H-Histoire vieilles pierres - Page 8
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Street Art N°5. Grande Rue. Saint-Julien-en-genevois:
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Nouveau billet d'euro: Europe est phénicienne, sémite et non grecque !
Quand la numismatique pose des questions d'identité culturelle européenne.
La Déesse Europe est choisie pour illustrer les nouveaux billets d'euros- dont ceux de 5 -qui vont entrer en circulation le 2 mai 2013 prochain.
Problème majeur: les médias dans les premiers articles (dont malheureusement je n'ai pas fait copie) par manque évident de connaissance ont présenté Europe comme étant une déesse... grecque.
Ce qui est faux, évidemment. Elle est phénicienne ! Mais eut une telle importance fondatrice que les Grecs l'ont racontée...
Or la dépêche de l'AFP du 10/01/13 rédigée suite à l'intervention médiatique de Jean-Michel Grimal de la BCE reprise, corrigée, reste muette sur l'origine d'Europe !
Incomplet de signaler uniquement que cette princesse appartient à la mythologie grecque. Seule la Tribune évoque cette déesse phénicienne avec exactitude "le nouveau visage du nouveau billet de 5 euros enfin dévoilé" "
Et précise " Le billet vient d'être dévoilé par la Banque Centrale Européenne (BCE) à l'occasion de l'inauguration de l'exposition "Le nouveau visage de l'euro", ouverte jusqu'au 10 mars 2013 au musée archéologique de Francfort. Le dévoilement des autres nouveaux billets se fera par ordre croissant, et s'étalera sur plusieurs années"
Les autres articles du jour sur le thème restent sur la base de la dépêche AFP:
Le Télégramme :Euro les billets changeront bientôt de visage"
Extrait :"Une nouvelle série de billets, la toute première depuis l'apparition de l'euro en janvier 2002, commencera à être mise en circulation, à partir de mai prochain. La coupure de cinq euros inaugure ce renouvellement .La Grèce revient au premier plan. Sur les billets de banque. En effet, le doux visage d'Europe, cette princesse de la mythologie grecque séduite et enlevée par le dieu Zeus métamorphosé en taureau et qui a par la suite donné son nom au continent, figurera dans le filigrane et l'hologramme des nouvelles coupures. Histoire de donner «une touche d'humanité aux billets», indique la Banque centrale européenne. Le portrait choisi provient d'un vase antique en céramique datant du IVe siècle avant notre ère et faisant partie de la collection du musée du Louvre à Paris. «Le choix d'Europe s'est assez rapidement imposé après des discussions préliminaires», a expliqué Jean-Michel Grimal, responsable de la division du développement fiduciaire au sein de la BCE. Le choix de personnalités européennes ayant réellement existé aurait pu, à l'inverse, heurter des «sensibilités nationales», selon lui."
Il exprime que faute d'entente sur une personnalité européenne issue d'un pays de la zone euro, le choix s'est porté sur celle qui a donné son nom au continent.
Logique. Essentiel. Encore faut-il mettre toute l'histoire sur la table ! Affronter le réel.
A fortiori quand l'expo inaugurale se déroule dans un musée archéologique, celui de Francfort en l'occurrence.
HOMMAGE A LA PRINCESSE PHENICIENNE EUROPE -UR'P-
FILLE D'AGENOR, ROI DE TYR
La mythologie est au monde antique ce que le document imprimé et internet sont à notre vie moderne: un moyen de raconter l'Histoire, un média.
Les grecs antiques ont tenu par ce cycle légendaire thébain a affirmer combien leur savoir puise ses racines dans la rive orientale de la méditerranée. Cela vaut pour Kadmos (ou Cadmus) et l'importation de l'alphabet phénicien de Tyr (Liban actuel) alphabet lui même découvert légèrement au nord à Ugarit (Syrie actuelle, ancienne côte syro-canano-phénicienne)
Le mythe : la jeune Europe est enlevée par Zeus déguisé en taureau blanc sur une plage phénicienne pour partir en Crête. A la demande de son père Agenor, ses frères (dont Kadmus) ont ordre de partir à sa rechercher dans toute l'actuelle Grèce. Et de ne jamais rentrer sans elle. Devant l'impossibilité de la retrouver, il consultera l'oracle de Delphes et fondera une ville "là où il rencontrera une génisse blanche" . Kadmus fondera Thèbes en Béotie. Le cycle ovidien des Métamorphoses est essentiel: les textes sur Oedipe en seront issus.
Les écrits de Thèbes présentent un fort caractère généalogique, à la fois sur les descendants donc la fusion avec les peuples locaux mais aussi sur les ascendants. Passion généalogique...tout comme dans l'univers sémitique.
Les Grecs antiques ont par la voie mythologique mentionnés combien l'expansion de leurs cultures s'inscrit dans un contexte méditerranéen très large qui a véritablement façonné l'histoire avant eux: Sumer, Mésopotamie, Phénicie, Hittites etc.
Je signale l'excellent pôle de recherche sur le Proche-Orient ancien à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée , MOM Lyon 2, qui met à disposition de l'internaute une base de donnée accessible et gratuite (podcast ou autres) Plusieurs laboratoires de Recherche dont Hisoma (textes et langues anciennes) et Archéorient.
PROCHE-ORIENT FONDATEUR
Les sources de la civilisation grecque puisent dans les apports venus de la côte orientale. Le rapport entre l'Europe et le Proche-Orient reste des plus complexes.
Si l'on change le curseur de la période historique pour s'intéresser à la période néolithique (premières néolithisations proche-orientales à la fin du 9ème millénaire avant JC) on constate pareillement que l'élevage et les techniques d'agriculture sont importées dans nos contrées par des bergers proche-orientaux venus essaimer en Europe et dans les Alpes.
Oui, même si la chose déplait à ceux qui tracent "l'identité culturelle" comme unique et enfermée dans des frontières, l'identité européenne comme l'identité grecque dans leurs racines et structures sont totalement sur la base de sources Est Proche-Orientales , celles du fameux croissant fertile, géographiquement au coeur de l'Asie, l'Afrique et l'Europe.
Ah si les archéologues se mêlaient de quitter leurs chers tessons et autres ostracons pour venir diffuser leurs précieuses informations au grand public?
L'AFP rédigerait alors mieux sa dépêche sur la déesse/princesse EUROPE, celle dont le nom a baptisé notre continent !
Sylvie Neidinger
Rétrolien: Blog latinistes Suisses Félix Tuscher ( lien valide au 11 01 2013)
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XIIème siècle, diocèse de Genève, carrière de molasse en Chablais
Deux archéologues médiévistes ont déposé récemment sur le site de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Université Lumière Lyon un article qui semble totalement rédigé pour nos contrées lémaniques !
Les scientifiques Anne Baud et Anne Schmitt révèlent une page historique locale, photos et texte à retrouver sur le site directement :
« Gisement et transport de la molasse en Chablais au moyen-âge » web
« Dès la deuxième moitié du XIIe siècle, les territoires correspondant à l'ancien diocèse de Genève, principalement soumis aux comtes et aux évêques de Genève, voient la formation de deux grandes seigneuries (Gex sur la rive droite du Rhône et Faucigny sur le cours de l'Arve) puis l'installation au nord-ouest du Petit-Lac des comtes de Savoie. Aux côtés de divers ordres religieux - chartreux, cisterciens, clunisiens et augustiniens - établis pour les premiers dès la fin du XIe siècle, de nouvelles fortifications contrôlent les cols, les vallées étroites et les avant-péages. Au XIIIe siècle, Annecy est capital des comtes de Genève.
(...)La molasse permet un travail que l'on ne pourrait obtenir au cours du Moyen Age avec d'autres roches locales tels les très durs calcaires alpins. En revanche, lorsque la molasse est absente, c'est-à-dire dans le massif du chablais et les vallées alpines, les édifices sont construits en tuf, exceptés certains édifices comme l'église de Viuz-Faverges et l'abbaye d'Abondance pour lesquels le décor architectural nécessitait cette roche plus tendre.
Les comptes de châtellenie donnent parfois des informations sur l'origine des carrières. Sur la rive du lac Léman (château de Ripaille, abbaye du Lieu), les carrières se situent à proximité de Genève, sur le rivage opposé ou dans le lac ; le transport se fait par bateaux sur le lac. Au château de Bonneville, elles se trouvent à une distance de deux lieux du chantier et l'approvisionnement est par voie de terre. Seuls les bois sont transportés par radeaux sur l'Arve. »Maison de l'Orient et de la Méditerranée web
SN
Tags : molasse, MOM, université Lyon 2, chablais, genève, arve, archéologie médiévale, Anne Baud, Anne Schmitt, Haute-Savoie, Gex, Faucigny,Lausanne
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Femmes infidèles, oreilles coupées !
Genève : femmes infidèles, oreilles coupées ! La Justice ne badinait pas au moyen-âge.
En témoigne cette roche historique toujours installée au centre de Norcier, commune de Saint-Julien-en-Genevois et son panneau explicatif... moderne gravé sur pierre :
"Pierre où l'on coupait les oreilles. C'est sur cette pierre que depuis le XIIème siècle étaient exécutées les peines de mutilation prononcées par le prieuré voisin de Saint- Victor pour petit larcin et adultère. Voir également à 400 mètres en direction de Laconnex la pierre de justice »
Dépendant de l'Ordre de Cluny, le prieuré de Saint- Victor installé aux portes de la ville, faisait exécuter ses sentences "au loin", au cœur de la campagne genevoise par le châtelain séculier du baillage de Ternier.
Deux rochers subsistent de nos jours : l'un à Norcier (F) pour l'éradication des organes auditifs et l'autre distant de 400 mètres à Soral (CH) pour les exécutions capitales.
Anachroniques car toujours présents sur les mêmes lieux des exécutions des peines, ces monolithes interpellent le promeneur.
Ils font surgir par leur existence au cœur du XXIème siècle - avec l'appui des panneaux signalétiques modernes explicatifs gravés sur pierre en lettre gothiques !- la réminiscence de pratiques lointaines.
Entre temps, la frontière entre Suisse et France a cru bon de séparer les deux cailloux mémorables.
Un savoureux fait divers frontalier avait d'ailleurs marqué les esprits avec la disparition en 1995 de la "Pierre de justice" côté Suisse, composée de deux blocs à l'origine.
Elle fut retrouvée en France à quelques dizaines de mètres, maladroitement confisquée par des érudits locaux. Ils n'avaient juste pas accepté son absence de protection à Soral où une partie du système lithique s'était vue bousculée lors de travaux de terrassement. A savoir: la première pièce enfouie au XIXème lors de la construction de la route est toujours... sous terre côté helvète.
Cette histoire de voisinage pouvait se muer en conflit...international. L'anecdote très drôle a connu une fin heureuse : ouf, la guerre n'a pas été déclarée en 2009 entre les deux Etats voisins !
ARCHIVES DE SAINT- VICTOR : DES OREILLES FEMININES EN MAJORITE?
La « pierre à mutilation » visible à Norcier pose elle, un souci scientifique. Les historiens qui ont accédé aux archives constatent que les oreilles féminines y étaient plus souvent coupées que les masculines.
Ce qui exprime un sérieux cas de véracité ethnologique.
Doit-on conclure que les maris modèles genevois si sérieux ne trompaient de facto jamais leurs épouses ? Mais alors avec qui donc ces dames trompaient-elles leurs maris ?
Ou bien doit-on conclure que les hommes rédigeaient les lois suivant leurs bons désirs ? (et protection de leurs organes auditifs)
Dommage que ces pierres séculaires restent muettes comme des tombes et se refusent à tout témoignage a posteriori quelques siècles après !
Sylvie Neidinger
*Le prieuré de Saint-Victor. Archives d'Etat, Genève Blondel sur pierres de justice
*/archives.tdg.ch/geneve/actu/soral-retrouvera-pierre-justice-2009-06-25
*Société historique La Salévienne : https://www.la-salevienne.org
©S Neidinger
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