François Hollande n'a pas remis en cause lors de sa visite ce week-end dans l'émirat cette anormalité proprement extraordinaire au regard de sa politique fiscale: le privilège hexagonal spécifiquement accordé au Qatar.
En effet, cet état dispose depuis 2009 d'un accord bilatéral avec la France taillé à sa mesure.
Ceci date certes de l'ère Sarkozy. Une disposition adoptée à l'époque par le Parlement, en catimini et sans débat public.
De facto, le Président socialiste valide ce privilège puisqu'il ne le supprime pas: étonnant !
Il a pourtant pris la Fiscalité comme cheval de bataille de son action pour, selon ses promesses électorales, sauver l'économie française en panne, par la voie de l'Impôt massif.
Jusqu'à indisposer la classe moyenne en première ligne. Et d'accentuer les effets de la récession par une moindre consommation.
Le levier fiscal est l'arme actuelle ultra visible de ce gouvernement pour valider ses positions dites "anti-riches"et s'inscrire dans une politique dite de gauche.
Les responsables dénoncent régulièrement tout ce qui correspond à un privilège fiscal, un paradis fiscal, une niche fiscale.
Mais avec des dérapages internes dans le choix des acteurs. On pense à l'énorme scandale moral du ministre Cahuzac, celui d'un Robespierre qui lavait plus blanc les mouchoirs rougis, prêt à faire marcher la guillotine alors qu'il était lui -même coupable de ce qu'il dénonçait !
Des discours très durs sont prononcés autour de l'argent, vu comme toujours sale. Suivant une bizarre conception de l'économie où seuls les chiffres alignés au pied d'une fiche de paie salariée ont valeur légale d'argent "valide". Tout le reste ne serait que... "biens mal acquis" !
Au début, discours durs contre les patrons, villipendés. Actuellement paroles fermes contre des pays voisins telle ...la Suisse au premier rang des stigmatisés. Comme l'inscription récente de la Suisse sur une liste noire ou petit exempe concret des bisbilles la récente volonté de la France de taxer les vols suisses à Bâle et les problèmes divers de Tva et taxes autour de l'EuroAirport.
Or, cette politique fiscale au socle idéologique très marqué devient carrémement ....incompréhensible quand on considère l'énorme privilège fiscal accordé au Qatar et aux personnes privées issues de cet Etat dans le cadre de la convention bilatérale spécifique signée entre ces deux pays.
Avec l' exonération des plus values immobilières, notamment.
Attention à la précision: les avantages fiscaux sont bien accordée non seulement au Qatar en tant qu' Etat (signataire des convention) mais concrêtement personnes privées dont la dynastie régnante. Car les deux sont des entités étroitement imbriquées.
En résumé: une super niche fiscale taillée sur mesure pour les résidents qatariotes dans l'Hexagone.
( lire France, paradis fiscal)
Cette exception accordée en France au plus riche d'entre les riches est incompréhensible. Si le Qatar est riche à milliards, pourquoi lui accorder une niche fiscale, des exonérations?
Cette politique de François Hollande qui confirme celle de Nicolas Sarkozy rend illisible l'actuelle politique socialiste impérative, impérieuse en direction des.... non qatariotes.
Il ne s'agit pas ici de dresser un comparatif saugrenu entre une hypothétique trilogie Suisse/France/Qatar. Juste observer que:
-Pour le pays hélvète les mises en causes sont directes, récurrentes. Alors que ce pays est un véritable partenaire, francophone, voisin depuis toujours et mérite à ce titre une approche plus "diplomate".
-Pour le Qatar, les dirigeants socialistes jouent une surprenante danse du ventre, comme l'avait fait l'ancien Président Sarkozy avant eux. A noter: le Qatar qui ne parle pas un iota la langue de Molière ni celle ...Rousseau a été intégré comme membre de la francophonie ! Tout s'achète donc ?
On a beaucoup parlé des fonds destinés spécifiquement aux banlieues, cela a accaparé l'attention médiatique du week-end.
Or, la presse n'a pas du tout évoqué le privilège fiscal accordé par la France qui dans ce cadre s'offre elle-même -si on analyse la situation- en tant que paradis fiscal spécifiquement au service du Qatar.
Cela s'apparente à de l'humour. Une dichotomie toute.... cahusèque en fait !
Sylvie Neidinger
* Et quid du Qatar lui-même comme ...paradis fiscal?
Convention fiscale bilatérale France Qatar et avenant du 14 janvier 2008 entré en vigueur en avril 2009.
Dexia au Luxembourg : des Fonds ...familiaux qatari : confusion