La visite de Emmanuel Macron à la conférence des Evêques de France étonne par cette atteinte au consensus de fait lié à la "laïcité à la française" .
Jusqu'alors, les présidents de la République s'en tenaient à un éloignement carrément physique entre le chef de l’Etat et le fait religieux comme conséquence de la Loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Loi qui venait mettre un terme à la situation concordataire de prise en charge.
[Particularité. Le concordat existe toujours en Alsace et Moselle où prêtres, pasteurs, imams et rabbins sont rémunérés par l'Etat]
La gauche laïcarde en mange son chapeau... D'autant que le président Macron, aux Bernardins, a déroulé comme programme de "réparer le lien abîmé entre l'Eglise et l'Etat".
Phrase vaseuse pour ses origines et ses modalités pratiques. Comment peut-il en effet revenir sur la loi Hollande autour la famille, la procréation, qui déchira le pays récemment avec la Manif pour tous?
Par sa présence à la conférence des Evêques de France, on peut lire de la part de Macron une action politico-identitaire pour récupérer l'électorat catholique comme socle de sa politique. L'assise LREM - son parti internet- étant fragile comme le sable.
En tout état de cause, son discours a rappelé la longue tradition catholique de la France autoproclamée "fille aînée de l'Eglise" dont Macron visiblement se voudrait le parrain...
Certes. Mais...
MACRON A RATE EN OCTOBRE L'OCCASION D'UNE RECONNAISSANCE NATIONALE AVEC LES PROTESTANTS
Quid des autres cultes?
Le protestantisme est tout autant Historique et constitutif de la France!
Le 31 octobre dernier, le silence de Macron fut remarqué à l'occasion du demi millénaire du protestantisme autour de Luther.
Il aurait pu saluer magnifiquement les forces vives protestantes passées et présentes, locales et émigrées.
Comme réparation d'un passé douloureux et reconnaissance.
Macron n'en a pas eu soit l'info, soit l'intelligence politique.
Ce supposé spécialiste du protestant Paul Ricoeur a très certainement raté l'occasion en tant que Président, d'un discours historique sur les racines protestantes du pays qui bien évidemment ne s'opposent pas (plus) aux autres racines.
Il y a bien longtemps que les branches chrétiennes sont en dialogue.
Le 31 octobre 2017 dernier, on pouvait excuser le silence présidentiel et l'analyser comme devant respecter la laïcité hexagonale habituelle qui prévaut en général, donc ne pas se mêler de religion. Souligner, toutefois qu'il aurait pu tout de même saluer l'anniversaire du millénaire protestant à titre culturel à défaut du cultuel...
Mais, à partir du moment où Macron lance une offensive de charme pro domo en direction des catholiques en dépit de la séparation des pouvoirs, ovationné dans la salle debout, on peut se dire que son silence sur l'anniversaire du demi-millénaire du protestantisme fut dès lors de sa part un non-acte politique.... assourdissant.
Une occasion fortement ratée d'une superbe réconciliation complète et apaisée pour le présent certes mais aussi le passé.
Macron Jupiter, chef des dieux, n'en a pas eu la présence d'esprit ni l'ouverture intellectuelle.
L'anniversaire des 500 ans a échappé totalement au grand public. Dommage.
Sylvie Neidinger