penthes
-
Barbara fait entrer Champ-Dollon à Penthes
Barbara Polla est en état de récidive !Commissaire d'expo, elle commet "La prison exposée: Champ-Dollon à Penthes"A voir jusqu'au 31 octobre.Cette démarche genevoise s'inscrit dans un parcours intellectuel suivi.Après sa conférence Art et Prison invitée par Art Jonction en octobre 2014...Après son expo aux Adhémar (Montélimar) et une journée conférence autour de La belle échappée, le jeudi 4 décembre 2014...Désormais Genève.Autour de son action en direction d'une jonction entre l'univers carcéral et l'Art, je la laisse s'exprimer en toute... LIBERTE :"Cette nouvelle exposition sur un thème qui m’est cher — Art & Prison, une manière pour moi d’aborder la question de la liberté — est tout à fait particulière dans la mesure où elle a été réalisée en étroite collaboration avec une prison — celle de Champ-Dollon.Comme l'écrit le Président de la Fondation pour l'Histoire des Suisses dans le Monde, c'est à l'occasion des 40 ans de Champ-Dollon en 2017 et des 40 ans de présence de la Fondation pour l'Histoire des Suisses dans le Monde au Château de Penthes en 2018, que Penthes et Champ-Dollon s'unissent pour présenter cette exposition, "qui traite de la question des droits humains, essentielle au centre de la Genève internationale, et qui nous concerne tous, Suisses ici et dans le Monde ou étrangers en Suisse. Respect de l'autre et acceptation des différences sont au cœur de cette exposition. L'univers carcéral reçoit à travers le regard des sept artistes impliqués et des détenus eux-mêmes un éclairage nouveau."Sylvie NeidingerLien permanent Catégories : G- Genevoise, G-Genève-Barbara #Polla, G-Genève-Penthes, G-GeneVie -
REMBRANDT à Genève avec Jaap Mulders
Le Château de Penthes accueille un ensemble exceptionnel de cent gravures du Maître de Leyde jusqu'au 18 septembre 2016.
Le collectionneur hollandais, Jaap Mulders a voulu partager au bord du Léman la vive passion qu'il éprouve pour un certain Van Rijn, prénommé Rembrandt.
Notamment les oeuvres de son célèbre compatriote qu'il possède, les ayant patiemment réunies depuis 1997....
Cette présentation chez les "Suisses dans le monde "s'inscrit dans le contexte diplomatique spécifique de la fin de la présidence des Pays-Bas de l'UE toute en élégance artistique et au sein de la Genève internationale.
D'où la présence du diplomate néerlandais Roderick van Schreven , en poste à Genève. Un sportif de haut niveau, en toute simplicité cordialed, hyper intéressé par l'expo. Lui même intéressant. Il portait une cravate... orange évidemment.
Cette expo rappelle que la culture est un patrimoine mondial partagé. Et par la même occasion valorise la relation séculaire entre la Suisse et les Pays-Bas.
Le contact entre les deux entités passe certes par le protestantisme comme on peut facilement le souligner mais surtout par un lien immémorial transfrontières: le Rhin, ce fleuve d'ailleurs patronyme de Rembrandt, fils du meunier...van Rijn!
De nombreux helvètes tel Jean-Pierre Saint-Ours se sont largement inspirés des artistes flamands.
L'écrin du musée de Pregny convient parfaitement à ces gravures intimes, de petite taille quelquefois, posées aux murs comme on y exposerait la photo d'un membre de la famille ou celle de sa demeure.
Le Maître de l'Ecole hollandaise en auto-portait, ou Saskia sa femme bien aimée, son chat, les moulins...Du selfie avant l'heure !!
REMBRANDT PHOTOGRAPHE DU XVIIème SIECLE
Japp Mulders présent lors du vernissage le 22 juin dernier (soit il y a un millier d'années car....avant le Brexit!) validait.
Il oriente ses analyses vers cette comparaison avec la photographie. Par l'usage des clairs obscurs. Du noir et blanc, profondeur et perspective. Ou des regards.
Tels les nus féminins réalistes, très atypiques pour l'époque: des corps dans leur réalité, non sublimés ni masqués par des codes.
Ces femmes dévêtues plantent leur regard dans le nôtre, comme surprises sur l'instant: de la photo, je vous dis!
Très novateur pour le XVIIème siècle ce regard féminin direct!
Il y a un "avant" et un "après" Rembrandt quant au traitement du naturel.
"Des siècles avant l'avènement de la photographie, des musées et du tourisme, la gravure était l'unique moyen de toucher une large audience aux quatre coins de l'Europe"
La passion du collectionneur JP Mulders pour Rembrandt s'exprime à fleur de peau.
Le plus ému de nous tous devant les oeuvres était celui qui pourtant les connait dans le moindre recoin...Il ne se lasse pas, en parle avec enthousiasme.
Et le collectionneur de penser à la meilleure visite possible de l'expo. Comme un hôte très à l'aise à Penthes et qui veut favoriser un passage parfait:"une tablette vous donnera toutes les informations sur chaque image et vous permettra de l'agrandir à volonté afin d'en apprécier la finesse des lignes et des détails"
On ressent l'attachement très solide qui relie Jaap Mulders à Rembrandt. Il le représente. Comme un arrière petit-fils?
Rembrandt est assurément parent de tous les néerlandais. De nous tous aussi...
Sylvie Neidinger
En collaboration avec la Fondation Rembrandt Op Reis,
La Mission des Pays-Bas auprès de l'ONU
Retrouver les gravures dans un magnifique catalogue d'expo, Editions Penthes isbn 978-2-33474-692-2:
crédit images photos Neidinger et photos J B Mulders
-
Marcello, femme jusqu'au bout des doigts de sculptrice
Penthes, le musée des Suisses dans le monde n'a pas choisi par hasard la date du 8 mars 2016 pour le vernissage de son expo sur Adèle d'Affry (1836-1879), "suissesse de l'étranger", habituée de la cour de Napoléon III à Compiègne.
Telle une shiva des identités - un classique des femmes! - l'artiste sculpteur, peintre, épistolière décline ses dénominations.
A la fois son nom de naissance helvète d'Affry (de son ancêtre Louis d'Affry, premier landamman de la Suisse) son nom d'épouse hyper prestigieux: duchesse de Castiglione Colonna et enfin, son pseudo Marcello (masculin!!) qu'elle se donne en référence au musicien vénitien Benedetto Giacomo Marcello.
Il faut suivre...
Ces messieurs n'ont pas ce souci de "multi-facettes sociales" à présenter, voire de légère "schizophrénie sociale". Ou, pour faire moins médical, du léger "tiraillement" entre les diverses identités liées à la dénomination féminine.
Au point de se choisir homme.
Marcello doit résoudre la quadrature du cercle: être femme (facile) et artiste de la glaise et du ...métal. ( plus compliqué surtout quand les cours d'ateliers ou des Beaux-Arts ne sont accessibles qu'au genre masculin).
Ce, au coeur du XIXème siècle, pas encore féministe.
Ce, en ménageant ses origines aristocrates fribourgeoises de naissance, et de mariage avec la prestigieuse famille papale Colonna.
Elle sera donc à la fois bohème et amie des cercles de pouvoir. Amie ou égérie de personnages qui comptent tel Edouard Manet, peintre alors sulfureux dont elle refuse de se laisser tirer la portrait. Dommage....
Elle s'introduira aux cours d'anatomie habillée en... garçon.
Qu'elle choisisse un nom masculin pour son travail d'artiste en dit long sur sa forte détermination, quitte à se dissocier, se diviser. Pour mieux agir.
La visite à Penthes en ce 8 mars fut privilégiée puisque réalisée en compagnie d' une de ses descendantes qu'elle aurait adoré prendre dans ses bras.
Monique von Wistinghausen, si attentive à faire connaître son illustre ancêtre de Givisiez, si émue à la décrire dans sa complexité.
L'oeuvre sculptée la plus connue de la Duchesse de Castiglione Colonna est probablement la Pythie.
Ce bronze installé à l'Opéra de Paris annonce déjà l'Art Nouveau....
De quels dangers se protègent le bras, la main de l'oracle malgré ses divinations ? Combien d'obstacles matériels, sociaux ici repoussés par Adèle d'Affry, veuve à 20 ans pour mener sa vie de choix, celle de sculpteur ??
COMBAT D' INDEPENDANCE D'ESPRIT
Malgré son rang social, le combat est de mise. Adlèle d'Affry l'exprime, un peu amère :" Thiers, Cousin, Carpeaux, Regnault, Graty, Hébert, Fortuny m'ont vivement aimée, et comme tout ce qui a de l'indépendance d'esprit est odieux aux gens qui vont par troue comme les oisons (et s'en glorifient faut voir!) je suis toujours suspectée et menacée par ceux qui tiennent dans leur main la considération d'autrui, d'un pauvre autrui surtout" Lettre à sa mère (toujours si proche) la Comtesse d'Affry datée du 4 décembre 1872.
Autres facettes: l'orientalisme et le classicisme . Tel le buste de l'Impératrice d'Autriche, la fameuse Sissi. Le profil gréco-romain n'a pas de secret pour elle.
Découverte à Penthes de sa globalité: ses peintures et ses écrits à l'étrange écriture croisée !
Elle meurt jeune au grand regret de ceux qui imaginent la puissance de sa production en devenir.
REDECOUVERTE DE L'ARTISTE FRIBOURGEOISE
L'oeuvre de Marcello s'était endormie.
Madame von Wistinghausen décrit fort bien l'intéressant contexte de sa redécouverte. Lorsque des spécialistes de l'art cherchent à visiter un sanctuaire familial fermé depuis son décès: l' atelier de Givisiez. Selon elle, la transmission du lieu par les femmes explique son non démembrement.
Une tendresse infinie se lit dans les écrits communs d'Adèle avec sa mère. Une affection qui visiblement s'est transmise par héritage! Au point d'avoir gardé intact un atelier depuis 1879.
Redécouverte scientifique et historique de Marcello, ensuite avec ces quatre expos internationales successives à Fribourg, Compiègne, Tessin et maintenant Genève.
Depuis les tentures de sa pièce de travail ont été levées, des documents précieux retrouvés.
La lumière inonde à nouveau. Marcello revit.
Sylvie Neidinger.
DOSSIER-PEDAGOGIQUE-MARCELLO-par les services de Penthes sur pdf
Marcello: ouvrage bien documenté qui retrace le contexte de la sculptrice. 5 Continents Editions Disponible sur place, à Penthes. ISBN 978-88-7439-68I-8
crédit image: 2 scans et photos Neidinger