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H-Témoin d'Histoire. Mémoire - Page 3

  • Il se souvient de la Nuit de Cristal du 9 novembre 1938!

    Le blog, désormais âgé de dix ans,  ouvre une nouvelle rubrique: H-Mémoire d'Histoire. Pour évoquer les témoignages directs de témoins directs d'évènements majeurs historiques. 

    A ma grande surprise, Karl, 85 ans, ami de famille, me confiait récemment qu'il a vécu la...Nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1936. Notre ami s'en souvient!

    Les dates correspondent: il avait un peu moins de deux ans. Karl est allemand.

    ( le nom de son village volontairement non cité) 

    Je valide car mon premier souvenir date de l'âge 18 mois. Portée dans des bras dans la maison voisine où une vieille dame me fit alors  peur. Elle décéda lorsque j'avais ...18 mois. Validé: on peut avoir un souvenir à 18 mois.

    Détail, ce genre de premier souvenir est uniquement visuel. 

    Karl le confirme: uniquement visuel. Sa soeur a ensuite relié verbalement et plus tard évidemment   le  "premier souvenir" de Karl à la Nuit de Cristal. Elle était à ses côtés lors des faits.

                       SOUVENIR COUPANT COMME DU CRISTAL CASSé

    De ses yeux le bambin a vu -apeuré ?- des individus entrer dans la maison de son voisin de confession juive. (Il n'y était plus, déjà parti pour New-York fort heureusement pour lui. Information donnée ultérieurement à Karl  évidemment).

    "Ils" ont tout cassé, sorti les meubles hors de la maison.

    "Ils" ont tout détruit chez un autre de ses voisins, un  prêtre qui exprimait ouvertement son opposition. "Ils" l'ont emmené. Jamais revenu.

    "Ils"? Qui: les "nazis" Et là quand, 83 ans après,  Karl prononce devant moi ce terme, ultra rapidement, cela claque comme un coup de fouet.

    Dur. Coupant. Cinglant.

    Karl prononce "nazis", comme deux coups de feu. Une dureté s'installe. Elle inonde son regard.

    Sort  de sa bouche tout un univers de peur et d'angoisse.

    Il fallait avoir VU donc vécu cette nuit d'horreur- bien qu'enfant- pour prononcer ces deux syllabes avec cette intonation coupante comme du cristal brisé devenu dangereux.

    Ce sigle n'est pas prononcé banalement comme on le ferait aujourd'hui sur des bancs d'université par de jeunes étudiants pour qui mai 68 et la chute du Mur de Berlin tiennent déjà de la préhistoire...

    Karl lui se souvient. Par ses yeux.  

                                                                                        Sylvie Neidinger

     

    Je tenais à publier ces instants d'une banale conversation privée de juin 2021. Finalement peu banale...

  • Antoine Lumière, homme de presse à Annemasse

     La récente rubrique « Journaliste à la Une» ouverte à propos de ceux qui fabriquent l’info traite aujourd’hui d’un Improbable : Antoine Lumière, le père. Car il n’est absolument pas connu en tant qu’homme de presse !

    2, rue du Parc à  Annemasse, une plaque dédicatoire attire l’attention :

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    « Cette maison et cette imprimerie ont été construites en 1898

    Par Antoine LUMIERE, le père de Louis et Auguste

    Qui inventèrent le cinéma en 1895 .

    Antoine LUMIERE fut à l’origine de la création

    Du journal républicain et laïque « Le Progrès de la Haute-Savoie ».

    Il installa comme directeur un maître imprimeur Pierre GRANCHAMP

    qui publia le 1er numéro de ce journal le 26 mars 1898

    et racheta l’imprimerie et la maison en 1909.

    Albert GRANCHAMP son fils, puis Pierre GRANCHAMP son petit-fils

    poursuivirent jusqu’en 1976 la publication du « Progrès de la Haute-Savoie »

    dont la parution avait été suspendue sous Vichy.

    C’est également ici que furent imprimés clandestinement

    des numéros du journal de la Résistance  Combat. »

     

               Le 18 novembre 1995.

     

    On apprend que celui qui …"inventa" ceux  qui …inventèrent le cinéma, à savoir Antoine père de Louis et Auguste, fondait  un journal haut-savoyard en 1898 dans la mouvance des libres-penseurs. Il a soigneusement choisi de revendre l'hebdomadaire  radical (la maison, le jardin etc.)  à Pierre Granchamp.antoine lumière,pierre louis lumière,haue-savoie,granchamp

    antoine lumière,pierre louis lumière,haue-savoie,granchampSurprenant car même sa page wikipedia  est muette sur cette création d'un imprimé. Mieux: l'Institut Lumière de Lyon n'était pas informé (lire, en bas)

    Ceci dit, que le peintre et photographe franc-comtois d’origine ait voulu créer un média papier n’est pas si surprenant. Un journal se doit d’une bonne dose d’illustrations (dessins, photos...) autour d’un texte.

    En 1898 tout  comme en 2013.

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     Comme il fait bon d'être curieux et de lever le nez pour lire les plaques de rue...

                                       Sylvie Neidinger

     Villa Lumière Musée à Lyon. Palais Lumière à Evian.

    Institut Lumière, Lyon

     

                                                                  

     Ici un extrait d'actualité du village de Pers-Jussy qui décrit la presse locale à l'époque :""En 1914, Pers-Jussy est une commune totalement axée sur l'agriculture. Environ 75% des chefs de familles sont agriculteurs. Beaucoup ne possèdent que quelques vaches. On n'achète que les denrées que l'on ne peut pas produire. Les jeunes sont tentés de partir, définitivement ou non, pour aller gagner leur vie en ville (à Genève surtout).(...)En 1914, il n'y a évidemment ni radio ni télévision. Les nouvelles du monde extérieur arrivent par les hebdomadaires auxquels certains sont abonnés. Deux sont très marqués politiquement : "La Croix de la Haute-Savoie", proche de la hiérarchie catholique, et "Le Progrès de la Haute-Savoie" qui appartient au camp "d'en face". Deux autres, "Le Messager agricole" (ancêtre du "Messager" actuel) et "Le Cultivateur savoyard", affectent une certaine neutralité. On lit aussi "Le Rochois" qui donne des informations plus locales. Mais c'est surtout à la fruitière, au café, au marché de La Roche et éventuellement aux enterrements qu'on apprend les nouvelles."

     SUIVI SUITE A PUBLICATION:ANTOINE LUMIERE ET GENEVE

    *A l'Institut Lumière de Lyon, appelé dans la foulée,  l'activité de presse d'Antoine était méconnue. En tous cas aux interlocuteurs de ce jour là.

    *Reste à découvrir  pourquoi Antoine Lumière s'intéresse précisément à la zone genevoise: une imprimerie à Annemasse et achat de ce qui va devenir le Palais Lumière à Evian. Enquête non close...

    *Un livre consacré à l'histoire d'Annemasse par Guy Gavard donne un début d'explication :" Grâce à ses relations maçonniques à Genève, on choix se porte sur Pierre Grandchamp maître imprimeur à Genève au journal le Genevois". Genève, la maçonnerie : pistes à suivre!

     Journalistes à la Une:

    N°1- Albert Londres

    N°2- Antoine Lumière