Présentez armes !
A l’heure de l’inauguration mercredi 30 avril de la 28ème édition, les Vieux-Grenadiers en tenue d’apparat entraînaient dans leur sillage les officiels dont la Présidente Isabelle Falconnier.
Périple qui démarre non loin du Baobab, Totem du Salon Africain visible de partout. Proche du stand de la RTS où les tablettes numériques attendent le chaland, outils plats, gros de leurs milliards d’octets cachés dans leurs entrailles. Pouvant archiver non pas des kilos-octets ni des hectolitres, mais des giga-tonnes!
Ere de l’écrit …électrique.
Toutefois l’écrit…végétal n’a pas dit son dernier mot.
La vénérable imprimerie « à l’ancienne » sur papier, -elle-même de bois- se permettait même des caprices de star au salon. Toute bichonnée par l’Association Gutenberg (EBLC Chailly-Montreux)
Un peu plus loin, rencontre avec les hommes de presse qui publient Le Courrier de Genève. Un dinosaure soutenu par son lectorat. Première édition: le 5 janvier 1868. Il se présente comme « un quotidien d'information et d'opinion, humaniste et progressiste, lié à aucun parti politique, syndicat ou association; un journal engagé, mais non partisan; un journal indépendant qui s'efforce de pratiquer un journalisme sans concession ni compromis. » Un tyrannosaurus, je vous dis! Qui se bat pour la survie de l’espèce, papier et désormais web comme il se doit.
A quelques pas, le catalan Josep Bosch, qui fut journaliste, expose sa collection particulière de journaux anciens sauvés de la destruction autour de la thématique de la guerre. Centenaire 1ère guerre mondiale oblige ? Pourquoi le choix de ces montagnes de palettes?
Il me donne deux raisons. Raison pratique : l’expo thématique va voyager. La palette est un produit universel facilement disponible pour remonter la scène en tous lieux (malin question logistique!). Raison théorique: il recréé ainsi une sorte de …tranchée de guerre. Cela fonctionne : on se sent coupé du temps présent, en immersion ![ à propo, ne jetez pas vos anciens journaux!]
A côté de ce panorama de la presse…antique de 14-18, le petit stand des Editions Glyphe (Paris) présentes pour la toute première fois à Genève par leur secteur de la "publication à compte d’auteur" (avec isbn : c’est du sérieux!) En direction des particuliers ou associations qui ont quelque chose à …écrire, des traces de vies à formaliser.
EDITEUR: PROFESSION COURAGEUSE
Au Salon de Genève, les libraires et distributeurs ont réservé des périmètres impressionnants, colorés, attractifs.
Mais c’est aux éditeurs que je rends visite. Aux purs et durs qui engagent leurs finances dans les choix éditoriaux. Les courageux. Ceux sans qui le livre n’existe pas.
- Mes favoris tout d’abord parce qu’ils m’aident à comprendre la Suisse par son histoire: Eric Caboussat et tous les éclairages historiques de Cabédita…Il avait réuni pas moins de quatre écrivains sur son stand ce jour là dont George Pop pour son ouvrage qui se vend bien au titre dans l'air du temps:"Les Français ne sont pas Suisses". Et vice versa d'ailleurs !
Un peu plus loin l'univers BD avec Alain-Jacques Tornare et Bob Garcia (pour Penthes.)
Sans oublier le genevois Slatkine.
Chez l’éditeur spécialiste des réalités sociales Editions d’En Bas, Lausanne, on me signale avec passion « Une goutte de splendeur » chronique de la vie d'un enseignant, du tessinois Fabio Pusterla. "Un petit bijou"... Quand le professeur saisit pile l’instant où l’adolescent entre dans l’acte de lire: une réflexion opportune sur le rôle de l’école.
Alors cet ouvrage devient peut être le plus important du Salon...
Car l’avenir du monde de l'Edition appartient-il à l'électricité ou au papier ?? Entre Androids et autres tablettes ou bons vieux livres dont on tourne les pages….Derrière les choix individuels des actuels scolaires, des enjeux économiques majeurs de "l'industrie du Livre". Putatifs et prospectifs!
Le Salon 2014 avait bien identifié les Pôles thématiques : la Scène Suisse, la Scène du crime, la Place du Moi, l’Apostrophe, la BD, la Jeune Photographie Suisse et son sol photo marbré sur lequel nous étions autorisés à marcher…
Près de la Scène Suisse, rencontre impromptue avec une sacrée valaisanne: Germaine Cousin Zermatten et son sourire. Un tempérament, cette mamie. Souvent invitée sur les plateaux car un « bon client » comme on dit en télévision. Ses remèdes de Grand-mère sont son combat. Motivation juste au sens où elle ne prétend pas guérir par les plantes mais donner les recettes de prévention qu’elle tient de la tradition orale de sa vallée d’Hérens. Souvent à base de végétaux ou d'essences. Son positionnement invalide de facto ceux qui dans le passé la jugeaient illuminée. Elle mérite au contraire grand respect pour avoir récolté puis transmis un savoir pluri-centenaire alpin qui allait se perdre. Dame d’un contact simple et abordable dont la pleine forme physique et intellectuelle valide la démarche. Elle me confie avoir 91 ans et 15 ans de projets devant elle au minimum dont une Fondation. Business woman en plus, la butineuse d'alpages !
LE JAPON EN LIGNE ELEGANTE
Le 28ème Salon du Livre et de la Presse de Genève n’a pas de fin.
Dix tablettes connectées ne pourraient épuiser tout ce qui pouvait être dit, entre les remises de prix, les éditeurs que je n’ai pu visiter sur stand, les discussions possibles avec les écrivains, définitivement perdues…
Alors je suis allée vers l’invité d’honneur, le Japon qui fête les 150 ans de relations diplomatiques suisso-nippones.
Sublime lieu clair, fleuri, à la ligne épurée, élégant.
Vite! Découvrir les auteurs du Pays du Soleil Levant.
Surtout ceux dont l’écriture est à l’image du stand, une écriture épurée, "design" qui retient de la réalité uniquement l’essentiel.
Le reste n’étant que paroles inutiles envolées.
Aligato.
Sylvie Neidinger
Crédits photos ©Sylvie Neidinger