Les forces gouvernementales syriennes et l'armée russe ont repris Deir Ez Zor à l'Etat Islamique. Une victoire.
Aujourd'hui deux forces stratégiques continuent à s'opposer en direct sur les décombres de l'occupation islamiste.
D'une part l'Etat régalien syrien et son allié historique russe. La Syrie qui siège à l'ONU entend bien récupérer son territoire. (celui d'avant le conflit)
D'autre part, les forces de la coalition emmenées par les USA qui comptent... séparer cette riche province pour en contrôler les ressources pétrolifères ( et naturelles) .
Les deux forces se fritent.
Les USA ayant abattu le 18 juin un avion syrien SU-22 au sud de Tabka (et un drone le 8 juin par un F15E) plus aucune coopération préventive n'existe autour de l'espace aérien de la part des Russes.
Leur aviation vient d'ailleurs de tirer sur les FDS pro américains. Le message est clair.
L'opération globale américaine est vendue sous l'aspect de création à terme d'un Kurdistan au sens d'un ....Etat sur le territoire pris à quatre Etats : Syrie, l'Irak, l'Iran, la Turquie. Au profit d'une même population kurde, là où plusieurs catégories ethnico-religieuses ( exemple les assyriens) cohabitaient. Ce après une phase d'autonomie ou de fédéralisme on ne sait trop.
Un scénario à la kosovar....
Les médias occidentaux qui suivent la logique de la coalition occidentale présentent en propagande les forces kurdes dans une modernité médiatique (écolo et tout et tout..Rien n'est trop beau jusqu'aux jolies femmes combattantes photogéniques voire des clichés photoshoppés avec keffieh surajoutés! )
Attention. Une épuration ethnique de contrôle ou déplacement de population... non kurde a commencé au nord de l'Irak en contrôlant /évacuant dans certaines villes ces populations... non kurdes.
Par exemple des maires chrétiens de petites villes majoritairement chrétiennes sont destitués.
Ain el Arab est rebaptisé Kobané...
Cette volonté de création d'une zone autonome puis d'un Etat séparé agace Bagdad qui évidemment juge toute atteinte à son intégrité non constitutionnelle.
L'Etat irakien central commence à réagir avec force face à cette nouvelle donne imposée par les américains : le dépeçage du pays.
Il proteste contre cette captation d'une partie de son territoire sous couvert "d'autonomie" d'un supposé Rojava.
Idem, la Syrie ne compte pas se laisser faire.
La Turquie non plus. Ce pays ...toujours membre de l'Otan vient de s'intégrer au système de défense aérien,.... russe ! (cf achat de matériel )
Le prochain référendum kurde sur "l'indépendance" le 25 septembre prochain va probablement mettre le feu aux poudres.
Les Etats concernés le contestent fortement . L'ONU demande officiellement à Massoud Barzani de renoncer.
Jusqu'à Washington qui le trouve prématuré. Puisque l'idée même d'une simple séparation n'est pas actée par l'etat central de Bagdad.
FACE A FACE USA-RUSSIE. TURQUIE CONTRE L'OTAN !
Les buts initiaux de l'occupation de l'Irak par les USA, de changement de régime en Libye, puis le projet de dépecer la Syrie apparaissent désormais au grand jour.
Sous couvert d'apporter la démocratie (ère Bush) puis les révolutions dites " de couleur" puis les printemps (hiver ) arabes, puis l'instrumentalisation de la sunnitisation du conflit aux dépends des multiples communautés présentes depuis toujours [ayant abouti à la création de groupes islamistes EI , Front Al Nosra, ahrar el sham etc.]...Les véritables buts sont l'appropriation des ressources naturelles (minerais, gaz, pétrole) massives dans cette partie du monde.
Un Proche-orient à la croisée de trois continents : une extraordinaire situation géopolitique.
Cet aspect de la volonté de capter les ressources par l'Amérique a largement été documenté depuis la première guerre du golfe..
Mais désormais c'est carrément utra-visible sur le terrain.
Les deux forces s'opposent désormais sur le terrain de l'est-syrien : les forces FSD (arabo-kurdes pros US) contre le format Etat syrien+Russie.
Et pas seulement à l'est syrien/nord irak /turquie/iran: le projet américano-kurde d'un Etat baptisé "rojava" est celui d'un incroyable " couloir stratégique" qui va de l'Irak au nord de la Syrie.
Surréaliste, il passe par Idleb et se prolonge en méditerranée !!!
Juste ce qu'il faut pour évacuer gaz et pétrole vers le premier marché mondial proche: l'Europe.
Une véritable route pour les hydrocarbures.
Les masques sont tombés.
Sylvie Neidinger