Désolée pour le caractère perso de la note mais la thématique est générale.
Hier 29 je me rendais vers un "boutduborddulac" qui m'était inconnu, celui d'Yvoire pour la très intéressante expo Défilé alpin Mode et Montagne du XIXème à nos jours juste avant qu'elle ne ferme au 31 octobre.
En mode écolo-économique-développement durable. Donc programme: train+vélo (en tout état de cause, les transports publics pour se rendre à Yvoire sont presque inexistants)
Sur mappy: arriver en gare de Perrignier, traverser une forêt, arriver à Sciez puis longer le lac aux eaux sublimes du côté d'un rivage au nom imprononçable Excenevex puis Domaine la Rovorée (Yvoire).
Une quinzaine de kms, trente aller retour: jouable.
Y aller ou pas?
La dernière fois que j'avais roulé sur une départementale en bicyclette remonte à l'adolescence, un bail...Choix d'essayer à nouveau.
Problème: le trajet réel fut immédiatement inquiétant. Sur ces routes souvent larges et droites, donc magnifiques, les véhicules roulent à la vitesse autorisée souvent 90km /h.
Voitures et camions, surtout si rien ne vient en face, doublent donc à cette vitesse juste en se déportant un peu à gauche.
Et frôlent le cycliste à un mètre à peine ...à 90 km/h, voire moins (80,70..) s'ils sont prudents. Mais cela fait encore beaucoup.
ROULETTE RUSSE
Quelle inquiétude d'entendre arriver un engin mobile et de se dire à chaque fois: j'espère que le conducteur est bien là, qu'il ne regarde pas sur sa gauche ou son portable.
Tension...alors que la route était bucolique: arbres et champs puis sublimes vues sur le lac.
Sentiment de mettre sa propre sécurité dans les mains d'inconnus dont on ne peut préjuger du comportement. Roulette russe.
La cycliste que j'étais se tenait le plus à droite possible sans embardée évidemment dans la stricte attitude du "partage de route" et sans atteinte au code de la route.
Bien à la droite de la chaussée également en pleine ville à Sciez. Pourtant dans cette agglomération, une automobiliste (une "furieuse" au sens hoolywoodien du terme des Furious, à la "orange mécanique") descend sa vitre et hurle que je dois rouler sur le ...trottoir. Sympa! L'idéal évidemment est la piste cyclable quand elle existe.
Sur ce trajet de bord de Léman, je traverse par deux fois des chantiers routiers, des travaux en cours dont les panneaux annoncent des aménagements d'une vélo route que le département 74 t les collectivités locales mettent en place.
Enfin à destination, je fais part aux chargées d'accueil du lieu culturel La Rovorée de cette difficulté vécue à avoir "testé" le mode de transport vélo sur route normale.
Par le plus grand des hasards, arrive sur ces lieux une employée, visiblement en retard. " Il vient d'y avoir un gravissime accident, dit-elle- il y a 10mn: une cycliste renversée".
Exactement là où j'étais 10 mn avant. Sur la vélo route dit " internationale" et "verte".
Toutes mes intuitions n'étaient pas vaines. La roulette russe est bien tombée... sur une autre cycliste.
Cette dame inconnue touchée, fauchée, c'est nous tous en fait. Tous ceux qui prennent le vélo sur route ordinaire.
VELO ROUTE INTERNATIONALE
Renseignements pris, cette voie est bien dédiée au vélo mais "en partage": un peu ambigu comme programme..!
Elle se nomme la Vélo route du Sud Léman. Elle est à caractère international, car se connectant à la Suisse pour un futur tour complet du lac. Donc connectée au Valais.
"La véloroute du Sud Léman est en cours de réalisation et s’étendra sur environ 80 km. Elle a pour vocation de prolonger l’itinéraire du Léman à la mer par la rive sud du Lac Léman et rejoindre la Route du Rhône Suisse dans le Valais
Un tel itinéraire à pour ambition de proposer un bouclage du tour du lac Léman certes, mais surtout un grande véloroute internationale le long du Fleuve Rhône (de sa source en Suisse jusqu’à la méditerranée) Celle-ci pourrai faire l’objet d’une inscription au Schéma des véloroutes européen Eurovélo.
Je m'intéresse à cette vélo route et son aménageur qui indique sur site évidemment sa non responsabilité:
"Vous vous engagez sur ces parcours sous votre propre responsabilité. Les collectivités et voiesvertes.com ne peuvent être tenus responsables des accidents qui pourraient survenir sur les itinéraires décrits dans ces pages. Bonne balade à tous."
Cette phrase est exacte: le CG74 investit et améliore le réseau. Il ne peut gérer les comportements individuels comme ici, dans l'accident, celui du premier chauffeur qui aurait évité le vélo en toute dernière minute, le second véhicule derrière n'ayant pas pu éviter lui car n'ayant rien vu, son champ visuel étant pris par la première voiture.
Tout au plus l'aménageur public peut-il faire un affichage spécifique signalant spécifiquement une mixité vélo/route ?
Et tout de même, gérer ce problème de communication majeur? Signaler que ces routes ne sont pas dédiées au cyclotourisme pur car elles sont, en réel hyper fréquentées par voitures et camions.
A savoir le Chablais, enclavé, souffre de ses routes. Il y manque une voie rapide.
De tout cela, je ne tire aucune conclusion à caractère général. Et très certainement aucune contre l'opérateur public qui investit pour améliorer les routes, pour tenter de rendre les paysages de bord de lac faciles aux cyclos. Juste suggérer de faire attention à la communication sur la réalité de la densité et nature de la circulation.
Une conclusion à titre privé toutefois : mon auto-promesse de ne jamais plus emprunter un vélo sur voie publique nulle part. Et pas spécialement en bord de lac !
Donc plus jamais en mode écolo-économique-développement durable.
Juste garder l'aspect vélo loisir. Mais alors il faut aller le chercher le long de pistes cyclables spécifiques si elles existent.
Comme sur les anciens chemins de halage (Rhône, Isère et autres fleuves) garantis hors circulation moteur. Car c'est bien en proximité du mode fluvial que la bicyclette trouve sa sécurité maximale.
Historiquement, les bords du Léman n'étaient pas concernés par le halage. Le lac étant traversé toutes voiles dehors par de vrais coursiers rapides. Les chemins spécifiques n'existent pas.
Il faut donc faire avec la mixité si l'on veut malgré tout jouer à la roulette russe sur les routes bucoliques dites vertes (!!) ou noires. Cela se nomme le vélo maso.
Sylvie Neidinger
*Où rouler dans le "grand grand Genève"? Nombreux venant de Suisse ou France s'arrêtent en gare de Bellegarde (Ain) et suivent les voies de halage du Rhône à bicyclette.