse qui a complètement décompensé à la suite d'un traitement préventif de Lariam alors qu'il se trouvait en Afrique, dans une situation professionnelle tout-à-fait maîtrisée. Swiss avait refusé de le rapatrier dans son état; un transport spécial avait dû être organisé. Après un séjour en psychiatrie, il a repris une vie normale.
Merci de votre témoignage, Mme MEURON, qui précise la spécificité du LARIAM lequel semble tout de même; à vous lire, un "gros" facteur déclencheur.
L'article listait d'autres facteurs en plus de l'aspect médicamenteux. Vous avez raison de signaler que le Lariam a son importance.
...Du coup avec tout cela, Stomae remonte difficilement la pente !
Un médicament est un produit chimique avec un rapport bénéfice/risque;
Ou, autre cas, certaines substances soignent à petite dose et tuent à haute dose : effet poison pour la Même molécule qui peut soigner aussi. C'est complexe ...la médecine.
Soyons concis; le Lariam est parfaitement capable d'être la seule cause des troubles de Stromae.
Il existe par exemple des cas de personnes devenues dépressives à vie ! Les récepteurs synaptiques définitivement bousillés.
Il semblerait que même plusieurs armées (USA,Canada...) s'en méfie au plus haut degré.
Bien sûr le paludisme est un fléau mondial, mais l'approche médicale s'entête avec des approches très lourdes en effets secondaires.
Enfin il faut espérer que Stromae s'en remette
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/depression-paranoia-delire-le-lariam-antipaludique-accuse-de-tous-les-maux_1943120.html
L'article que vous citez est clair. Le Lariam peut avoir des effets secondaires importants....mais pas chez tout le monde :
Si cela était 100% et systématique il serait retiré du marché!
Le médecin en le prescrivant dans l'exemple signale les potentiels effets secondaires.
L'article signale que sans traitement préventif on peut aussi MOURIR du paludisme.
Le choix REEL est
1) aller en Afrique SANS traitement et prendre le risque d'une maladie mortelle le palu
2) aller en Afrique avec traitement et prendre le risque d'effets secondaires graves. Que l'on va ressentir ou non
3) rester chez soi
Autre alternative à votre choix réel plein de bon sens : aller en Afrique munis d'une tapette tue-mouches à mailles fines et d'une loupe grossissante, en vente dans tous les commerces qui se respectent et relancer la guerre des sexes en exterminant sélectivement les anophèles femelles, seules responsables de la transmission du Plasmodium... La technique demande un certain apprentissage, mais, dans la vie ici-bas, rien ne s'acquiert sans effort... :)))
Bonne journée Syvie.
Le Lariam est un médicament prescrit depuis longtemps, et je suis étonné qu'il soit encore recommandé comme prévention, vu les risques.
J'ai fait plusieurs voyages en Afrique subsaharienne, en zone de palu, principalement au Nigeria. J'ai parfois pris la quinine sous forme de Nivaquine (ou autre, je ne suis plus certain), j'ai aussi pris de la teinture-mère de quinquina, mais sans savoir réellement le bon dosage.
Sans entrer dans le détail, j'ai pris une fois une seule gélule de Lariam, alors que j'avais bel et bien contracté le palu (41,5 de fièvre pendant trois jours, entre autres joyeusetés). Le médecin appelé en urgence ne voyait pas d'autre solution pour calmer la crise qui m'épuisait. Bien que très hésitant, j'ai donc pris ce comprimé vanté pour en finir avec la maladie (la quinine de fait qu'atténuer les symptômes de crise).
Réaction: des troubles visuels importants, soit l'incapacité à voir net et à apprécier précisément les distances, pendant environ trois jours. Donc une atteinte neurologique, me semble-t-il. Je n'ai pas continué la boîte! Je n'ai heureusement gardé aucune séquelle de cette réaction, et n'ai pas subi d'atteinte psychique.
J'ai eu par la suite, comme parfois certains malades, des retours périodiques des symptômes de palu, de moins en moins forts, et aujourd'hui c'est totalement terminé. Cela m'a montré que le Lariam n'était pas un médicament capable d'éradiquer individuellement le palu. Au final il n'était pas plus intéressant que la quinine, avec des effets bien plus problématiques.
Des coopérants européens travaillant en Afrique, ne prenaient plus rien à cause des inconvénients de la quinine sur le long terme, et consommaient de fortes doses de Nivaquine en cas de crise. Ils ne prenaient jamais de Lariam, c'était même un sujet de discussion entre eux vu les problèmes connus de ce médicament.
Merci @Gislebert pour la bonne humeur et la "tapette tue-mouche à maille et loupe grossissante !"
Merci @Homme libre de l'extraordinaire témoignage vécu et précis.
En résumé
1) l'industrie pharmaceutique doit poursuivre ses recherches et inventer une autre molécule que Lariam et
2) l'industrie mécanique doit optimiser le tue-moustiques !!
Pour revenir plus sérieusement sur le palu, il faut savoir qu’il n’existe aucun médicament universel et que tous les antipaludéens connus ont des effets secondaires. Géo@ avait il ya peu parlé de l’arthéméter qu’il utilisait pour ses ouvriers malades lorsqu’il travaillait en Afrique, il l’associait à la luméfantrine autre antipaludéen.
Dérivé d’un composé isolé dans une plante par la médecine chinoise (l’arthéminisine), il semble particulièrement efficace. Problème : peu soluble dans l’eau, doit être injecté I.M. en solution huileuse, peu pratique et sûrement douloureux (n’ai pas testé…). On ne connaît pas vraiment ses effets secondaires sur le SNC, le cœur ou la femme enceinte et il semble qu’on le réserve aux cas où la quinine ou ses dérivés ne sont plus actifs. Le Plasmodium est un petit malin qui sait s’adapter… J’ajoute pour ceux que cela intéresse que les fiches OMS sur les parasitoses sont fort bien documentées et à portée d’un clic. Ugh.
Exactement Gislebert, le cas de l'Arthémisia annua n'est pas très clair.
Même s'il était très prometteur au début des années 2000.
Depuis quelque années une autre plante fait l'objet d'étude : L'Argémone mexicana
https://www.antenna.ch/fr/activites/medecines/argemone-mexicaine/
En ce qui me concerne, j'ai toujours renoncés aux traitements préventifs lors de mes voyages ( famille comprise) en Asie, en Afrique ou encore dans les Chiapas et au Yucatan.
J'ai utilisé un mélange d'huiles essentiels (recette affinée par des années de voyageurs échangeant leurs expériences en milieu de médecine alternative) avec également un sérum équin du plasmodium malaria dilué en D9.