Il aura fallu la sagacité d'une jeune docteur, Aurelia Azema, ingénieur d'études au Laboratoire de Recherche des Musées Historiques pour faire le lien entre un bout de doigt en métal qui traînait dans les réserves du Louvre et la main de Constantin, cette immense statue du IVème siècle de bronze qui siège au Musée du Capitole à Rome. Personne avant elle n'avait eu cette idée!
Il est vrai que ces pièces métalliques entrent dans le champ de sa spécialité. Elle a été amenée logiquement à faire le rapprochement.
Cette chercheuse qui collabore avec Christine Walter (responsable) au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) a en effet soutenu sa thèse en 2013 sur : "Les techniques de soudage de la grande statuaire antique en bronze : étude des paramètres thermiques et chimiques contrôlant le soudage par fusion au bronze liquide"
Le Louvre fait ce beau geste en direction de son homologue latin. Attention un objet pas "donné" toutefois mais "prêté" . Il est probablement juridiquement impossible de procéder à un don d'un objet d'une collection d'Etat. Problématique complexe des restitutions muséales.
Les deux pièces ont été physiquement réunies à Rome début mai . Claudio Parisi Presicce directeur du musée romain est dans une joie absolue. L'évènement rare est filmé dans ce reportage.
Ceci laisse toutefois un sentiment d'amertume "scientifique". Car, pour une pièce antique réunie, combien de démolies à jamais par les déchiqueteurs de l'Histoire.
Il y a les aléas des violences et guerres ( ô Bouddahs de Bamiyan, il y a 20 ans (acte commémoré en mars par l'Unesco), ô Palmyre.
Mais aussi le pillage "banal" et ancien des sites antiques dès le XVIIème siècle pour alimenter les "Cabinets de curiosité". Personne à l'époque n'y voyait de difficulté!
Une profession a même été alors créée dans le sillage, les Antiquaires.
L'Italie a subi les pillages gravissimes de l'époque napoléonienne. Il ne s'agit pas de cela ici. Le doigt a été acquis par le Louvre en 1860 lors de l'incroyable dispersion par le Pape (dramatique pour le patrimoine italien!) de l'incroyable collection de l'aristocrate compulsif, le marquis Giampietro Campana .TROP bien placé: il dirigeait le Mont de Pieté! Un loup dans la bergerie.....
Toutefois, puisque les fruits des pillages ont alimenté les réserves de Musées, on peut aujourd'hui dire que ces objets ont été finalement..protégés.
L'achat par des privés mène souvent à la perte définitive. Combien de pillages archéologiques dans le monde ?
Le colosse retrouve son index: du LIEN a été recréé.
Un index tendu entre deux Musées, entre Italie et France, entre ceux qui abhorrent le déchiqueteurs de l'Histoire et ici applaudissent de leurs deux mains. Complètes.
Sylvie Neidinger
Commentaires
On dit Le Louvre et pas "le Louvres"...
Merci Nicolas pour le signalement du S superflu à Louvre. J'ai corrigé. J'écris très vite et relis souvent... trop vite. Cordialement