Le Musée de l’ancien Evêché (Grenoble) a la bonne idée de prolonger jusqu'au 21 mai prochain son expo dédiée à Jean de Beins, cartographe qui sort de l’ombre par le travail récent des historiens.
Certains documents prêtés ont du toutefois rejoindre la British Librairy et la BnF.
Il reste plusieurs originaux et fac-similés sur place.
Le catalogue d’expo est lui fantastique.
Il reproduit ces cartes anciennes, lesquelles revivent dans leur essence car parfaitement ...couchées sur papier!
Attention aux amateurs: l'ouvrage publié en nombre limité par le Musée se vend fort vite…Il est produit par Perrine Camus, doctorante en histoire qui propose sa lecture scientifique personnelle sous la direction de l’historien Stéphane Gal, de la Conservatrice en Chef Isabelle Lazier.
On ne sait toujours pas comment ce patrimoine historique français (recueil original de 49 cartes) est entré à la British Librairy au XIXème siècle...Le mystère demeure.
L’historien cartographe britannique David Buisseret repère le volume en 1965 seulement dans le fonds de Londres. Et diffuse l'info.
On ne peut alors parler de redécouverte mais bien de découverte...
Celle d’un ingénieur de Henri IV, lié au connétable prince protestant dont Grenoble célèbre l’année. François de Bonne (1543-1626), sieur de Lesdiguières, gentilhomme protestant du Champsaur, chef de guerre hors du commun.
On peut lire dans les cartes de Beins « poésie et douceur des paysages alpins ; toutes choses qui s’effaceront devant les règles codifiées édictées par l’Académie des Sciences dans la seconde moitié du XVIIème siècle ».
En page 190, une carte de 1607 représente Genève intitulée « carte de Faussigni » encre et aquarelle sur papier.
En page 9, un document présente l’usage du graphomètre (Déclaration de Philippe Danfrie, Paris, 1597)
Le temps de Jean de Beins (p11) est « saturé par les Guerres de Religions (1562-1598) prolongées dans les Alpes par un conflit ouvert entre Savoie et Espagne ».
En résumé, au service du roi, l’ingénieur Beins va participer à fortifier certains sites au début de sa carrière qu’il lui faudra démolir dans sa fin de vie de peur qu’ils ne passent entre les mains protestantes, le roi ayant entre temps choisi une autre messe…
Au moins restent les cartes. Et nous les observons avec grand intérêt !
Sylvie Neidinger