Mélenchonite ? La démocratie est fantastique, toujours là où on ne l'attend pas. Elle suit le vent de l'histoire.
Nicolas Sarkozy réitère en 2012 son raisonnement de 2007 par une campagne hyper droitière autour de sa « force » -peu tranquille d'ailleurs!
Jean-Luc Mélenchon à la gauche de la gauche sort lui, du néant. Il monte chaque marche des sondages au fur et à mesure que les jours passent.
Au point d'apparaître en excellente troisième position potentielle en lieu et place de la très attendue Marine dans certaines études.
Le signe très concret que le sécuritaire n'est pas au cœur des enjeux mais bien les préoccupations sociales.
Excessif, homme de langage même outrancier, Jean- Luc Mélenchon fascine.
Le tribun réunissait dimanche 18 mars plus de 100 000 personnes sur la très symbolique place de la Bastille. Poing levé, il clamait « nous sommes le cri du peuple »
Le Parti communiste français organisé et structuré a misé sur cet outsider venu du PS. Il a gagné ! Un nouveau Georges Marchais est né qui dit vertement tout haut ce que le « peuple » est supposé penser tout bas, galvanisant ses foules. Au point que le FdG vient d'emprunter 1 million d'euros pour redimensionner à la hausse les salles de meeting où son favori va intervenir tellement il attire.
L'homme a également profité de l'effacement politique d'Olivier Besancenot, le facteur-orateur du NPA à l'extrême gauche révolutionnaire.
A défaut de lutte des classes, on assiste à une lutte des fronts ! Front de Gauche contre Front National.
Jean Luc Mélenchon agit très...frontalement depuis le début de la campagne en direction de Marine le Pen pour rediriger vers lui le vote des ouvriers et des classes populaires déçues qui accordaient leurs faveurs au FN.
Le député européen fustige verbalement la frontiste de droite. Il la provoque (cf le fameux non- débat télévisé récemment où elle refusa de lui adresser la parole)
Il compte également faire venir à lui à force de son bagout les électeurs égarés de son camp. Il promet les nationalisations et tout l'arsenal idélogique idoine.
FAUSSE OPPOSITION A GAUCHE MAIS VERITABLES SECONDAIRES !
Dans sa lancée, il n'épargne personne. Mélenchon se paie même le luxe d'attaquer ...François Hollande !
En vrai, ce jeu d'opposition entre le deux semble plutôt une sorte de « secondaires à gauche » qui fonctionnent sur le même modèle que les primaires.
Le Présidentiable PS reste lui assez lisse, digne, au dessus de la mêlée, ne pouvant promettre monts et merveilles en raison de la crise économique et du déficit hexagonal abyssal. Presque un social démocrate hyper consensuel. François Hollande reprend d'ailleurs à son compte la terminologie chiraquienne du « rassemblement »
Les attaques du leader frontiste de gauche contre lui sont fortes mais... de façade ?
La logique des primaires est respectée : ce combat spécifique au sein du même bord politique pour une finalité "d'extraction du plus apte" ne peut devenir fraticide in fine !
Jean-Luc Mélenchon agit en réalité en grande intelligence avec François Hollande alors qu'il le bouscule avec virulence dans son argumentaire?
Résultats : dans cette course à l'Elysée, il aura garanti au Parti Communiste Français de dépasser la barre des 5% seuil de remboursement des frais de campagne par l'Etat - ce que Marie-Georges Buffet n'avait pu atteindre en 2007 avec ses 1,93%.
Les législatives, dans la foulée seront prometteuses quant au nombre de députés Front de Gauche (PC) élus.
Enfin et surtout le Frontiste de gauche va apporter des forces additionnelles arrachées à leurs torpeurs ou leurs volontés abstentionnistes à François Hollande au soir du 1er tour.
Les deux jouent entre eux un véritable jeu de rôle car issus du même sérail. Personne ne peut oublier que Jean Luc Mélenchon est plus rose que rouge, un mitterrandiste pur sucre qui a quitté le Parti Socialiste il y a peu, en 2008 pour créer son Parti de Gauche (PG)
Il fut ministre de l'enseignement professionnel sous Jospin de 2000 et 2002 et proche de Laurent Fabius.
Aujourd'hui, l'orateur virulent souvent sans limite bouscule, réveille, attire à lui les voix abstentionnistes, d'extrême gauche et le penistes etc.. Certes.
Mais sous réserve tout de même d'une ligne rouge mathématique à ne pas franchir pour le PS : que la poussée mélanchonite ne se fasse pas- trop - aux dépends de François Hollande.
L'enjeu de ces secondaires inédites se situe dans la mesure de ce « trop », une autre manière, en fait, de distinguer le vote dit "utile" du vote supposé « inutile »
Au Parti Socialiste, on reste heureux de la vigueur de la gauche en général dans l'opinion mais inquiets de cette montée inédite du candidat du Front de Gauche.
Oui: la démocratie est magnifique. Source de surprises, jamais là où on ne s'y attendait.
Ni surtout jamais là où les doctes analystes avaient déjà programmé les enjeux voire les résultats des bulletins de vote !
Sylvie Neidinger
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