Rubrique Miroir de l'Urbain. Graph' N°10. Lieu: Boulevard Helvétique, sous le pont Charles-Galland
Miroir de l'Urbain traite des graphs qui peuvent se rencontrer au hasard des murs de Ville.
Pour comprendre leur histoire, leur statut, leur sens, leur rôle entre éphémère et permanent, révolte et acceptation.
Pour la première fois, cette rubrique s'occupe d'un ...bus. Il attire l'oeil. Il est bizarre. Car n'en est plus vraiment un. Une chimère, plutôt.
A la fois bus immobile et local urbain.
Un drôle de véhicule échoué. Mais socialement accepté en l'état au coeur de la Genève chic du boulevard Helvétique: une cohabitation intéressante à décrypter.
Etonnant contraste entre les pierres de tailles de belle allure du quartier et le bus épave, non immatriculé. Il ne dérange personne. Très peu visible des voitures qui passent presque sans le voir. Car caché dans un interstice urbain, sous l'ombre d'un pont.
Il est très tagué, surtout coté ...piétons.
Ses graphs ne donnent pas dans l'esthétique. Plutôt dans la rage. Fureur de vivre. Comme des ratures. Une volonté d'effacer. Du trash. Du dur. De la révolte.
En s'approchant, on comprend qu'il est espace social puisqu'une affiche annonce qu'il accueille les permanences d'une association: Aspasie, liée à la "prévention de nuit".
On lit : "trouver réponse sur la prostitution/santé/droit/insécurité/consommation de drogue/MST/se détendre/se réchauffer/faire une pose/parler avec quelqu'un/se refaire une beauté/prendre du matériel de prévention"
C'est le bus de l'attente.
Attente de l'arrivée des oiseaux de nuit par les membres de cette association, très certainement.
Population de nuit visiblement en interstice social autour de la drogue et la prostitution. Elle même en attente de vie meilleure. D'une "beauté" qu'il faut refaire.
Peut être en panne aussi?
Tout comme le bus. Qui ne roule plus. Vie de chien. No futur. Présent difficile.
Alors, un signe devient très significatif: observer les roues du véhicule. Elles ont été spécifiquement marquées d'orange fluo.
Le tagueur souligne ainsi l' Impasse immobile dans laquelle se trouve ce bus.
A l'image de l' Impasse probable de ceux ou celles à qui ce "local"public urbain d'un genre nouveau donne aide.
Toit très très provisoire, comme ultime assistance sociale pour le monde de la nuit underground.
Vies taguées, en stand by...
Sylvie Neidinger