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big brother

  • Moocs: attention au prix et à la confidentialité !

    Les Massives Open Online Courses, moocs sont un nouveau mode d'apprendre.

    Un savoir qui se sert là où vous êtes et à l'heure que vous voulez.

    Qui réclame de 3 à 10 heures d'attention par semaine, pas plus.

    Une  certification peut même être distribuée en fin de parcours en cas de succès aux exercices de validation. Certification validée acceptée sur votre profil LinkedIn, ensuite.

    Toutes les Universités se positionnent sur ce secteur d'avenir. Et pas seulement. Car le marché est juteux. De multiples opérateurs s'y frottent.

    Etre certifié d'un mooc Harvard par exemple, cela en jette....

    Dans  l'univers presque parfait  des moocs, je détecte toutefois deux bémols: le prix, la confidentialité.

    Alors que les cours sont annoncés comme étant gratuits, en réalité il faut souvent  payer pour finir..

    Si l'on prend les moocs Rue89 [spécialisés en formations ou mises à niveaux sur des évolutions du métier fort intéressantes autour du journalisme] il faut payer 60 euros pour avoir accès  au questionnaire final et recevoir une certification.

    Ce n'est pas un montant excessif à vrai dire mais bien trop important pour un produit annoncé comme... gratuit.

    Certes, le concepteur d'un mooc doit évidemment rentrer dans ses frais de conception, de support technique, de réalisation,d'hébergement sur plateforme à rémunérer.. Tout de même l'ensemble  est bien amorti au deuxième passage....

                           CORRECTION PAR LES PAIRS SANS CONFIDENTIALITE

    Dans cet univers pédagogique  nouveau  et qui va monter en puissance (....comme c'est pratique de recevoir le savoir sur son pc ou  sa tablette, quand on en a envie !) un autre point noir surgit.

    Les questionnaires certificatoires nécessitent souvent  de "donner de sa personne" c'est à dire de puiser de son expérience pour répondre.

    Or contrairement à un enseignement classique corrigé par un ou deux  correcteurs pédagogues, ici les corrections sont des inter-corrections numérisées.

    C'est obligatoire en raison du côté massif du genre. Si le mooc a réuni sur sa plate forme 10000 réponses, personne ne peut gérer ce flux de 10 000 copies  !

    D'où l'idée de la correction en ligne par les pairs: pour être corrigé vous devez vous, corriger trois personnes minimum.

    Mais qui ont ces "pairs", finalement ?

    En réalité votre  réponse personnalisée  part ...Et vous ne savez  pas où !!!????

    Peut être même serait-elle publiée un jour  car n'importe quel correcteur (ou robot ?) peut la garder, l'enregistrer.

    Il n'y a pas mort d'homme évidemment. Mais juste ici le signalement du fait que avant tout, un mooc est  un cours numérique et que le produit peut se diffuser, échapper,suivre des voies imprévisibles.....Comme tout ce qui est  "on line" !

    "Big brother" vient mettre son nez jusque dans vos apprentissages depuis votre IP perso et adresse courriel.
    Il faut juste en être conscient !

                                                                              Sylvie Neidinger

  • Locale française délocalisée à Tunis, journalisme en question

    Les voitures, cela se fabrique de plus en plus hors du pays consommateur, le textile idem. La facturation peut être générée au Mexique ou en Chine. Des services complets d'informatique  passent de l'Europe à l'Inde. La délocalisation est désormais  une variable du jeu économique.

    Et cela continue dans des secteurs jusqu'alors non touchés...

    Un article du blog Big Brother du Monde en  signale un nouveau type. La rédaction en Tunisie d'articles d'information...locale française. Inédit.

    Certes, précision importante sur le statut. Le média en question n'appartient pas à la famille  de  la presse (avec numéro de commission paritaire) C'est une régie publicitaire qui habille d'infos ses petites annonces.

    La fonction du rédactionnel étant dans ce cas non pas une  matière première mais un  pot de confiture. A savoir un  habillage pour attirer,  inciter le lecteur à se rendre sur le web pour lire les PA.

    Avec comme producteurs en Tunisie, des salariés payés 300 euros par mois pour 10 à 15 articles par jour. Stakhanovisme.

    Leurs sources? 

    La PQR, les tv régionales,  "20 minutes", des  newsletters  institutionnelles, lettres de Conseils Généraux etc.

    Pour ré-écrire une info de locale sur Lyon, Toulouse ou Bordeaux. Bientôt Caen, Nice et Paris.

    Parasite, elle tire sa substance par reprise d'infos déjà parues chez d'autres. Ce qui n'est pas illégal.

    Cela pose problème tout de même :

    1-La régie publicitaire s'appuie sur le travail d'autres  médias qui eux, ont fait leur boulot basique à savoir RECHERCHER, VERIFIER LES INFORMATIONS.

    2-Quid de la fraîcheur et de l'intérêt?

    3-Faire travailler des Tunisiens  "comme des esclaves" dit l'article

    Le plus surprenant est la promotion sans complexe  de cette délocalisation d'info locale sur le site web de l'Ambassade de France à Tunis !!!ambassade.GIF

    Une brèche est ouverte.

    La question va se poser quand les journaux de presse, écrits et/ou digitaux, vont eux aussi délocaliser.

    Cela commence à se produire sous une autre forme : la mutualisation.

    Comme le pratique Ebra . Ce  Groupe de presse propriété du Crédit Mutuel fait diffuser le même article    dans chacun de ses journaux de PQR: Dauphiné Libéré, DNA...

    Economie de journalistes.

    Photocopie de l'info très, très loin  de ce qui fait le coeur du métier, l'interêt du lecteur/auditeur: la recherche de données  neuves, de terrain et originales.

    L'INFO-PHOTOCOPIE

    Acrimed, l'Observatoire critique des médias évoque cette mutualisation.

    Qui est victime de ces économies industrielles en marche ? Certes, celui qui recoit l'info-photocopie.

    Mais surtout la profession des émetteurs d'infos. 

    A la question télévisuelle posée  à un responsable national de Pôle Emploi en octobre 2012 : "quelle est le métier le plus en crise économique" La réponse  fut sans hésitation "les journalistes : trop de monde pour trop peu d'annonces".

    Une partie du problème s'explique par la pléthore de  formations presse. Bien au delà des besoins. (d'autant qu'on peut aussi intégrer ce métier  sans école)

    Il fait rêver, certes.  Des instituts de formation opèrent dans toutes les régions de France. La seule ville de Grenoble accueille deux écoles. Deux années d'études  intégrées le plus souvent après un bac + 2, +3 voire plus.

    Et  là une certaine hypocrisie générale doit être signalée. L'existence du nombre trop important d'organismes  de formation n'est- elle pas en place pour fournir aux médias des armées de....stagiaires gratuits ????

    Je peux en témoigner. Cela date un peu.  Des stages- écoles vécus sur le terrain en réel en fonction pro: 3 mois de conduite de nuit pour une grande radio parisienne, 3 mois de PQR, 3 de médias nationaux etc.

    Tout bénéfice pour  les entreprises de presse qui n'ont qu'à lire les CV et trier des cohortes de stylos ou souris gratuits super honorés d'avoir été sélectionnés.

    Normalement au bout d'un tel parcours, il y avait de l'emploi. Pour les nouvelles générations : le vide, la précarité.

    Le mouvement s'accélère avec ce nouveau type de délocalisation-parasite ( car en ré-écriture de données) comme le cas tunisien ou celui  des articles passe-partout, mutualisés entre plusieurs supports de groupes de presse. Car Ebra n'est pas le seul à réduire ses coûts de production de la sorte.

    On observe également que le passage du papier au web 2.0  voit une stricte diminution des rémunérations. Avec même une tendance vers le "carrément non payé"

    Anecdote véridique  vécue il y  a 8 ans avec le rédac chef d' une net-rédaction. Il proposait du travail mais non rémunéré- une habitude visiblement.

    Devant mon étonnement, sa réponse fut extraordinaire:" cela serait trop injuste vis à vis de tous nos autres collaborateurs externes que nous ne rémunérons pas non plus. Votre intérêt sera de voir votre signature dans notre publication. C'est une magnifique carte de visite

    Bigre. Net refus  évidemment.

    En réfléchissant, en Tunisie au moins, les rédacteurs délocalisés de la régie publicitaire française  gagnent 300 euros par mois !

                                                                                                                    Sylvie Neidinger