L'ouvrage, rédigé en allemand, avait reçu le Prix du livre Suisse en 2011,
sous le titre "Jacob beschliesst zu lieben".
Mars 2013: il vient de sortir, en langue française.
Très Mitteleuropa, le roman décrit sous forme littéraire une histoire de migration familiale.
Au coeur du XIXème siècle, les ancêtres du narrateur Jacob Oberlin quittent la Lorraine pour le Banat.
Une épopée chez les germanophones de Roumanie.
L'auteur Catalin Dorian Florescu, né à Timisoara en 1967 devient citoyen suisse.
Il exerce aujourd'hui comme psychothérapeute.
L'écriture du livre est alerte, humoristique.
Tout commence par un terrible orage. Normal "le diable se cache de Dieu. Plus il a peur, plus il soulève la terre et les airs avec force."
L'orage est aussi familial avec ce père qui surgit en 1924 . Et qui avait largement pactisé avec le diable!
Le premier mort ne s'était pas fait attendre.
Peut-être était-ce l'effet du schnaps ?"Ca brûle dehors mais son cerveau nage"... dans la célèbre boisson.
Jakob, son village de Triebswetter où les cloches sonnent à la voléee tout au long du récit: truculent!
Mais sous la plaisanterie sourde une angoisse existentielle. On croise marchand de chevaux et voleurs d'or. Les camps de concentration aussi.
Retour menteur de déportation. C'était pas vrai. Le coquin de fils de Jakob en profite avec un tout petit remord, tout de même. On le couvre de cadeaux, de nourriture, en mémoire de ceux qui ne reviendront jamais.
"La peur de rester éternellement un étranger chez soi (p351) était reliée par une autre peur, celle de n'être qu'un étranger dans un lieu dont on ne savait même pas correctement prononcer le nom.
"Certains pour s'occuper commencent à déterrer leurs morts. Johanna justement avec sa boîte..."
Sylvie Neidinger
Le turbulent destin de Jacob Oberlin par Catalin Dorian Florescu . Editions du Seuil. Collection Prohelvetia. Isbn 9782021064629
Complément :
Le Banat, région germanophone de Roumanie