L'Emir al Thani transfert son pouvoir au fils de Cheika Moza, seconde des trois épouses officielles: le prince Temim, considéré comme le plus compétent des fils.
Sans consultation des 200 000 qatariotes qui font allégeance. Suivant le système tribal en place.
Observer ce qui se passe au Qatar est essentiel pour comprendre les évolutions du monde arabo-musulman tant l'Etat gazier a pris une place essentielle dans les rouages de la politique arabe des dix dernières années. Particulièrement avec le dit"printemps".
Inconnu du "grand public" dans les années 2000, le Qatar a pris son essor au départ:
*Autour de l'énorme machine médiatique Al Djezira hyper professionnelle à l'anglo-saxonne.
*Pas seulement: autour de l' installation sur son territoire d'une très importante base aérienne à Al Udeid insérée dans le commandement Centcom.
L'Arabie Saoudite, terre l'islam s'il en est, avait demandé en 2005 aux américains de positionner leur action militaire hors du pays. L'Emir du Qatar les a acceptés. Base de Al Udeid
*Autour de l'activisme diplomatique surdimensionné, quelquefois autoritaire de l'Emir
*Mais encore de son hyper activisme dans un sens islamiste. Jusqu'à soutenir des groupes al quaidistes au Maghreb, en Afrique ( Mali) et en Syrie..Doha vient d'ouvrir récemment un bureau de représentation des talibans afghans!
Le problème est que l'Emir a soutenu l'insoutenable. Par un jeu trouble. Comme le signalait cet article du blog à propos du double jeu du Qatar au Mali autour du Croissant Rouge.
L'activisme personnel du Qatar en a agacé plus d'un. A commencer par les dirigeants de l'Arabie Saoudite...
L'EMIR TROP COMPROMIS DEVAIT -IL PARTIR ?
Le journal le Monde très laudatif va presque jusqu'à souligner-limite !!- le caractère démocratique du départ d'un monarque de son plein gré. "Coup d'éclat, talent, flair" sont les termes carrément employés, pas moins. Aucun recul : ce n'est pas du journalisme mais bien du cirage de pompes ! Une analyse.... idyllique, non critique, dans une rédaction où les Edwy Plenel manquent cruellement.
Un article au ton radicalement différent est à lire sur mondialisation.ca "La fin sans gloire du Deus ex machina de la révolution arabe" (attention toutefois. Le raisonnement et les infos de cet article canadien sont intéressants, je le donne à lire en lien mais le ton employé ne convient pas :ex comparer certaines dirigeants à des "bibendum" ne sert pas au débat )
Ce texte canadien apporte en effet de l'eau au moulin de cette analyse plus proche du réel: il aurait été fortement conseillé, en off, à l'émir Al Thani de quitter le pouvoir rapidement.
Les analystes spécialisés moyen-orient confirment ceci indirectement par leurs écrits lorsqu'ils indiquent que l'émirat s'engage désormais à ...moins de visibilité polémique.
Un certain Bichara Kader professeur à UCL et Directeur d'un centre de recherche parle ainsi d'un nouvel émir prudent.
De facto l'ancien émir était...imprudent ?
L'abdication fortement recommandée est une information que l'on comprend en analysant par l'envers du décor. En matière d'info, décrypter le "non dit" ou plutôt du "peu dit" est tout aussi productif. C'est juste du décodage dans l'autre sens...
Le politologue Mathieu Guidère, très proche de la famille régnante et du futur monarque, interviewé évoque lui aussi "la vieille garde qui quitte le pouvoir"
Le Qatar a désormais une réputation à l'odeur très...sulfureuse. Combien d'écrits sur ce pays dans les deux dernières années, combien de publications rien qu'en France ?
Après son père, le nouvel Homme Fort, Tamim, 33 ans a bien du travail pour rétablir une "normalité"ou simplement une... discrétion autour de l'image de son Emirat.
Sylvie Neidinger
Un hebdo évoque un changement de style"moins agressif".C'est le terme employé. Et valide de facto ...mon analyse SN
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