L'article publié sur ce blog Neidinger le 16 février dernier n'a pas pris une ride :
Protestantisme rhénan contre orthodoxie grecque. Je lui fais prendre un peu l'air car il est toujours d'actualité.
Sauf- détail important - qu'aujourd'hui, on peut remplacer le pays "Grèce"par "France" au titre des inquiétudes données aux autres partenaires européens dont l'Allemagne.
Ce soir, le Président Hollande devra lors de sa conférence de presse élyséenne apaiser non seulement les préoccupations des français mais aussi celles son partenaire historique germanique, en donnant un cap clair. Surtout en matière économique.
Rappel : la semaine dernière, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble a demandé d'une manière informelle une évaluation de la politique économique de l'actuel gouvernement français. Un coup dur à la souveraineté du pays et son amour-propre.
Article de boursier.com :"Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble aurait demandé au Conseil des experts économiques de son pays de réfléchir à des propositions de réformes économiques pour la France, craignant une chute de la deuxième économie de la zone euro et de ses conséquences sur le devenir de l'Europe dans son ensemble..."
Un choc pour la France qui se considérait jusque là comme un partenaire, le fameux moteur franco-allemand (caricature) qui semble connaître d'énormes ratés...
Raison majeure : personne ni à l'intérieur, ni à l'extérieur ne comprend rien à la France depuis six mois.
1 LE RAPPORT GALLOIS OU LE SURREALISME MAXIMAL EN POLITIQUE
Pourquoi l'actuel gouvernement de la (supposée ) cinquième puissance mondiale a-t-il attendu la publication récente du rapport d'un haut fonctionnaire pour savoir quoi faire et comme agir ?
Quand l'économie réelle se balance dans le vide sidéral au bout de la plume d'un expert !
M. Gallois et son rapport-certes intéressant et intelligent- devenu plus puissant que le gouvernement socialiste en place ?!
L'action globale d'un pays serait-elle alors dictée par la vision d'un seul individu , même pas titulaire d'un mandat électoral. Au simple motif que le Président lui aurait demandé une réflexion ?? C'est stupéfiant.
A y réfechir, cela semble finalement une habitude de droite comme de gauche puisque il faut se souvenir du rapport Attali sous Sarkozy...
2 LE CENTRALISME ELITISTE REPUBLICAIN
Avec ces rapports rédigés par des "premiers de la classe " supposés tout régler, la France atteint là les limites extrêmes du centralisme de son système politique et de son élitisme républicain, bien éloigné du terrain.
L'actuel Président concentre tous les pouvoirs comme historiquement jamais aucun président de la Cinquième république ne l'a fait.
François Hollande en plaçant les écrits d'un expert sur sa tête en haut de la pyramide ...hexagonale commet une curieuse géométrie du pouvoir -profondément anti-démocratique selon moi.
D'autant que les acteurs réels de l'économie réelle sont dans le même temps villipendés...
Les chefs d'entreprises qui eux seuls président aux manettes de la fabrique hyper fragile des emplois subissent une stigmatisation caricaturale.
Cet été M. Peugeot par A. Montebourg et François Hollande en attaque frontale très idéologique. Bernard Arnaud ensuite mais aussi les entrepreneurs, grands, moyens et petits, la net-économie au point de créer en réaction une nouvelle race de volatiles, les Geonpi .
Un autre univers professionnel, celui des médecins désigné du doigt à la population par le ministre Touraine, commence actuellement sa révolte.
Cette façon totalement surréaliste de pratiquer l'économie-et la politique- stupéfie. L'Allemagne a bien raison de s'affoler et de vouloir d'y mettre son grain de sel au nom de la stabilité de l'euro, les économies étant liées.
Ceci dit, la droite française avait aussi gouverné en désignant des catégories complètes de populations professionnelles à la vindicte publique...
3 LE DENI DE REALISME ECO- POLITIQUE
A sa décharge, le Président Hollande hérite d'une situation financière incroyablement négative. Il ne trouve pas simplement les caisses vides mais un niveau d'endettement majeur. Comme pour la Grèce.
Problème: les français sont encore dans le déni de leur réalité économique difficile.
Un déni volontairement masqué par les dirigeants politiques avec les rodomontades de la France à l'international en matière d'interventionnisme actif à l'extérieur. Comme par exemples en Libye ou en Syrie sous Juppé puis Fabius. Après les leçons d'économie médiatique données à la Grèce par N Sarkozy en décembre 2011.
Grèce ...que la France rejoint aujourd'hui dans le cadre du club des maillons faibles de l'Europe.
Fort de son droit de veto onusien, l'hexagone se berce encore d'illusions sur sa place et son poids réel au sein des nations.
Il y a effectivement une contradiction majeure pour la France à se vouloir géant politique, à se projeter comme tel...avec une économie malade et rétrécie.
L'Allemagne est là pour le lui rappeler .
Sylvie Neidinger
Complément :
Les Allemands sont impatients que la France se rétablisse Lire