Cette Blog-Série n°10 sur le thème Pulsion de Genevie: la FEMME a "bizarrement" démarré, coté féminisme s’entend.
Je m'aperçois avoir choisi dans les premiers articles des représentations féminines toutes issues de …l’imaginaire masculin. Du très classique normé, normalisé !
Exemples avec Gen'Eve de Henri König, l'avenir de Genève selon Peter Knapp et les mystérieuses oniriques aux cheveux rouges de Bruno Toffano....
Il est donc urgent à ce stade d’évoquer l’ouvrage publié en avril 2012 par Barbara Polla Tout à fait femme et ses questionnements sur le thème.
Parallèlement à la conquête par les femmes d'espaces masculins - comme elle le fit elle même, lire ici sa biographie- la célèbre genevoise milite entre autres, pour une meilleure visibilité du corps masculin.
Voire de sa nudité érectile, face à la pléthore de représentations féminines par des hommes.
Elle milite pour cette égalité là, celle de l'image, fondamentale à ses yeux.
Changer le regard pour mieux changer le monde...
Pleine d’humour, la dame ne cache pas le grand intérêt qu'elle portait à la statuaire gréco-romaine dans ses années scolaires ni pour l’art contemporain aujourd’hui.
Elle a déjà exposé l'homme en gloire dans sa propre galerie. Entre autres happenings.
Avec Barbara Polla l'homme n'est pas un ennemi !
Il est bien l'autre pôle du GPS, ce Grand Plan Social génétique. Quand Dame nature "ordonne" de nous aimer pour perpétuer l'espèce...
Le GPS qu'Axel Kahn -son préfacier- tente justement de défricher comme généticien.
De facto, nous sommes conviés fermement à nous désirer !
L'auteur le rappelle. Elle nomme « étoiles » les testicules (p 59) ou encore en page 78 « il faut reconnaitre à l’homme sa magie qui nous comble, la beauté de l’érection, la magnificence du lait de vie »
Comme cela est bien dit.
CETTE INCLASSABLE, FONDAMENTALEMENT... MEDECIN
Barbara Polla est une intellectuelle genevoise qui compte.Totalement inclassable. Et c’est fort heureux. Qui peut la ranger dans une case ? Qui ose ranger les êtres humains dans des cases ?
Vous la croyez chercheur en médecine à l’Inserm, Paris ? Elle est galeriste, écrivain, un peu business woman sur les bords sans oublier les années de Députation à Berne, conférencière aussi.
Toujours en mouvement. Parfaite insaisissable.
Un don certain pour l’ubiquité. Une pluri spatio-temporelle qui a trouvé comment vivre plusieurs vies.
[Attention ! Dire "qu'elle peut se le permettre, son univers étant privilégié" n'a aucun sens car toutes les femmes même socialement favorisées ne sont pas à la fois chercheuse, galeriste, femme politique etc.]
La "BP" du "GPS" est bien la créative de son devenir en réflexion perpétuelle sur le vivre ensemble des deux piliers de l’espèce humaine. Tout à fait femme et puis Tout à fait homme.
En fait une réflexion pure du médecin qu’elle est fondamentalement.
Une chercheuse de nos accointances avec l’autre sexe qu’elle n’apprécie pas d’opposer mais de rapprocher si possible !
Tout en suggérant à la femme de s'éloigner des notions conjointes de "protection" et de "possession" (protection d'un mari, protection de posséder son logement, principal, secondaire, possession de l'Autre par la fidélité qu'elle fait exploser... à coups de traits de plumes)
ELLE DENONCE LES EFFETS PERVERS DES BONNES INTENTIONS POLITIQUES
La genevoise ne parle pas le « politiquement correct hypocrite »
Elle a la dent dure contre les lois sociales qui surprotègent la femme, qui, de fait, la privent de toutes ses libertés (p 116)
Protection contre autonomie. En Suisse comme en France où « les lois de protection pullulent » et coûtent tout simplement le prix de la liberté de la femme selon elle.
On valide à 100% ! Car bizarrement, pour ne plus voir un mari "imposer sa loi" impérativement, les services des Etats agissent ...en son nom à elle.
Telle cette loi votée au Parlement Suisse de poursuite conjugale systématique que Barbara apprécie peu. La société estime que si la femme ne porte pas plainte contre une violence, c’est juste parce qu’elle a peur ou pas le courage. "On" porte alors plainte à sa place ! De fait « on » se substitue à elle.
Barbara Polla dénonce tout autant les stéréotypes du nouveau féminisme, les excès de celles qui là encore enferment la femme dans un process victimaire.
Elle ne partage pas toutes les lubies du féminisme dit "post-porno"
Ni les combats de la tendance artistique "trasho-féministe" qui présente systématiquement la femme en "victime" avec des corps violés, ensanglantés, prostitués, dépecés (p108)
UNE GENEVOISE QUI COMPTE
La pensée de Barbara Polla compte, comptera pour l’histoire du féminisme.
Mais sur ses chemins à elle, pas forcément ceux du "féministement correct".
Elle suggère et invite la femme à prendre à bras le corps sa créativité, sa liberté.
[Précision déontologique importante: elle dit évoquer la femme de sa culture, celle qu'elle connait]
Elle donne à réfléchir. Ses ouvrages fourmillent de références et s’accompagnent des bibliographies fournies.
Le #BlogNeidinger avait depuis longtemps ouvert une rubrique Barbara Polla -sans lui demander son avis d’ailleurs-tellement son approche complexe semble pertinente.
Complexe tout comme la réalité du monde est plurielle, nuancée, compliquée...
Madame Polla porte ses paradoxes avec un "tant pis" ultra pragmatique. Par exemple, cette anti-mariage viscérale (car le mariage serait anti séductif et possessif) a pourtant cédé sur ce point et même volontairement pris le nom de son époux "pour que ses filles portent toutes le même nom" .
Intéressante réflexion à suivre: la genevoise se positionne sur les identités des deux genres sans être a priori la blackbloks d’un féminisme violemment premier degré. Celui qui balance des pavés dans les vitrines masculines au point de faire dire à Michel Audiard ( p65) « Ah vous les femmes… vous voulez un lion et quand vous l’avez-vous en faites une descente de lit » … !
HORS CASE, HORS CAGE, HORS NORME... ELLE MEME!
Révolutionnaire à sa manière, elle repousse les murs…. de l’intérieur, avec douceur, féminité, son sourire désarmant et une volonté impérative.
Tous les murs. Ceux de la science pour mieux comprendre ce qui nous allergise de l'intérieur, les murs des prisons, ceux de "l’appartement du couple marié"(visiblement sa hantise!) ceux de sa maison d'enfance aussi. A l’âge de trois ans elle fut retrouvée in extremis par une amie de sa mère en ville, hors des grilles de la propriété familiale de Chêne-Bougerie. Elle partait déjà tester d’autres univers.
Révolutionnaire du visuel comme galeriste. C’est par le regard, le graphisme, les œuvres d’arts qu’elle bouscule aujourd’hui. Avec les parois de sa galerie d’art, souvent expérimentales, elle pousse le bouchon toujours plus loin...
Par son exemple de vie aussi, puisqu’elle a confié à son mari le soin d’élever sa progéniture (quatre filles tout de même) pour pouvoir suivre sa carrière de chercheuse expatriée. Un choix pas si évident qui suppose sacrifice: avoir sacrifié sa quotidienneté de mère.
HOMMES INTIMIDES SELON AXEL KAHN !
Elle semble laisser pantois les hommes qui peuvent ne pas comprendre le bonheur de l’enfantement, de l’allaitement;
Ce qui fait dire au généticien Axel Kahn dans sa préface amicale combien la femme de Barbara est intimidante et surprenante pour ses semblables masculins…
Son réalisme cru peut en effet gêner l'autre sexe. Exemple en page 75, Barbara Polla à propos de l'acte sexuel: " L'homme pénètre par effraction avec son arme à feu et de plaisir. La femme elle, absorbe, prend, dérobe et dévore et laisse son partenaire (et non adversaire) pantois sans munition. Quelle est la plus grand violence, celle de la pénétration ou celle de l'absoption ??"
Un peu mante religieuse sur les bords, la dame...Du grec "mantis= prophétesse": religion de l'amour-combat. Femelle vorace qui croque l'amant alors parfaitement absorbé !
La "Tout à fait Femme Barbarapollienne " est surtout une super héritière (p23) en lignée... mitochondriale: « nous héritons à la naissance, nous autres filles du privilège futur d’être mère. De mère en fille depuis la nuit des temps »
"De mère en fille": le fil conducteur des ressorts les plus cachés de l’auteur !
TOUT A FAIT FILLE !
Le lien à sa génitrice transparait clairement dans son ouvrage avec beaucoup de tendresse. Au point de se demander si Barbara ne s'est pas débarrassée des déterminismes classiques qui lui pesaient ( éducation des enfants, ménage...) sur la base d'un hyper- supra déterminisme...maternel qui la pilote paradoxalement en direction de la libération féministe.
Que répare Barbara, quelle cicatrice familiale soigne-t-elle donc?
Page 57 " ma mère qui avait pourtant obtenu une bourse pour aller peindre à Paris avait renoncé à l'époque parce qu'il fallait faire une petite soeur pour moi grand frère, moi donc".
En allant vivre seule à Paris pour ne pas renoncer à sa carrière malgré ses charges de familles, Barbara, génération suivante, a réparé en partie le destin contrarié d'artiste de sa Maman, Anne-Marie Imhoof, peintre (p103).
Barbara de facto est totalement engluée dans le déterminisme d'Amour de celle qui la fit naître et qui lui a inculqué les valeurs de la liberté de la femme !
Elle a finalement porté le.... désir personnel de sa mère.
Certes par choix de correspondre au choix qui lui est doucement intimé.
Avec Barbara Polla pour devenir TOUT A FAIT FEMME il faut commencer par être ...TOUT A FAIT FILLE !
Sylvie Neidinger
Blog-Série n°10 Pulsion de Genevie la FEMME du #BlogNeidinger
1-Femme à Genève
2-Gen'Eve
3-Anecdote sur les rayures de "L'Avenir de Genève"
4-Bruno Toffano, photographe de la Femme Onirique
5-Robert Montgomery pour la Saint Valentin de Barbara
6-Genève: 10 000 roses pour une Valentine
7-Madame le Sautier du Grand Conseil
8- Something Devine: femme rock flamboyante
9-Je suis nombreuse
10-Margy Kinmonth révèle son film sur le célébrissime Ermitage
11-Henriette d'Angeville, pionnière du Mont Blanc, première alpiniste
12-Tout à fait femme
13-Où sont les femmes...en musique?
et aussi la RUBRIQUE BARBARA #POLLA