La récente rubrique « Journaliste à la Une» ouverte à propos de ceux qui fabriquent l’info traite aujourd’hui d’un Improbable : Antoine Lumière, le père. Car il n’est absolument pas connu en tant qu’homme de presse !
2, rue du Parc à Annemasse, une plaque dédicatoire attire l’attention :
« Cette maison et cette imprimerie ont été construites en 1898
Par Antoine LUMIERE, le père de Louis et Auguste
Qui inventèrent le cinéma en 1895 .
Antoine LUMIERE fut à l’origine de la création
Du journal républicain et laïque « Le Progrès de la Haute-Savoie ».
Il installa comme directeur un maître imprimeur Pierre GRANCHAMP
qui publia le 1er numéro de ce journal le 26 mars 1898
et racheta l’imprimerie et la maison en 1909.
Albert GRANCHAMP son fils, puis Pierre GRANCHAMP son petit-fils
poursuivirent jusqu’en 1976 la publication du « Progrès de la Haute-Savoie »
dont la parution avait été suspendue sous Vichy.
C’est également ici que furent imprimés clandestinement
des numéros du journal de la Résistance Combat. »
Le 18 novembre 1995.
On apprend que celui qui …"inventa" ceux qui …inventèrent le cinéma, à savoir Antoine père de Louis et Auguste, fondait un journal haut-savoyard en 1898 dans la mouvance des libres-penseurs. Il a soigneusement choisi de revendre l'hebdomadaire radical (la maison, le jardin etc.) à Pierre Granchamp.
Surprenant car même sa page wikipedia est muette sur cette création d'un imprimé. Mieux: l'Institut Lumière de Lyon n'était pas informé (lire, en bas)
Ceci dit, que le peintre et photographe franc-comtois d’origine ait voulu créer un média papier n’est pas si surprenant. Un journal se doit d’une bonne dose d’illustrations (dessins, photos...) autour d’un texte.
En 1898 tout comme en 2013.
Comme il fait bon d'être curieux et de lever le nez pour lire les plaques de rue...
Sylvie Neidinger
Villa Lumière Musée à Lyon. Palais Lumière à Evian.
Institut Lumière, Lyon
Ici un extrait d'actualité du village de Pers-Jussy qui décrit la presse locale à l'époque :""En 1914, Pers-Jussy est une commune totalement axée sur l'agriculture. Environ 75% des chefs de familles sont agriculteurs. Beaucoup ne possèdent que quelques vaches. On n'achète que les denrées que l'on ne peut pas produire. Les jeunes sont tentés de partir, définitivement ou non, pour aller gagner leur vie en ville (à Genève surtout).(...)En 1914, il n'y a évidemment ni radio ni télévision. Les nouvelles du monde extérieur arrivent par les hebdomadaires auxquels certains sont abonnés. Deux sont très marqués politiquement : "La Croix de la Haute-Savoie", proche de la hiérarchie catholique, et "Le Progrès de la Haute-Savoie" qui appartient au camp "d'en face". Deux autres, "Le Messager agricole" (ancêtre du "Messager" actuel) et "Le Cultivateur savoyard", affectent une certaine neutralité. On lit aussi "Le Rochois" qui donne des informations plus locales. Mais c'est surtout à la fruitière, au café, au marché de La Roche et éventuellement aux enterrements qu'on apprend les nouvelles."
SUIVI SUITE A PUBLICATION:ANTOINE LUMIERE ET GENEVE
*A l'Institut Lumière de Lyon, appelé dans la foulée, l'activité de presse d'Antoine était méconnue. En tous cas aux interlocuteurs de ce jour là.
*Reste à découvrir pourquoi Antoine Lumière s'intéresse précisément à la zone genevoise: une imprimerie à Annemasse et achat de ce qui va devenir le Palais Lumière à Evian. Enquête non close...
*Un livre consacré à l'histoire d'Annemasse par Guy Gavard donne un début d'explication :" Grâce à ses relations maçonniques à Genève, on choix se porte sur Pierre Grandchamp maître imprimeur à Genève au journal le Genevois". Genève, la maçonnerie : pistes à suivre!
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