Les cinémas du Grûtli revisitent de l’histoire de la Traite négrière à l’initiative de cooperaxion.org, fondation bernoise qui « thématise le rôle des acteurs suisses dans le commerce triangulaire » selon son communiqué de presse du 16 mai.
Est dressé un état des lieux :
« La Suisse, alors encore officiellement Confédération helvétique, n’était pas un empire colonial. Néanmoins, elle était totalement intégrée dans les réseaux financiers et commerciaux européens. Des entreprises et des particuliers de renom ont participé et profité directement et indirectement du commerce lié à la traite des esclaves.Des citoyens genevois furent également actifs, à différents niveaux, dans le commerce triangulaire transatlantique.»
Et de citer des ...noms de famille. Sur son site internet l'association mentionne une base de données en langue allemande avec les noms des ...protagonistes. Comme pour un tribunal de l'histoire ?
Cooperaxion joue un rôle militant de réparation puisqu’elle organise également des projets culturels en Afrique de l’Ouest et au Brésil, sur les routes du commerce triangulaire.
Cette démarche historienne de retracer, retrouver partout les indices de la traite esclavagiste, notamment à Genève est intéressante.
Mais affirmer comme une découverte majeure l’implication de la Suisse n’est pas un scoop à première vue...
Il semble évident que ce pays n’était pas une île à part. Et que le financement du commerce pouvait fortement passer en partie par Genève, on s'en doute ! Le contraire eût été plutôt étonnant.
Il y a un écueil à ne pas sombrer dans le travers de ce type de démarche mémorielle : l’amalgame rétro- historique.
Ce qui était ordinaire au XVIIème siècle ne l’est plus au XXIème siècle car le droit et les mentalités ont évolué. Fort heureusement.
Dans l’autre sens quelle erreur de morale déplacée s’il s’agit de faire le procès de mentalités et personnes aujourd’hui disparues ! Et d’imposer repentance ou mauvaise conscience.
ET LES ESCLAVES CONTEMPORAINS, DANS NOS RUES, SOUS NOS YEUX ??
Très concrètement aujourd’hui 1er juin 2013 : la traite humaine se pratique sous nos yeux à Genève (et le Grand Genève) par les réseaux de mendicité organisés au profit des chefs mafieux de Roumanie ( dont ceux de Barbulesti)
Que pouvons nous faire individuellement ? Donner une aumône, c’est entretenir le système esclavagiste en place…On sait par ailleurs que si ces esclaves contemporains ne ramènent pas le soir les sommes demandées, ils subissents des violences.
Concrètement, quelle action mener contre cet esclavage contemporain ?
Les polices sont impuissantes des deux côtés de la frontière à faire cesser un système global, connu, suivi par les Services concernés mais qui se réalimente en permanence avec des individus esclaves renouvelés. Les filières sont identifiées.
Le commissaire principal Philippe Guffon de Annemasse, Directeur -adjoint de la Sécurité publique de Haute-Savoie est en totale conscience du problème.
Mais la loi du silence règne chez les ...victimes. (lire )
Si les autorités publiques administratives, juridiques et policières des Etats Suisse et France ne peuvent pas -avec tout l'arsenal juridique qui existe!- faire cesser cette Traite issue des pays de l'Est, parce que les preuves juridiques tangibles, valorisables lors d'un procès, sont difficiles à réunir, alors qui le pourra???
Cette Traite moderne, au coeur de l'Europe, ultra complexe à ramifications internationales perdure.
Et semble utra difficile à faire cesser.
D’où le grand questionnement sur la démarche mémorielle pour une période lointaine allant du XVIIème au XIXème : informer oui. Porter un jugement a posteriori : certainement pas !
Sylvie Neidinger
*Constat : que ce soit avec le commerce triangulaire hier ou aujourd'hui avec les pays de l'Est, la notion d'esclavage semble toujours liée à ces deux faits: 1-un caractère international 2-des individus déplacés de leur espace d'origine.
Vendredi 31 mai
18h00 Film : Route de l’esclave : L’instinct de la résistance, UNESCO, 2012.
En partenariat avec la Commission suisse pour l’UNESCO. 34'
19h00 Conférence : De l’inégalité des peuples au temps de Rousseau
avec Danielle Buyssens, historienne, conservatrice au Musée d’ethnographie
de Genève
19h45 Conférence : Descendants d’esclaves – la question des Quilombos
au Brésil avec Izabel Barros de Siqueira, cooperaxion
21h00 Film : La legende de la terre d’or, BR/CH, 2007. Exploitations des terres et
des hommes brésiliens. 55'
Samedi 1 juin
19h00 Conférence : La littérature de « cordel » et la musique du nord-est
du Brésil avec Eduardo Machado, musicien
21h00 Film : Retour à Gorée, CH/LU, 2007. Youssou N’Dour sur les traces des
esclaves. 102'
Vendredi 14 juin
18h00 Film : Route de l’esclave : L’instinct de la résistance, UNESCO, 2012.
En partenariat avec la Commission suisse pour l’UNESCO. 34’
19h00 Conférence : La Suisse et l’esclavage avec Bouda Etemad, Prof. Histoire
économique, Université de Genève
19h45 Conférence : Genève à la périphérie du monde atlantique : quelques
exemples de ramifications genevoises avec l’économie de traite
avec Gilles Forster, historien, Haute école d’art et de design (HEAD-Genève)
21h00 Film : Rue Cases Negres, FR, 1983. Histoire d’une enfance au Martinique. 103'
Samedi 15 juin
14h00 Visite guidée : Le groupe de Coppet et le mouvement abolitionniste,
Château de Coppet (RDV : Gare de Genève-Cornavin au point de rencontre)
19h00 Conférence : Raízes distantes – la musique brésilienne avec
Eduardo Machado
21h00 Film : L’esclave libre, USA,1958. Elevée comme fille de planteur, Amantha
Starr est vendue comme esclave, après le mort de son père. 125'
Cinémas du Grütli rue du Général Dufour,16 Genève
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