Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pays-Suisse - Page 48

  • Suisse, Via Storia ou l'histoire des voies

    Découvert par hasard ce site helvète autour de l'Histoire des... voiries.suisse,viastoria,histoire des voies

    sdfgfdsq.GIFLes itinéraires culturels.Suisse, ViaStoria, histoire des voies


    VIA STORIA.CH

    Visiter

  • Genève: histoire, palinpseste numérique et ... blogs

    175 ans de la SHAG: historissimo !

    Le précédent article de blog portait sur la Société Historique et Archéologique genevoise.

    Il est complété ici.

     Lors du colloque-Jubilé, la matière Histoire avait été abordée  aux  Archives d'Etat sous une pluralité très riche de facettes.

    J'avais oublié de signaler une énième facette du rapport à l'Histoire: le fait que la société savante ait bien ouvert, elle aussi, son site internet:

    http://www.shag-geneve.ch/2010/accueil.htm

     Aucun doute, la recherche historique utilise déjà les outils numériques. Les archives se numérisent (base de données Adhémar à Genève). Les chercheurs et notamment les archéologues  sautent  aujourd'hui le pas de logiciels dédiés pour leurs approches méthodologiques.

    Cette note signale toutefois non pas dans la méthode historique  mais dans le champ d'études potentielles pour un historien genevois.... les blogs de la Tribune de Genève !

    La blogosphère est un nouveau média. La Tribune de Genève offre cet espace de liberté absolue -sinon la barrière de la Loi en cas de diffamation- sans mettre d'ailleurs le nez dans les contenus des blogs.

    (Nota en France les blogs de presse sont "validés" par les rédactions. Confirmé. Lire le commentaire de Rémi Mogenet dans cet article du blogueur HL)

    BLOGOSPHERE: UN  NEO  MEDIA SOCIAL

    Les articles numérisés sont de bons petits soldats qui ne meurent pas et rappliquent au doigt et à l'oeil. Toujours disponibles au moindre mot-clefs.

    Ils vivent leurs vies car les moteurs de recherche les référencent en autonomes. On peut même les appeler sans entrer sur le site TDG !

    TDG signale que le trafic induit par ses blogs hébergés fut de 5 millions de pages vues en 2012. On attend les chiffres 2013 avec  impatience.

    Remarque logique : la Tribune dite de Genève génère des blogs...de Genève.

    De fait ultra intéressants pour la recherche historique locale dont celle de la SHAG.

    Exemple: la dernière campagne électorale pour le Conseil d'Etat fut extraordinaire de ce point de vue: cela a ferraillé sec. Un conseiller élu par exemple Mauro Poggia- entre autres politiciens- étant  lui même blogueur (Bloggia)

    Les interventions des commentateurs furent innombrables.

    PALINPSESTE NUMERIQUE EN META DONNEES

    Au point que le futur historien de cette campagne électorale -pour ne citer qu'elle- ne pourra faire l'impasse de ce qui s'est passé sur les blogs.

    Sinon son étude ne serait alors plus qualifiée de scientifique. La blogosphère TDG ayant  bien  été partie prenante du débat démocratique!

    Ce qui fut écrit sur blog constitue une matière brute  réflexive d'une richesse inouïe d'étude. Du social en pleine activité. Du contemporain en prise directe.

    Mais se pose un sérieux problème. Comment appréhender la blogosphère comme champ d'étude? L'historien ne devra-il  pas là encore changer, adapter voire inventer  sa pratique??

    Le palinpseste numérique n'est plus cette peau lentement grattée. Les pages blanches se remplissent chaque jour de mega octets. En mega-giga-supra quantités !

    Pour aborder la gigantesque base de données, l'historien de demain devra complètement maîtriser lui même l'outil  informatique spécifique aux blogs...

    NOUVEAUX TERRITOIRES D'ETUDES

    Accéder  par mots clefs est facile.

    Mais au delà comment "travailler avec"? Comment archiver ces méta données? Comment sélectionner les info pertinentes de celles non productives ?

    La question du nombre de chercheurs  se pose aussi. L'humain  ne peut suivre ni la  vitesse ni la quantité gigantesque  d'octets !

    Combien d'historiens pour analyser l'immense masse de  ces  données sociales de l'Histoire qui se fabrique réellement sous nos yeux, en temps réel ?

    Ces débats d'idées essentiels pour comprendre l'air du temps.

    QUID DU TRAITEMENT DE" L'HISTOIRE DES DONNEES NUMERIQUES"* ?

                                                                                                       Sylvie Neidinger

    SHAG : le-plus-ancien-editeur-genevois-encore en activité

    *Au hasard des blog TDG, un nouvel élu exprime numériquement son premier mois d'expérience.

    shag,geneve,histoire,numérique,blogs

  • 175 ans de la SHAG: historissimo !

    La vénérable Société d'Histoire et d'archéologie de Genève fête dignement son siècle trois quarts.

    Avec comme gâteau une Exposition  de documents visible aux Archives d'Etat jusqu'au 20 décembre prochain. Et pour cerise...le récent colloque intitulé: " L'historien  et l'archéologue dans la cité " (15-16 novembre)

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etatJ'ai pu assister à la première journée du colloque  (dommage pour la seconde...)

    Le vocabulaire culinaire semble inadéquat: il  faut parler de polyphonie  plutôt !

    Une séance introduite par Pierre Flückiger des Archives d'Etat.

    L'Histoire abordée sous toutes ses coutures. Une formidable  pluralité d'approches.

    Tout d'abord, la SHAG se raconte elle-même (ses fondateurs, ses manques de locaux, ses statuts...) avec  les exposés  de Françoise Dubosson -qui indique comment un petit groupe se réunit autour d'Henri Boissier en mars 1838. Puis celui  de Sarah Scholl  laquelle a étudié les procès verbaux de  jubilés.

    Force de constater combien les membres d'origine  se divisaient en deux visions: l'une calviniste classique et l'autre école dite  "vieille genevoise" avec les J.B.G.Galiffe (des généalogistes) et autres anticalviniens.

    Bernard Lescaze replace tous ces courants  de pensée et resitue le radicalisme. Il évoque Henry Fazy, historien, archiviste et conseiller d'Etat.

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

     L'aide "technique"structurante  de l'historien et archéologue  normand Arcisse de Caumont en direction de la SHAG  fut citée. Mais pas seulement.

    Furent abordées les relations avec les autres sociétés savantes helvètes.

    L'exposé de Irène Hermann  retraçait les interactions entre sociétés savantes suisses après la guerre du Sonderbund: pas si simple, pas si connectées entre elles en vérité!

    HOMMAGE AU PRESQUE CENTENAIRE QUI PUBLIE TOUJOURS: PAUL GUICHONNET

    Ce vendredi 15 novembre, le temps avait  une épaisseur de siècle clairement  mesurable.

    Vertige. Puisque qu'un hommage verbal fut prononcé par Jean-Daniel Candaux ( président de séance  très en verve) en direction du fils de Louis Blondel  (1885-1967) très âgé mais  assistant au colloque. Son père dirigea en 1913 le service du"Vieux-Genève"après des études à Genève, Paris et Munich.

    Nombreux historiens présents dans la salle ont d'ailleurs  évoqué dans les discussions leurs anciens professeurs à l'Université de Genève: hommage à la recherche universitaire.

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etatL' approche mémorielle a été complétée par un hommage - vivant donc vibrant cette fois- pour le bientôt centenaire Paul Guichonnet qui publie toujours.

    Magnifique paradoxe de Genève qui  sait toujours privilégier la compétence au besoin et suivant les circonstances.

    Elle   installa tout de même à la tête de la SHAG, haut lieu de son historiographie  locale majoritairement protestante cet érudit ...savoyard !shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

    ARCHEOLOGIE=L'HISTOIRE EN COUCHES!

    Dans l'après-midi  sont intervenus les archéologues, ces historiens  du concret.

    Spécialistes de "l'Histoire en couches", celle à  faire  "naître à la Science"  par les méthodologies de la fouille et des reconstitutions des données enfouies.

    Deux archéologues  de terrain ont pris la parole sans note aucune. Pierre Corboud retrace la naissance de la matière historique nommée"archéologie genevoise"de 1833 à 1920. L'exceptionnel  harpon préhistorique sculpté du Salève et les palafittes

    Il précise comment se met en place au coeur du XIXème siècle une nouvelle science de l'histoire: la paléo-archéologie autour du lac de Neufchatel puis des autres lacs dont le Léman.shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

    Et comment s'invente- en se nourrissant des données archéologiques- une symbolique nationale voire nationaliste autour du "suisse lacustre". Cet ancêtre, monté en mythe historique, que les peintres de l'époque ré-imaginent même.

    La belle affaire: le lacustre helvète proto-historique avait  le mérite de n'être ni catholique, ni protestant, ni germanophone ni francophone !

    Une perfection théorique pour une Unité politique nationale en voie de construction..

    Rapidement,  ce concept d'ancêtre commun fondateur et reconnu par tous sera vite abandonné au fond des eaux de la théorie...Il connut tout de même son heure de gloire.

    AVENIR DE SAINT ANTOINE?

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etatMarc-André Haldimann et Jean Terrier ont évoqué les chantiers en cours à Genève:shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

    -Rappel des premières fouilles du gallo-romaines du XIXème siècle   gravement destructrices, les méthodes archéologiques n'étant pas encore adoptées.D'ailleurs, on ne sait même pas où sont aujourd'hui  les amphores alors découvertes. Perdues, carrément !

    -Description de  l'immense chantier actuel du quartier Saint-Antoine qui permet une étude  scientifique toute facilitée par les techniques modernes. Très intéressant d'observer  l'appropriation par les genevois de leur propre passé puisque quelques uns  expriment déjà  le souhait de conserver les découvertes archéologiques en l'état.

    Oui, certes. Mais en quel état justement ? A quelles couches temporelle poser le curseur?

    Rappel: l'archéologue est un "historien fou" puisqu'il détruit son champ d'expérimentation au fur et à mesure qu'il ne l'étudie !

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etatTrès très proche-oriental  ce fonctionnement inhérent à  l'archéologie:  un peu Chronos qui mange ses enfants ou alors  Phénix qui s'auto-consume pour mieux ...renaitre.

    L'archéologue cet historien paradoxal est réellement obligé de détruire au fur et à mesure son champ expérimental pour l'analyser.

    Il procède à des choix de vie et de mort. Conserver ou détruire.

    Politiquement, Genève est aujourd'hui devant ses propres choix dans le quartier Saint-Antoine: Conserver ? Que conserver ?

    Comment détruire pour reconstruire? Les problématiques historiques sont toujours des enjeux contemporains de société.

     Le colloque dans sa richesse  a également porté sa réflexion sur d'autres facettes: la théorie générale de l'histoire.

    Ainsi fut abordée la mode  des années 80 (ouverture vers les sciences sociales, pluri-disciplinarité)   autour du concept de  l'histoire en miettes, voire de la "fin" de l'histoire (carrément !) Une vue de l'esprit plutôt que parole d'historien, semble-t-il. Une fausse crise de la discipline...

    "Dépasser les apories du localisme"..."Faire varier le jeu d'échelle selon l'objet soumis à l'analyse"...

    On conclue avec  le concept  de "variation d'échelle" indiqué  par Marco Cicchini, organisateur, dans son ...introduction.

    Ou comment l'histoire de Genève -somme toute celle d'une ville modeste en population au XIXème siècle - s'aborde aussi  dans le cadre d'une  l'Histoire plus large (helvète, européenne etc.)  Il indique alors que c'est une question  de  ligne de crêts...

    Crêts Baudet, assurément !

                                                                                                              Sylvie Neidinger

     

    shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

    Lire : Histoire de savoirs: 175 ans d'histoire et d'archéologie à Genève. shag,geneve,société historique et archéologique de geneve,archives d'etat

    Catalogue de l'expo de la SHAG, visible aux Archives d'Etat de Genève jusqu'au 20 décembre.

    Dernière nouvelle: expo prolongée jusqu'en avril 2014

    Archives d'Etat de Genève


    Rue de l'Hôtel-de-Ville 1
    Case postale 3964
    CH-1211 Genève 3

    Dernière nouvelle ( mai 2014) les données de l'expo sont disponibles en ligne

     

     

  • Genève-le plus long banc du monde:120,21 mètres- à l'envers !

     Genève détient un record mondial: celui du plus long banc en bois de l'univers: 120,21 mètres portés par 61 pieds...geneve,conseil d'etat,banc,reord du monde,promenade de la treille

    L'objet est long parce que la Promenade de la Treille est longue, tout simplement. Il en épouse la dimension.

    Il n'est d'ailleurs là que pour les beaux yeux de cette charmante dame du 18ème siècle: la "promenade" urbaine, haut lieu social et socialisant.

    geneve,conseil d'etat,banc,reord du monde,promenade de la treilleVénérable objet car présent  depuis 1767.

    Genève pour autant ne  fait pas homologuer sa dimension hors norme  dans le Guinness book des records.

     Pas de compétition absurde qui verrait  un quelconque  Etat fabriquer un banc encore plus grand juste pour dire qu'il a battu la cité de Calvin !  (Rien de plus facile pour défier: juste   du bois et un peu de métal...)

    Non. La  fonction de cet objet  précise est d'une toute autre nature...

    Il étonne à première vue par  son orientation  originale.

    Il  tourne carrément le dos au magnifique paysage panoramique de la ville, le parc, Plainpalais, l'Uni Bastions avec en fond de regard lointain le  Vuache et  le  Salève en  France voisine.

    SYMBOLIQUE VOIRE... PSYCHANALYSE.... URBAINE ?

    geneve,conseil d'etat,banc,reord du monde,promenade de la treille

    Ce banc couleur verte.....ne serait-il pas en fait   une toute dernière trace symbolique des magnifiques bastions dans lesquels s'était enfermée Genève?

    Une ligne Maginot imaginaire?

    Souvenir de ces barrières de protection, signes  du repli "entre soi"...que le XIX ème siècle a vu démolies pour  donner sa nouvelle dimension internationale à la  Ville-Monde.

    GENEVE ENCORE HYPER SECRETE

    Toute pré-occupée d'elle-même en paysage intérieur...

    Mythique promenade  tournée vers l'espace de  jeu des enfants (son avenir) et vers ses Institutions (son présent) avec  le Conseil d'Etat qui semble veiller avec soin  sur les chers petits, depuis les baies vitrées.

    geneve,conseil d'etat,symbolique urbaine,banc,reord du monde,promenade de la treilleL'espace de la Treille accueille d'ailleurs  à chaque fin d'année scolaire les écoles de la ville. En raout de clôture d'une année méritante.

    Il ne me semble pas délirer en comparant  l'extraordinaire position du banc genevois tourné non pas direction open space  mais  vers l'intérieur, vers l'oppidum  historique,  vers de la Ville citadelle fermée telle qu'elle fut dans sa phase de splendide isolement insulaire.

    Car un autre détail intéresse au plus haut point: la position des petits chevaux de bois ... frontalement placés  face au panorama, eux ! De facto face au monde  extérieur dont la Savoie.... Comme des sentinelles, là  encore  symboliques, en protection  d'une mythique escalade.

    Brave petits cavaliers et  chevaliers de la Tour Baudet..geneve,conseil d'etat,symbolique urbaine,banc,reord du monde,promenade de la treille.

    Ici, les petits chevaux ne se regardent pas entre eux, en vis à vis,  comme dans tous les parc d'enfants du monde où les bambins jaugent leurs exploits à l'aune du voisin. Chevaux croisés.

    Non, les  petits cavaliers genevois sont tous en position de sentinelles. Leurs regard ne se croisent pas individuellement mais se tournent collectivement vers l'extérieur. En garde !

    Etonnant.

     BELLE RENCONTRE

    geneve,conseil d'etat,symbolique urbaine,banc,reord du monde,promenade de la treilleConcrètement, l'usage du banc tourné vers l'intérieur est de facto incongru pour qui veut basiquement observer le paysage.

    Se poser en lui tournant le dos ne sied pas forcément. Regarder avec une position corporelle inversée fait risquer un grave torticoli.

    Nombreux sont ceux qui  littéralement transgressent les gestes ordinaires. Ils s'assoient, en fait  à l'envers et passent leurs jambes !geneve,conseil d'etat,symbolique urbaine,banc,reord du monde,promenade de la treille

    Il suffit  en fait, sportivement, d'enjamber le dispositif  dans l'autre sens et de transformer le dossier en ventral ! Jupes s'abstenir.

    C'est tout de même hyper original (photo) mais bien l'unique méthode pour apprécier la vue panoramique.

    L'autre jour, une dame d'un âge certain  était justement en méditation dans cette position quelque peu  saugrenue. Je m'approchai et lançai en imitation  les jambes dans la manoeuvre si spéciale mais obligatoire ici.

    Et toutes les deux de rire. Puis de plaisanter aimablement   sur les particularités genevoises.

    Après une demi-heure d'échanges sur la ville, passion commune visiblement, l'Inconnue me posa alors une surprenante question. "avez-vous 10 mn, je peux vous faire une surprise".

    Oui évidement: j'ai même en réserve des heures pour les surprises...

    Elle me demande alors de la suivre.

    Elle habite un des palais historiques de la zone, bâtisse privée, totalement inaccessible à la visite. Dont la lourde porte s'ouvre sur deux magnifiques cours intérieures.

    Hôtel particulier aristocratique, du protestantisme le plus ancien.

    Genève architecturale ultra secrète...

    Belle rencontre, grâce  à l'humour.

    Merci, le banc. Record mondial : 120,21 m précisément. Mesure garantie exacte au cm près. Précise, exacte: à la genevoise.

                                                                                  Sylvie Neidinger

    geneve,conseil d'etat,symbolique urbaine,banc,reord du monde,promenade de la treille

                                                                                                

    Cet article est cité sur wikipedia à propos de la Promenade de la Treille: wikipedia.org/wiki/Promenade_de_la_Treille

                                                                             crédit images photos Neidinger          

  • Etienne Dumont, critique d'art-oeuvre d'art

    Etienne Dumont est connu comme le loup blanc à Genève. Mais pas tellement au delà, finalement. etienne dumont,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan

    Alors qu'il est l'un des hommes les plus transformés de la planète. Peut-être unique à ce niveau de tatouages. Il est journaliste.

    Cette chronique concerne l'homme public. Le privé, je ne le connais pas. La vie privée n'aurait d'ailleurs pas lieu d'être sur un blog.

    Nous avions croisé nos chemins une seule fois à Penthes (GV) en 2012 à propos de l'expo Corto Maltese. Il portait son petit bonnet. Peu loquace...(sa photo de blog ici : phase du noir) Lui, rédigeant un article de presse: Marco d' Anna sur les traces de Corto Maltese

    Moi un  article de blog: Marco d'Anna en escale à Penthes   et   Corto Maltese refuse de quitter Genève

    Etienne Dumont  est brillant rédacteur. Mais à la dent (trop)  dure parfois. Sur le terrain genevois et vaudois, certains éditeurs ou galeries d'art m'ont  dit être  encore   marqués par ses écrits  à leur encontre, en positif comme en négatif. Je n'ai les ai pas tous  lus et ne peux me prononcer. Sa plume hyper acérée en excède plus d'un.(article TDG 2017)

    A savoir, la Presse  n'est pas Communication! Le chroniqueur est bien  dans son rôle en tant que...critique. Nuance toutefois. Qu'un  journaliste n'apprécie pas une oeuvre  ne signifie pas du tout  que cette dernière soit "nulle"! Derrière une expo, un éditeur,  il y a de l'humain. Des personnes qui se sont données autour d'un projet. Et qui n'apprécient pas que deux coups de cuillère à pot  de plume ne  ternissent leur travail.etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan

      Car, problème: l'écrit reste ! Il est ultra puissant. A l'heure des moteurs de recherche, les articles ne meurent pas. D'où ces sentiments mitigés toujours actifs longtemps après les parutions.

    CRITIQUE CULTURELLE: LA DIFFERENCE PRESSE /BLOG

    Ici s'expose  toute la problématique de la critique du culturel. Car le journaliste est justement rémunéré pour s'exprimer en positif et aussi en... négatif. C'est son travail. Quelque part, son analyse  engage celle de  sa Rédaction dans le lien de subordination qui le lie à son employeur. Laquelle en retour le protège.

    Le blog lui ne fonctionne pas ainsi. Pas de mécanisme économique.  Le blogueur opère individuellement ses choix. Sur ce #BlogSylvieNeidinger par exemple, j 'ai choisi   cette option pour les données culturelles: "je n'aime pas donc je n'en parle pas" L'activité blog est non rémunératrice, chronophage. Pas de temps à perdre à démolir...car déjà pas le temps de coucher sur écran la dizaine  d'articles déjà pré-rédigés en tête. Ce qui n'empêche pas au besoin évidemment une critique. Mais pas de celle qui laisse l'autre cloué au tapis médiatique.

    Presse et blogosphère sont deux planètes si proches et si  différentes: pas toujours comparables!

    I- Etienne Dumont,  chroniqueur culturel:

    On ne le lit  plus  sur la Tribune. Idem, son blog TDG  est inactif. Sa dernière chronique fut rédigée le 7 mai dernier (cf 2013). "Tout a une fin" écrit-il sans en préciser les raisons.

    Il exerce désormais à Bilan.chetienne dumont,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilanetienne dumont,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan

     

     

     

     

     

     

     

     Ici sa photo professionnelle, sur le site de presse Bilan. Drôle d'indien, étonnant journaliste. Peu habituel.

    Il publie le 22 mai 2023 un bilan décennal de ses 6000 chroniques et de son métier de journaliste critique d'art. où il présente d'ailleurs son métier de façon décalée avec autodérision quelque peu péjorative "Né en 1948, Etienne Dumont a fait à Genève des études qui lui ont été peu utiles. Latin, grec, droit. Juriste raté, il a bifurqué vers le journalisme. Le plus souvent aux rubriques culturelles, il a travaillé de mars 1974 à mai 2013 à la «Tribune de Genève», en commençant par parler de cinéma. Sont ensuite venus les beaux-arts et les livres. A part ça, comme vous pouvez le voir, rien à signaler"(Bilan)

     II Etienne Dumont oeuvre d'art

    etienne dumont,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan L' homme  est probablement le plus tatoué de la terre (exploit)   et  oeuvre d'art, lui-même!  Il  s'est  exprimé publiquement en 2009 sur son  processus de transformation démarré par un aigle et une croix, soit, du basique,  pour arriver au résultat sophistiqué que l'on connait aujourd'hui.

    Avec un  graphisme ethnique très sphère culturelle océan pacifique pour le visage  (Maori?) et Japonisant pour le thorax. Et plus encore.

    Son être est devenu champ expérimental. Le blanc par exemple ne tient pas sur la peau, il vire au jaunasse "sale" selon lui. Il quitte donc le blanc/noir pour le ...rouge.

    Le critique professionnel  témoigne sur le site d'une certaine Annette Giard en février 2009 (textes en bleu):
    "j’avais vu au Musée d’Orsay, lors de l’exposition sur les moulages, le buste en plâtre d’un Néo-Zélandais, au visage couvert d’incisions soulignées d’encre. Longtemps, j’ai pensé à cette chose, sur ma table de nuit imaginaire, puis j’ai téléphoné à Dominique Lang [son tatoueur] : “On le fait.” Il n’était pas chaud. On l’a fait, en couleur. Ça m'embêtait d’avoir de la couleur sur le corps et la tête en noir et blanc, c’est comme si j’étais deux personnes. Alors on a tout refait en couleur. Ça a pris 10 mois, en tâtonnant. Il se passait toutes sortes de choses bizarres pendant les séances. Quand il plantait son aiguille dans les ailes de mon nez, par exemple, ça déclenchait des éternuements. Il fallait s’interrompre toutes les 10 secondes.

    Il a offert son corps  jusqu'à la nudité au regard public en 2009 par  une expo  de photos. (article Libé) Il fêtait ses 60 ans.

    Mais sans donner d'explication verbale véritable. Le cliché plus haut le présente en mode avant/après. Depuis son visage s'est encore complexifié.

    Après tout, face à une oeuvre, le spectateur de la photo ou de la toile doit lui-même se poser la question du pourquoi. L'Art sert bien à cela...L'artiste n'a pas à verbaliser ses choix !

    Silence d' Etienne Dumont  sur les motivations du recouvrement presque complet de ses cm de peau.(dont la superficie se calcule par une formule dite de Dubois qui daterait de 1916 en fonction du poids et de la taille.)

    La peau cet épithélium de revêtement,  résistant à l'abrasion et la dessication par sa couche cornée, cette enveloppe humaine,  peut atteindre 2 mètres suivant les individus.

    Le genevois   reste fondamentalement  silencieux sur les motifs de cet acte de transformisme majeur. Est-ce une barrière de protection?  Un outil de provocation? A-t-il des soucis médicaux autres que la nécrose qu'il avait signalée à propos de sa corne de par le recouvrement complet? Son témoignage sur les réactions qu'il engendre, en Suisse, à Paris ou dans les pays qu'il visite?  Quid des passages en douanes? Les enfants le prennent-ils pour un personnage de BD vivant lorsqu'ils le rencontrent ? Un extra-terrestre? 

    Quel est le lien entre l'encre de la plume du journaliste, l'encre du tatouage et l'ancre symbolique si présente chez les  tatoués? Que pense-t-il de la notion de trace culturelle ? Narcissisme ? Auto mutilation symbolique? Ou au contraire hyper-valorisation de l'ego ?

    450 HEURES DE TATOUAGE SUR 15 ANS

    etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilanExpérimentation corporelle qui le fait éternuer, tousser suivant les emplacements lors des  longues séances...

    Définition de tatouage sur wiki :Le mot vient du tahitien tatau, qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ta signifie « dessin » et atua signifie « esprit, dieu ». Le docteur Berchon, traducteur du deuxième voyage de Cook vers Tahiti en 1772, employa pour la première fois le mot tattoo ; le mot sera francisé en « tatouage» à la fin des années 1700. Il est d'abord introduit dans le Dictionnaire de l'Académie française en 1798, puis dans la première édition du dictionnaire de Littré en 1863

    Au Japon, le tatouage traditionnel pratiqué à la main est appelé irezumi (入れ墨 ou 入墨, irezumi, littéralement « insertion d'encre ») le terme plus général pour désigner le tatouage est horimono (彫り物 ou 彫物, horimono, littéralement « sculpture »

    (suite- A Giard):"Il est recouvert d’encre de la tête au pied, à la seule exception des paupières, des parties génitales, de l’anus et de la paume des mains et des pieds. Etienne Dumont porte en outre, sous la lèvre, une sorte de hublot qui montre la racine de ses dents et ses gencives. etienne dumont,critique culturelle,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilanSes oreilles sont ornées de gigantesques disques, pareilles à des décorations primitives. Il s’est fait implanter deux gros anneaux de métal qui apparaissent en relief sur le dos de ses mains. Au-dessus du front, un pédoncule semblable à un oeil globuleux d’extra-terrestre pointe comme une antenne. A l’origine, il avait deux “cornes” sur la tête. Une nécrose foudroyante l’a obligé à se débarrasser de celle de droite. Ce qui l’énerve : il aurait voulu être symétrique. Mais les lois du corps n’ont rien à voir avec l’ordre et la raison.

    etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilanJ’ai appris avec ces modifications qu’il ne fallait pas avoir de plan pré-établi, dit -il. C’est peut-être la principale leçon qu’il y a à retirer d’une telle démarche. Il faut accepter d’avoir la partie droite du corps moins bien irriguée (c’est le cas pour la majorité des gens), donc moins apte à subir des modifications extrêmes. Dans le lobe de mon oreille gauche, je porte un disque de 7 cm de diamètre. Le disque de droite fait seulement 4 cm. Sur le visage, je porte un tatouage qu’il a fallu rendre dissymétrique pour qu’il ait l’air symétrique : il y a plus de lignes d’un côté que de l’autre, mais ça ne se voit pas justement. Il faut donc tricher avec les parties droites et gauches du corps. Mettre au point des illusions d’optique. J’ai l’impression d’avoir passé des années à assembler un puzzle.

    etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilanVéritable oeuvre d'art que son corps puisque les tatouages sont pensés en ...illusion d'optique! En puzzle. Avec tous  ces accessoires étonnant incrustés : cornes,  piercings,  labret...

    UNE TABLE DE NUIT IMAGINAIRE COMPOSEE

    "Bien que son corps ne corresponde pas à un projet artistique global ni prémédité, Etienne Dumont en est plutôt heureux. Je l’ai fait comme quand on se promène dans un pâtisserie, explique-t-il. J’ai dit : “donnez-moi ça, et ça, et ça”. Il y a du tribal, du cyber, des estampes d’Hokusai (sur la cuisse droite, ça représente un viol, un monsieur agresse une dame, mais je l’ai choisi juste pour l’harmonie des couleurs et des volumes). Il y a aussi des crânes inspirés par des natures mortes hollandaises, des pivoines et des chrysanthèmes… On a essayé d’harmoniser le tout. Je n’attache aucun sens particulier à ces images. Il n’y a pas de symbolisme. Je n’ai fait tout ça que pour le plaisir. Et je ne me croyais pas capable d’aller jusqu’au bout. Vous savez, quand on dit aux gens : “Ce corps, c’est 450 heures de tatouages répartis sur 15 ans”, ils reculent devant ce que cela représente. Moi aussi, j’aurais reculé.

    Il se défend d’accorder à son corps une autre valeur que celle de simple support à des expériences, il  avoue quil y a quelque chose de la parade amoureuse dans ce déploiement de couleurs et de formes outrancières. “Quand on est dans mon état, on n’entre plus quelque part, dit-il. On fait une entrée. Je ne peux plus la jouer modeste maintenant. Alors j’y vais. Et j’essaye d’avoir le bon mot."etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan

    ETIENNE DUMONT DEVIENT  UN INCROYABLE CHAMPS D'EXPERIMENTATION DE LA PEAU SOCIALE.

    Comme critique d'art et de culture il tire des observations de son état:

    "Parfois, quand des hommes me regardent, je me demande s’ils ne sont pas intéressés par moi. Il y a une ambiguïté. Mais souvent, non, ils ne me draguent pas. Ils sont juste curieux. Parfois, j’oublie mon apparence. Je n’y pense pas vraiment. Je vis avec. Parfois, j’ai l’impression d’être dédoublé. Il y a mon corps et moi derrière. C’est comme un jeu de cache-cache.” Dans la rue, ceux qui réagissent mal sont généralement des immigrés, des gens qui essayent de s’intégrer et qui trouvent choquant de vouloir sortir de la norme. En revanche, les vieilles personnes sont toujours complices. Elles approuvent. “Comme les vieux se sentent exclus, ils font preuve d’empathie avec ceux qu’ils pensent dans les marges, explique t-il.

    Etienne Dumont induit par son apparence choisie des questionnements fondamentaux sur le normal et l'anormalité humaine. Le "choc culturel" proposé par  le journaliste tatoué, portant labret et cornes intégrées est un acte de création, de réflexion théorique, sociologique  proprement extraordinaire.

    Il se joue du social, sans visiblement en souffrir. Plus intellectuelle comme action tu meures ! Ou plus inconsciente? etienne dumont,social,hukuzai,irezumi,peau,formule de dubois,tatouages,corto maltese,critique d'art,oeuvre d'art,geneve,tdg,bilan

    A se demander même  si son intellect dirige réellement les opérations ?

    Ou si cette orientation vers ce dédoublement entre l'interne- la peau frontière et le monde extérieur se fait à son corps défendant ou non....

    Etienne Dumont a créé un  puzzle, un labyrinthe si compliqué. Déroutant, déstabilisant pour le "voyeur" par lui sollicité de facto. C'est à dire nous tous, le champs social.

    Tatouage ultra sophistiqué. Probablement destiné à  perdre le regard de  celui ou celle qui ose poser son oeil sur lui pour l'introspecter. Dans un magistral mécanisme de défense ?  

    Comme une peau-paratonnerre ?

    Ou bien parade amoureuse du paon ou autre oiseau rare, en magnifique plumage rouge? 

    Ou les deux dans un "double-je" ? Double jeu avec le regard de l'Autre à qui il impose impérativement d'être en position de voyeur! Définitivement.

                                        Sylvie Neidinger

     

     

    Article révisé en octobre 2023. Liens  obsolètes éliminés 

    Etienne Dumont, critique d'art-oeuvre d'art - Le Blog de Sylvie Neidinger (blogspirit.com)