Le Palais Eynard lançait un clin d’œil au ciel, ce mercredi 29 mai 2014 à 18h30. Les cieux ont bien compris le message, par une magnifique ambiance vespérale qui imprégnait le parc des bastions...
Dynamique amplifiée par l’intéressante tension entre un fond d’air frais, des corps qui s’ingénient à déclarer les beaux jours ouverts et une luminosité solaire inespérée!
La Genève politico-culturelle honorait ce jour là Jean Starobinski, de la célèbre « Ecole de Genève» Critique Littéraire fameuse dans le monde des Lettres.
A l' invitation de la MRL, Maison de Rousseau et de la Littérature...
Genève représentée à l’échelon de l’Etat par la présence introductive du Conseiller Sami Kanaan. Représentée à l’échelon Fédéral indirectement par sa première Présidente (1999), Madame Ruth Dreifuss.
Le Conseiller d’Etat à la Culture souligna combien l’hommage se devait d’être rendu en ce magnifique Palais Eynard, construit sur l’emplacement d’un ancien bastion.
UNITE DE LIEU MAIS FORT HEUREUSEMENT PAS DE TEMPS !
L’unité de lieu de la pièce de théatre dix-huitièmiste qui s’est jouée ce soir là fut essentielle.
Jean Starobinski prit la parole pour dire combien l’honneur rendu en ce lieu précis le touchait.
Il avoua que enfant, il adorait venir y jouer au football en voisin. Et combien il commença sa formation intellectuelle par d’intenses lectures à la Bibliothèque, juste en face.
[ Bibliothèque où sa première fiche de lecteur est aujourd’hui précieusement conservée ]
De facto, l’unité de temps n’avait plus de sens dans ce contexte: c’est bien de l’épaisseur d’une vie qu’il s’agit. En l’occurrence commencée en 1920.
Voire même avant. Puisque L'écrivain a démarré par évoquer sa biographie familiale.
Au commencement …était le père qui décida de quitter la Pologne, il y a un siècle pour venir étudier la médecine à Genève. Vertige du temps écoulé : les "années lycée"de son fils Jean datent de... 1936 !
Deux spécialistes de son œuvre entouraient ce soir là Jean Starobinski de leur compétence. En réalité de leur affection. Il les a qualifiés d’amis: Martin Rueff et Jean-Claude Bonnet.
Ce dernier prit la parole pour souligner que le célèbre critique, écrivain, essayiste, spécialiste du XVIIIème siècle ne fut pas trop influencé par la mode années 80 qui mettait en exergue les écrits libertins.
Jean Starobinki est resté dans du lourd et du solide: Rousseau et Diderot !
« Le premier, un introverti, véritable homme des livres, le second, un extraverti homme des feuilles » comme l’a si élégamment souligné le genevois.
Après le Tricentenaire de la naissance de Rousseau, rideau est désormais ouvert sur le Tricentenaire de... Denis Diderot né le 5 octobre 1713.
L’occasion de relire tous les ouvrages que Jean Starobinski lui a consacrés.
Pour mieux comprendre, de l'intérieur, en tête à tête avec le célèbre critique. Nommé avec affection Staro à Genève ! Sylvie Neidinger
*Post scriptum. En fin de la conférence enregistrée le public n’avait pas trop osé casser la magie des mots prononcés et poser de questions. Finalement lors du cocktail qui a suivi, j'ai demandé à Jean Starobinsky si le fait d’être à la fois homme de lettres et médecin portait un signification particulière ? En effet, certains médecins-écrivains théorisent leur double –compétence. Point de cela. Il a répondu très simplement par une négation qui reclassait son ordre de préférence « la médecine n’était pas mathématique à l’époque comme elle l’est devenue aujourd’hui » Et laissé comprendre que ce métier lui a surtout permis de vivre au démarrage. De bien vivre sa passion des Belles Lettres de facto. Avec une malicieuse conclusion: "la rigueur scientifique d'un côté et l'intuition poétique de l'autre".
*Nota. Le Conseiller Sami Kanaan a évoqué dans sa présentation le soutien actif de l'Etat de Genève aux lettres. Un soutien quelquefois direct vis à vis par exemple d'un éditeur. Ce qui n'est pas évident pour tout le monde...L'homme politique n'a pas caché l'existence de véritables débats avec ses homologues de la zone suisse alémanique "qui ne voient pas du tout les choses comme nous".
Lui assume tranquillement sa position de l'aide culturelle pro-active. SN.
*Lire article de ce blog consacré à Rousseau le jour du Tricentenaire à Genève : Banquet républicain à Genève. Lettre à Rousseau, premier Indigné.