J'aime les musées, Genève et donc les musées de Genève.
On ne peut comprendre le présent sans l'épaisseur de l'histoire. Nous sommes forgés par le passé.
Dans la salle du MAH -musée gratuit- dédiée à l'archéologie régionale, le visiteur a rendez-vous avec une genevoise parmi les plus charmantes et girondes.
LA GENEVOISE, Genua?
En fait une tête dite de "déesse au diadème" [et boucles d'oreilles ma chère] surgie des eaux sur le bras gauche du Rhône près de l'île, lors des travaux des Forces Motrices en 1884.
Elle date d'un atelier gallo-romain, conçue en marbre de marmara.
Certains voudraient qu'elle fût la déesse locale Genova ou Genua.
Mais la mystérieuse reste de marbre. Bouche fermée. Muette sur son identité.
Historiquement l'artefact archéologique sauvé des eaux -par miracle !- est non informatif. Aucune dédicace, rien.
Elle a même subi décapitation et nez disparu, dégradations dues à l'immense orgueil humain qui croit faire table rase du passé en détruisant des objets sans défense.( Cela produit actuellement au Proche-orient au marteau piqueur et à la dynamite par des ignorants....)
Toutefois, la symbolique de cette dame si bien coiffée malgré quelques siècles d'immersion est ultra puissante, comme ...pour signifier qu'elle est importante pour la ville. Voire fondatrice.
Car la naïade revoit le jour, trouvée non seulement au coeur du système urbain local mais au fond du Rhône - lequel est lui même identificatoire de la ville qui se créé en confluence du lac, du fleuve et de l'Arve.
L'endroit effectivement le plus symbolique de la ville. La statue prend de facto sa dimension mythique en tout état de cause.
Qu'elle soit la statue vénérée au IIIème siècle au titre de la déesse attestée nommée Genua/Genova ou... sa parèdre.
Son long baptême aquatique permet de proposer de la nommer... Gen'Eva !??
Sylvie Neidinger
Musée d'Art et d'Histoire MAH de Genève
crédit photos Neidinger