Les objets, rien de tel pour retrouver la mémoire des hommes !
Penthes accueille jusqu’au 20 septembre prochain de précieux reliquats de la culture arménienne que la famille Kalfayan avait amoureusement et compulsivement glanés.
Et continue encore à la génération suivante, depuis Londres, Athènes ou Thessalonique.
Garabed et Anahid, parents initiateurs, ont tenu à rechercher, rassembler, retrouver, découvrir partout dans le monde, du petit marché de brocante installé à Miami aux galeries, ces biens divers, des œuvres d’art, objets de culte jusqu’ à une basique assiette usuelle.
Comme pour reconstruire, recoller, re-scotcher, retrouver, rebâtir l’univers arménien.
Comme pour réunir à nouveau une famille détruite en 1915.
Celle d’une Arménie d’Asie mineure « diasporisée » -oui verbe ici créé pour exprimer cette dispersion humaine et culturelle forcée.
Celle de familles entières « désanatolisées »-oui néologisme ici créé.
Désanatolisées car vaporisées dans les miasmes des vents mauvais de l’histoire, évanouies sur place ou déplacées.
Besoin de forger des mots. Mieux.. des verbes nouveaux pour exprimer l'indicible. On parle de 1,2 millions de morts.
Quand on tient dans la main ces artefacts en 3 D, réels et solides, quand le visiteur les voit dans leur vitrine, il se met en lien direct avec les disparus qui les avaient eux même utilisés.
NIER LES NIEURS POUR SOIGNER L 'AME COMMUNE
Des objets comme preuve tangible de leur existence humaine et leur consistance historique.
Des objets qui nient les nieurs de la présence pluri-millénaire arménienne sur les terres d'Asie mineure sur lesquelles « entre temps » cette population autochtone est devenue poussière.
A défaut de pouvoir faire revivre les personnes disparues, le couple Kalfayan a très tôt songé à sauver de l’oubli et surtout REUNIR ! quelques biens de ces familles entières passées à la moulinette de l’histoire.
Pour recoller les artefacts culturels d’un peuple vidé de sa substance géographique millénaire pile il y a un siècle.
Pour soigner l’âme.
Pour retrouver l'âme, les âmes telles ces boules cultuelles en céramiques si symboliques...
Ou réunir les khachkars apotropaïques.
Pour cicatriser une blessure pas si refermée que cela...
M.Roupen Kalfayan, son frère Arsen et Veronica continuent la quête initiée par leurs parents.
Ils ont mis à disposition du Musée de Penthes environ un tiers de leur collection.
Ils étaient d’ailleurs présents à Genève le jeudi 16 avril dernier pour le vernissage de ces pièces évidemment très orientales.
C’est à dire le « fruit du mélange du savoir-faire arménien, perse, syrien ou byzantin » tel que ne l’indique S.E. Charles Aznavour dans sa préface au document d’expo.
Savoir faire arménien, fruit de cet incroyable Proche-orient si riche de ses diversités originelles.
SALON DU LIVRE DE GENEVE
L’Arménie est également visible au Salon du Livre de Genève avec toutes les informations écrites complémentaires sur toutes les Arménies:
Toutes ? Oui : l'Arménie de l’Etat contemporain, celle historique, celle annihilée, celle mythique et celle réelle dont témoignent les oeuvres exposées à Penthes... sauvées de l'oubli par le sérieux travail de collectionneur de la famille Kalfayan.
Sylvie Neidinger
Suisse Arménie La collection Kalfayan, sur le chemin de la mémoire
Switzerland-Armenia The Kalfyan Collection, on the Path of Memory
Musée des Suisses dans le Monde
Château de Penthes
18, chemin de l’Impératrice
CH-1292 Pregny-Chambésy
Fondation Diran et Charles Philipossian
crédit images/photos Neidinger