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rubrique #vocabularia

  • Comorbidité: quel vocabulaire...anxiogène

    La pandémie covid-19 a fait  sortir de l'hôpital des expressions hyper médicales qui jusqu'à présent ne concernaient que ce secteur professionnel. Dommage.

    Elles auraient du y rester.

    Telle l'affreuse notion de "comorbidité" prise pour "pathologie associée" déclinée à toutes les sauces sur tous les plateaux TV, radio, presse et reprises dans le langage courant. 

    Résultat: 

    Je comorbide

    Tu comorbides

    Il/elle comorbide

    Nous comorbidons

    Vous comobidez 

    Ils comorbident...

    Rire: ce verbe n'existe pas. Mais tout de même covidons ensemble notre lourd sac personnel ! Comorbidons nos efforts pour atteindre l'immunité collective...

    "comorbidité" tient en deux sens associés  "co=avec+ morbidité=pathologie" . Il passe mal dans le grand public qui confond parfois "morbide" et "mortel". 

    Ce terme  dès lors rappelle  que nous ne vivons non pas en vue de la mort. Mais avec  la mort, co-associée. Toutefois non invitée.

    Bon.

    La vie étant une maladie sexuellement transmissible constamment mortelle, la comorbidité effectivement est une sacrée partie de rigolade en commun.

    Pour se rassurer il faut quitter la définition n°1, liée à la maladie:

    (Adjectif 1) Du latin morbidus (« malade, maladif »), dérivé de morbus (« maladie », « désordre physique », « malaise général »).

     Pour la définition n° 2  plus gaie:

    (Adjectif 2) De l'italien morbido (« souple », « mou », puis « beau », « harmonieux », « délicat »). Ce mot italien vient lui-même du latin morbidus, dont le sens devint « souple », « mou » aux XVIIIe-XIXe siècles.

    C'est facile: il suffit juste  de changer de langue...

                           ATTENTION AU VOCABULAIRE MEDICAL

    Les terminologies médicales sont à prendre avec précaution. En témoigne un  Chef de service en pédiatrie oncologique qui bannit l'usage du terme "tumeur" à l'oreille des patients -enfants-  dans ses locaux.

    Il a mille fois raison.Les petits entendent en fait " tu meures"!

    Le poids de certains termes médicaux  est d'une lourdeur telle que tout usage mérite effectivement de tourner plusieurs fois sa langue avant usage !

     

                                                       Sylvie Neidinger

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    cnrtl

  • Nouveaux "organes" découverts? Un vocabulaire surjoué!

    Vocabularia. Il ne se passe pas  de mois  sans que l'univers médical n'annonce la découverte d'un nouvel.... organe humain! Bigre.

    Un interstitium sous la peau par ci, un microbiote par là, un mésentère, une fibrose myocardite qui deviendrait un nouvel os du coeur...

    L'effervescence s'apparente aux découvertes de nouvelles planètes, espèces végétales ou animales: une positivité bienvenue dans un monde que l'on croyait exploré à fond au XXème siècle.

    Florilège :

    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/corps-humain-etonnant-docteurs-decouvrent-nouvel-organe-crane-humain-83737/

    https://www.mon-livret.fr/actualite/economie/les-chercheurs-sur-le-cancer-decouvrent-un-nouvel-organe-dans-la-gorge-quest-ce-que-cest-comment-cela-peut-aider-a-un-meilleur-traitement/

    https://www.sciencesetavenir.fr/sante/un-nouvel-organe-sensible-a-la-douleur-decouvert-par-des-chercheurs_136869

    https://www.sante-sur-le-net.com/decouverte-nouvel-organe/

    https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/corps-humain-on-decouvert-nouvel-os-coeur-chimpanze-ca-pourrait-bien-nous-concerner-aussi-81467/

    https://www.rts.ch/decouverte/sante-et-medecine/corps-humain/microbes/8973429-les-scientifiques-ont-decouvert-un-nouvel-organe-le-microbiote.html

    Il est toutefois  surprenant de découvrir ENCORE et à un rythme  si rapide de nouveaux organes du corps humain, cette enveloppe  terrestre  avec qui l'humanité vit depuis plusieurs milliers d'années.

    Ce  corps qui  a tout subi (tortures, dissections) Donc que l'humain  a eu loisir d'observer en long, large et travers. De  cuire, de sécher...

    Question: comment peut-on encore lui découvrir des ORGANES ? Eux qui sont normalement au nombre de 78. Cette prolifération  semble même suspecte du point de vue scientifique! 

    Le problème ne viendrait-il pas tout simplement   de la définition du terme "organe"?

     Un professeur de médecine m'a aimablement répondu. (merci!) Il donne son avis hyper professionnel à propos de la dernière découverte en date d'un...organe ( cette semaine) "La détection de nouvelles entités anatomiques n’est pas étonnante avec les progrès de l’imagerie. Cependant, je ne suis pas d’accord avec l’appellation de nouvel « organe ». Ce terme désigne en effet en médecine un ensemble de cellules différenciées et combinées (différents types cellulaires agissant de concert) pour remplir une fonction déterminée. Le seul critère anatomique ne définit pas un organe : ainsi les deux reins, les deux poumons représentent chacun UN organe. Dans le cas présent, il s’agit de la découverte d’un îlot jusque-là inconnu de ce qui semble être une glande salivaire ; pour parler d’organe, il faut encore démontrer que sa fonction est spécifique, distincte des autres glandes salivaires…."

    Organe/organisation: effectivement tout nouveau tissu découvert doit normalement répondre à une fonction biologique précise. Dès lors démontrer l’existence d’une nouvelle entité ne suffit pas à définir un nouvel organe.

    Ce vocabulaire "sensationnel"  serait donc à proscrire du point de vue scientifique même si il flatte l'égo des découvreurs par  les médias heureux d'annoncer la bonne nouvelle. 

    L'article de Sciences et Avenir de mars  2019 va dans le  sens du spécialiste autour du problème de définition : 

    Remarque: l'étymologie du terme  elle aussi suit  cette thèse en mentionnant le moyen d'une fonction : Organe :  Empr. au lat organum «instrument (en général)», «(fig.) ressorts, moyens», «instrument de musique», lui-même empr. au gr. ο ρ γ α ν ο ν «instrument de travail», «de musique», «organe du corps».(CNRTL)

    La première  occurrence écrite de la terminologie en langue française  date du début XIIesiècle comme «instrument de musique» (Psautier Oxford, CXXXVI, 1 et 2, éd. F. Michel) 

    Chaque instrument a effectivement sa fonction précise dans l'orchestre ! L'organe majeur , en musique, est d'ailleurs...anapathologique car lié au chant, donc aux cordes vocales.

    Les progrès actuels  de l'imagerie  médicale sont certes fulgurants. Mais le fait de découvrir une nouvelle corde de guitare par ci, une nouvelle cheville de violon par là ne détermine pas la naissance d'un nouvel instrument.

    CQFD- Dorémifasol.

                                                                                          Sylvie Neidinger

  • Rubrique vocabularia: la résilience

    2020: globalement la société, traumatisée par la pandémie Covid-19, les attentats islamistes et autres, a besoin de résilience.

    Ce terme présente une définition moderne en psychologie signifiant la capacité à surmonter les épreuves.

    De prime abord, on pense  Boris Cyrulnik cet excellent neuropsychiatre français qui a théorisé en psychiatre/ psychanalyse  la nécessaire résilience. Il a lui même malheureusement expérimenté le traumatisme dans son enfance en perdant ses parents, déportés. Il fut pris en charge par des réseaux de Résistance. Résistance, terme non anodin.

    Ce médecin issu des hôpitaux de Marseille anime actuellement un groupe de recherche en éthologie clinique à Toulon.

    Ses ouvrages portent en partie  sur la résilience. Exemple "Résilience, connaissance de base" chez Odile Jacob.

    A savoir, ce concept en psychologie entre dans le dictionnaire Larousse dans les années 30.

    En réalité - et les dictionnaires dont le site CNRTL, ne le mentionnent pas:(dommage) c'est bien Paul Claudel qui introduit le terme signifiant capacité à surmonter les épreuves ."En 1936, Paul Claudel se gratte la tête devant une page blanche. Comment traduire le mot « resiliency » ? Revenu d’Amérique, l’écrivain-diplomate médite sur la crise économique de 1929 qu’il a vue se dérouler là-bas : malgré la vie « suspendue », la « gaieté et la confiance éclairaient tous les visages ». Il ne « trouve pas en français » de correspondance exacte pour ce trait du « tempérament américain », qui « unit les qualités d’élasticité, de ressort, de ressources et de bonne humeur »

    Comme toujours entre la langue anglaise et française les allers-retours sont constants. Le terme anglais resilient serait issu du "resiliens" latin participe présent de resilire= résilier.

    dans l'acceptation courante, e terme -féminin !-s'applique en français  à la physique, soit une  valeur qualifiant la résistance au choc.

    MÉCAN., PHYS. [En parlant d'un matériau] Qui présente une résilience au choc plus ou moins élevée. Certains bois enfin (épicéa, sapin, frêne, hickory) sont particulièrement résilients et peuvent être utilisés comme bois d'aviation, manches d'outils, etc. (CampredonBois, 1948, p. 38).

    Le terme résilier existe bien en français. (CNRTL) dans un sens différent de la renonciation:
     
    Étymol. et Hist. 1501 resiler (Négociations diplomatiques entre la France et l'Autriche, t. 1, p. 47); 1675 se résilier d'un contrat « se dédire d'un contrat » (Savary, Le Parfait négociant, t. 2, p. 303); 1641 résilier « annuler un acte » (Nouv. Rec. de doc. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-Mer, éd. G. de Lhomel, p. 286). Empr. au lat.resilire, propr. « sauter en arrière, rebondir, rejaillir, se retirer », qui a pris, à basse époque, dans la lang. jur. le sens de « renoncer, se dédire ». Resilire a été rendu régulièrement par résilir (xvies. ds Gdf. et Hug.; seule forme donnée par Ac. 1694), devenu résilier par changement de conjug.
     
    Il est possible toutefois que les deux sources étymologiques soient complémentaires! 
    1) capacité de résistance
    2) renonciation 
     
     
                                           RESILIENCE, RESISTANCE 
     
    En effet, pour "résilier" donc bien absorber les chocs, il faut renoncer. Au minima à ses certitudes, à son passé. Il faut faire "son" deuil.
    Boris Cyrulnik, comme d'autres a du faire le deuil de ses parents pour tirer force dans l'épreuve.
                                                  AU FEMININ 
     
    Retour sur le genre féminin du vocabulaire à savoir "LA" résilience et ne pas trop gloser.
    Certes les femmes en mettant au monde leurs enfants et souvent dans la douleur, présentent une résilience naturelle. Cette douleur va vers un positif: la création d'un nouvel être. D'où "l'acceptation malgré"
    La résistance à la douleur est connue comme théoriquement plus forte chez les femmes pour cette raison initialement physiologique. 
    Ok Jusqu'à un certain point.
    La résilience au sens de la capacité d'absorber les chocs nous concerne tous.
     
                                                                Sylvie Neidinger