Le trajet mondial du vêtement recyclé pose une question: mais que deviennent les habits que nous déposons dans les conteneurs de récupération ?
Surprise de découvrir une filière mature hyper organisée.
Des usines au Maroc et en Tunisie qui trient et lavent (les chaussures).
Anecdote, foulards Hermès et cravates de luxe, récupérés en friperie!
Le plus léger repart vers l'Afrique sub-saharienne. D'où paradoxalement est cultivée une partie du coton utile à la confection du vêtement neuf.
Au Sénégal trois types de sources cohabitent au service de la population : le vêtement traditionnel, le vêtement chinois bas de gamme et la... friperie.
Les gants de ski y sont même les bienvenus: ils servent de gants de protection sur chantier!
Des créateurs en Tunisie s'expriment sur la base variée de tout ce textile importé qu'ils réinterprètent.
TENDANCE FRIPERIE
A savoir, le trajet ne s'arrête pas dans les pays à plus faible revenu économique.
Les ré-importateurs, l'oeil collé sur les catalogues de mode Elle et compagnie, font directement leurs commandes ...aux usines de tri nord-africaines en fonction des tendances à venir!
Car certains vêtements de marques connues ou vintages sont économiquement valorisés en.... repartant en boutique de friperie branchées en Europe.
Ainsi se referme la boucle de la ceinture du vêtement !
On a sous les yeux un incroyable circuit économique mondial intégré.
Il se joue intelligemment des différences des niveaux de vie pour que tout le monde y trouve son compte.
Les sectorisations sont intéressantes à découvrir, en fonction du climat, des niveaux de vie..
Au final les tonnes de vêtements ne partent pas en déchetterie dans le monde occidental plus riche.. C'est l'essentiel.
Le process de retraitement est économique, écologique. Hormis l'intégration des énergies pour transporter ces tonnes autour de la planète.
Car le rebus peut même repartir au Pakistan en fin de chaîne où il sera transforme en tapis de bain ou autres.
Tout se calcule. Le positif de la valorisation, le négatif de l'empreinte carbone.
Attention toutefois aux montagnes de déchets textiles non gérés inondant les terrains d'immondices dans certains pays tels le Ghana. Réduire le nombre d'achats au départ semble plus judicieux.
Sylvie Neidinger
Annexe :
Je suis moi-même surprise d'avoir dans mes placards des nappes coton datant du début XXème siècle, juste transmises dans la famille que l'on a peine à jeter..
Juste pour dire combien les objets si neutres et si muets ont cette force de perdurer. Les grand-mères ont disparu et leurs objets perdurent...La "résistance" du vêtement est à la base de cette mondialisation du recyclage.