Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

printemps arabe

  • Le Printemps n'est pas Arabe

    En s'immolant le 4 janvier 2011, le jeune Bouazizi, vendeur ambulant tunisien de 26 ans a lancé une onde de choc historique. Qualifiées au départ d'un nom fleuri odorant (révolution jasmin) les émeutes très "Indignées" -puis l'ensemble du domino- sont nommés "printemps arabes".

    Qui a désigné ainsi en premier ? Quel organisme? Quel média? L'histoire ne le dit pas encore.

    *Printemps :

    Cette appellation fait référence aux Printemps des peuples,  milieu du XIXème siècle. 1848 plus exactement (1848, l'année de la Constitution Fédérale Suisse d'ailleurs) Quand, en Europe, les systèmes politiques anciens sont secoués. On parle aussi du  Printemps de Prague, en Tchécoslovaquie . 1968, six mois de réformes avant une reprise en main. Dans une confrontation Est-Ouest.(détail intéressant à souligner...) Dans le cas de 2011,  la dénomination saisonnière  n'est pas exacte.

                                                 HIVER ARABE

    Monseigneur Al Raï, nouveau patriarche maronite, lorsqu'il vient en France en septembre  2011 pour rencontrer le Président de la république N. Sarkozy parle pour la toute première fois d'...hiver, alors que c'est déjà très "politiquement incorrect".

    Il  comprend dès le départ  combien ces événements ne sont pas de bon augure pour le Proche-Orient. Il tient un discours décalé qui ne plait pas en occident. Sa position  est partagée par diverses autorités religieuses chrétiennes orientales. Dont les orthodoxes, majoritaires. A Marseille dans son homélie à Notre Dame du Liban, le prélat  libanais parle effectivement d'hiver en rappelant que chrétiens et musulmans vivent traditionnellement en bonne cohabitation. Que des puissances... externes viennent diviser les peuples. Il ne précise pas lesquelles.

    Divisions? On pense à la période coloniale du XIXème siècle. Et la période...indirectement coloniale actuelle. Néo-coloniale, exactement.

    Le prélat avait parfaitement raison. Le temps qui a passé de 2011 à 2014 en a fait la démonstration.  En 2011 les moquées de Syrie "bougent " les vendredi. 

    Le changement en cours doit alors se renommer  la "révolution du vendredi "ou "révolution islamiste" (pas islamique: attention à la nuance. L'islamisme étant  la radicalité politique) 

    Plus exactement la révolution islamiste inscrite dans une... néo guerre froide (cf d'autres articles suivront pour préciser)

    Effectivement, les régimes arabes laïcs, nationalistes, souvent "socialistes" au pouvoir depuis les Indépendances sont dans le viseur. Régimes devenus "politiquement démodés, pour l'occident et les états islamistes"(Turquie, Golfe, Qatar, AS etc.) Et pour certaines populations en attente d'amélioration de leur sort économique.

    Détail: le président Ben Ali de Tunisie membre de l'Internationale Socialiste était  proche à ce titre du Parti Socialiste français à l'époque...

    Cette révolution nommée "printemps arabe" voit rapidement les chrétiens coptes tués en Egypte, en  Libye, leurs lieux de cultes incendiés. Les syriens chrétiens en particulier - mais tous les autres finalement dont les sunnites et chiites -subissent la pression  incroyable de l'internationale jihadiste  venue de partout, d'Irak, de Tchétchénie, Tunisie, de Belgique, d'Angleterre, des USA, du Golfe, d'Arabie Saoudite, de France.....

    Avec la bénédiction des occidentaux au démarrage. Beaucoup de mansuétude, avant que les autorités  ne s'aperçoivent de leur erreur...

    Jusqu'aux ados lycéens de 15 ans  de France, bien chauffés par les médias spécifiques (Al Djézira) et les médias sociaux  qui  partent se sacrifier pour " tuer du syrien" ! (Des parents vont porter plainte pour comprendre comment des mineurs ont pu quitter le territoire sous Hollande) 

    Jusqu'à des femmes françaises jihadistes pour Al Nosra, partent en famille avec mari et enfants.

    Une internationale sombre qui vient pour tuer les syriens  dans leur propre pays. Parce que selon eux....ils  ont  l'impudence de ne pas appliquer "leur charia". Ils  importent leur  moyen-âge mental peu connu de cette contrée proche-orientale ouverte car multi-confessionnelle!

    *Arabe.

    Cette terminologie ne convient pas du tout à la lecture des événements en cours.

    Oui: la révolution  a bien lieu dans les pays dits arabes, donc arabophones.

    Non,  elle ne concerne pas la notion d'arabité !

    Le Printemps Arabe est  anti-arabe. Carrément son anti-thèse: une vision extrême et intégriste de l'islam, installée avec la complicité des pays cités plus haut.

    En effet. Si tous les musulmans ne sont pas arabes (l'Indonésie....) tous les arabes ne sont pas musulmans. Bien évidemment tous les musulmans ne sont pas jihadistes ni intégristes. Et tous les syriens ne sont pas arabes (Tcherkess etc..)

    La population syrienne est sunnite à 85%. Sur place, combien de syriens sunnites ne sont  pas d'accord avec ces rebelles ou Daech ou EIIL qui viennent  pour imposer  une charia type saoudienne?

    Dérive des coupeurs de têtes et mangeurs de foies humains, égorgeurs  au prétexte d'imposer  leur façon unique de penser le rapport à l'au-delà, de prier.

      L'ARABITE, CETTE TRANSVERSALE, REMPLACEE PAR L'ISLAMISME

    L'arabité est bien une identité ethno-culturelle, linguistique  voire politique. Après les Indépendances, cette notion a fonctionné comme dénominateur commun. Une transversale qui  cherchait à unir le monde arabe au delà des frontières nationales: le pan-arabisme. Elle reposait sur une origine géographique sémite/péninsule arabique/moyen-orient mais pas sur une ligne religieuse.

    Les Etats-Nations laïcs et souvent militaires intervenaient d'ailleurs  politiquement au sein de la Ligue Arabe laquelle est   devenue inaudible aujourd'hui. En coma dépassé. Au profit des pétro-monarchies  du golfe, intégristes: wahabites, "frères" qui  mènent les opérations, financent.

                                            HORREUR SOCIETALE

    Aujourd'hui on arrive dans le cadre de cette guerre à une horreur sociétale au sens proche-oriental: des conflits confessionnels dans cet univers pluriel par essence.

    Avant cet "hiver arabe" les individus  se définissaient par leur nationalité comme égyptiens, libanais, syriens dans le cadre des Etats-Nations (certes toujours communautaires car c'est la base de ces sociétés orientales) Désormais,  "on" qualifie d'emblée les gens par leur appartenance communautaire. Une véritable régression que cette mise en avant. Un émiettement. Diviser pour régner. Rappel. En Syrie, depuis des dizaines d'années, la mention de l'appartenance religieuse a disparu des cartes d'identité.

    Monseigneur Al Raï  et d'autres  connaisseurs du proche-orient, le vrai - pas la représentation médiatique occidentale qui en est faite ! - avaient effectivement lu les événements en ce sens par avance.

    Toutes les ethno-communautés  sont concernées,  pas spécifiquement les chrétiens.... druzes , ismaélites,  orthodoxes, sunnites, grecs melkites, alaouites, maronites, coptes, chiites, kurdes, tcherkess,  arméniens etc.

    Le "Printemps arabe" en cours n'est donc pas  du registre de l'arabité mais celui de la guerre religieuse. Avec la bénédiction de l'occident qui entend en tirer profit gaz/pétrole et autres. Un réel  qui   se croise en plus  à une confrontation est-ouest pour une prise de possession géo-stratégique.

    Ce n'est  pas un printemps. Il est encore moins arabe.

                                                                Sylvie Neidinger

    Suite 

    *La NED, outil mis en place par  R Reagan http://www.monde-diplomatique.fr/2007/07/CALVO_OSPINA/14911

    * Complément d'info /islamisme. La Syrie est aussi, traditionnellement  terre agricole (Hauran etc...). Les femmes musulmanes qui travaillent dans les champs de blé par exemple  ne pratiquent pas la séparation intégriste radicale entre hommes et femmes. Ces villageois vivent suivant des règles plus souples.

    * On entend dire sur place que les populations syriennes actuellement soumises au  joug des fous de dieu  de l'internationale  jihadiste se révoltent. N'acceptent pas ces diktats prônés chez eux par des étrangers prédateurs. Elles les combattent désormais. 

                                                             Rubrique SURYA

  • Michel Aflak est mort trois fois !

     Le chantre du nationalisme arabe est décédé à trois reprises ! Une première fois le 23 juin 1989 à michel aflak,nationalisme arabe,baas,usa,printemps arabeParis de sa belle mort, à l’hôpital militaire du Val de Grâce.

    La seconde a lieu en  2003 à Badgad  par les troupes américaines qui viennent d’envahir l’Irak. Sa sépulture est volontairement profanée sur ordre du gouverneur  Paul Bremer- voire de ses supérieurs ? Le mausolée rasé, la statue endommagée, les archives  détruites.

     La troisième fois, en cours… avec ce « Printemps arabe » qui prend le contre- pied idéologique du nationalisme arabe théorisée par l'intellectuel, homme politique, Michel Aflak et ses compagnons.

    L’affaire de  la tombe vandalisée, de la dépouille détruite et probablement disparue  avait scandalisé  le monde arabe  à l’époque. Uniquement lui.

    Quel besoin avait l’armée la plus puissante au monde  de s’attaquer à de pauvres ossements, dans un acte rare d’irrespect ? Quel "symbole à abattre" représentaient ces reliquats d'homme ?

    Finalement, cet acte daté de 2003  s’éclaire dans le contexte géopolitique actuel. Voire, il offre une clef majeure de compréhension des événements apparemment confus qui agitent  la région, dans la droite ligne de la doctrine Bush de reconfiguration du moyen-orient.

     Qui est-il? Michel Aflak est tout simplement le théoricien  du  Baas,   le parti de la résurrection arabe (lire  article documenté de Philippe Conrad, directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense)

    La Syrie généralement considérée comme « cœur » du monde arabe  est très certainement au cœur historique du nationalisme du même nom.

    Michel Aflak nait en 1910 dans la communauté orthodoxe damascène,  d’un père déjà nationaliste, opposé à l’empire ottoman puis aux français au sein du Bloc National fondé en 1928.

    Ce mouvement de rébellion active fait suite aux idées avant-gardistes de la « Nahda » produites au XIXème siècle au sein de la diaspora égyptienne par des intellectuels libano-syriens, souvent maronites.

    La  « Nahda= renaissance »  intervient au départ  comme prise de conscience "face à" et "grâce à" l'Europe, de la nécessaire modernisation des sociétés arabes: écoles,  séparation de l'État et de la religion,  libération féminine, égalité de traitement confessionnel etc.

    michel aflak,non alignés,usa,israel,egypte,baas,nationalisme arabe,printemps arabeEn 1942, Michel Aflak, intellectuel chrétien,  jettera les bases d’un parti nationaliste panarabe dit de la « résurgence », le Baas. Ce, avec son ami  Salah Bitar, sunnite d'une famille  pieuse de Midan (quartier de Damas) rencontré à la Sorbonne, puis plus tard avec Zaki al Arzouzi, un alaouite d'Alexandrette né à Lattaquié, initiateur du "Club de l’arabisme".Tous ces politiciens, écrivains, philosophes, professeurs  ayant Paris en commun.michel aflak,non alignés,usa,israel,egypte,baas,nationalisme arabe,printemps arabe

    Au congrès fondateur du Baas en 1947, son discours : « une seule nation arabe, de l'Atlantique au Golfe. Les Arabes forment une seule nation ayant le droit imprescriptible de vivre dans un État libre. Les moyens de la résurrection sont les suivants : l'unité, la liberté, le socialisme"

    Il va sans dire que cette théorie politique se pose contre la création de l'Etat d'Israël (1948) et de ses développements. Tous ces idéologues participeront activement à des combats. Pour finir, le parti Baas se déclinera dans les Etats voisins de l'Irak et d'Egypte. Une éphémère RAU ," république arabe unie"unissant Egypte et Syrie verra le jour en 1958. Elle sera vouée à l'échec.

    Michel Aflak doit s'exiler en 1966 de son pays suite au coup d'Etat par des officiers marxistes dont le général  Salah Jedid. Il critiquera cette prise de contrôle des militaires. S. Jedid orientera clairement le pays dans l'axe soviétique. ll sera débarqué en 1970 par son ministre de la défense Afez el Assad.

    BASES DE SA THEORIE POLITIQUE NATIONALISTE ARABE:

    Aflak rejette le capitalisme tout comme le marxisme (car athée et  matérialiste) Il entend  construire un socialisme ... arabe:« Il n'est pas difficile pour les Arabes, s'ils se libèrent du cauchemar du communisme, de découvrir un socialisme arabe émanant de leur âme, au service du nationalisme arabe et comme facteur essentiel de sa résurrection" (1944 Aflak et Bitar)

    Ses bases de réflexion se nomment arabité, nationalisme, socialisme ( surtout pas communisme ni marxisme !)  laïcité (certes "orientale") et islam non politique.

     /Arabité exacerbée comme recherche du "plus grand dénominateur commun"dans le cadre des sociétés pluri-confessionnelles proche-orientales.

     Toutefois, ce concept d'arabité si cher au nationaliste  damascène est un des plus  difficiles à définir puis à  manipuler car toutes les minorités ou confessions du proche-orient ne sont pas forcément  arabes. Et, par ailleurs,  tous les  "vrais" arabes ne se définissent pas  obligatoirement comme tels- au Liban par exemple !!

    De plus, arabe ne signifie pas forcément  "enfant du désert, du sable et de la tente" ! Car l'urbanité arabe est parfaitement identifiable (ex :Damas et ses maisons dites " arabes" qui tournent autour d'une cour, d'un bassin  et d'un jardin de roses, abritant une famille élargie)   

    La définition la plus simple : arabe =" sémite et locuteur de langue arabe". Point barre !

     /Nationalisme. Les Etats Nations arabes, souverains et puissants  se créent dans le sillon des Indépendances  alors que des enjeux géo-stratégiques (autour d'Israël, autour de Suez, passage si vital pour le commerce mondial) et des ressources pétrolières, gazières sont majeurs pour les super-puissances. Cela  va, quelque part, gêner les occidentaux.

    En outre ces Etats nationalistes restent un front du refus à toute initiative d'avaliser les frontières israéliennes de 1967. Ils réclament invariablement l'application du droit international (la fameuse résolution 242 de l'ONU) et invariablement le concept de "Paix contre territoires occupés en  1967".

    /Socialisme. La Syrie se nomme officiellement "République  Arabe Syrienne" et le parti Baas dénommé "arabe socialiste ". L'Union Soviétique puis la Russie reste  sa  sphère  relationnelle privilégiée  en matière militaire notamment (formation des cadres, armement, accueil de navires à Tartous) suite au coup d'Etat de 1966 par un militaire baasiste opposé aux fondateurs (Aflak et Bitar) qu'il chasse, Salah Jedid, pro-soviétique.

    /Laïcité... toute orientale et originale : une superstructure laïque   basée sur des fondements confessionnels !:

    Oui, la Syrie est laïque mais d'une manière particulière,  tout comme l'était la pensée de Michel Aflak!  

    Le "Pays de Sham",  Bilad el Sham possède une superstructure laïque: sa Constitution ne fait pas référence aux lois religieuses du type charia, la mention de la confession a disparu des cartes d'identité sous Hafez el Assad. Des lois - pas forcément appliquées-interdisent le voile dans les écoles et les Universités.

    Mais cette" laïcité non athée" (complexe ) chapeaute un système confessionnel traditionnel : dans ce pays, on ne peut que se voir inscrit à la naissance  sur les listes d'une communauté (toujours celle du père). Chaque communauté /confession gère ses ouailles suivant les règles qui lui sont propres. Ce qui rend l'Orient compliqué à celui qui ne sait le décoder et le pratiquer. Résumé: une loi laïque non athée globale s'applique en même temps que des lois confessionnelles et/ou communautaires aussi diverses les unes que les autres.

     L'Islam n'est absolument pas négligé dans la pensée de Michel Aflak. Il considère que cette religion est une composante majeure de l'identité arabe.  D'ailleurs, la règle de la Constitution impose en Syrie, république... laïque un Président musulman. Sauf que  la laïcité  prônée par le Baas  évacue la notion d'islam politique.

     Conclusion : Les grands  Etats arabes  qui se structurent lors des  indépendances post coloniales et/ou post monarchiques  vont puiser à l''eau  des théories nationalistes affinées (particulières au contexte local) de Michel Aflak. Et de fait, se retrouver le plus souvent  dans le camp des  non alignés, proches de la sphère soviétique. Toujours  très soucieux de leurs  limites territoriales et des prérogatives souveraines.

    On comprend mieux pourquoi l'armée Us  détruit le mausolée Aflak et la dépouille dès ses premiers mois de présence en Irak. Ces grands Etats arabes indépendants, nationalistes de type laic ont l'heur de se trouver, on le répète, dans " l'autre camp".

    Les syriens se reconnaissent dans une syrianité  historique (anté-biblique et biblique, califat  omeyyade des années 750 ) Egalement dans une syrianité nationale sinon nationaliste qui transcende l'extraordinaire mosaïque humaine de sa vingtaine de confessions/communautés.

    Aujourd'hui, avec le "Printemps arabe", une guerre civile fait rage pour remplacer apparemment un Etat nationaliste laïc mais non athée par un islamisme politique  pro-occidental: la troisième mort de Michel Aflak?

     Sylvie Neidinger

     

    Série Surya sur blog TDG "neidinger" :

    Article 1-Baal Hadad lance ses foudres en Syrie.

    Article 2-Le printemps néo-colonial arabe

    Article 3- Clinton-Israël en "intelligence amie". Les Etats Arabes le sont-ils?

    Article 4- Michel Aflak est mort trois fois

    -Un article spécifique sera consacré à la description  de l'extraordinaire mosaïque de la  population syrienne, si riche et si complexe.

     Abstract/résumé de "Michel Aflak est mort trois fois!"

    "La tombe de Michel Aflak est vandalisée en Irak en 2003 par l'armée US. Cet intellectuel syrien était le théoricien du parti Baas: arabité,nationalisme, laïcité (originale laicité non athée syrienne comme superstructure d'une société clairement confessionnelle) Le Printemps arabe tend vers  l'objectif   de supprimer les régimes nationalistes arabes issus des indépendances, en concordance avec la doctrine Bush de reconfiguration dudit monde arabe au profit  d'un Islam politique pro-occidental( prochain article).

    Trois  photos= capture d'écran sur le net. Michel Aflak, Salah Bitar, Zaki Arzouzi

                                          RUBRIQUE PROCHE-ORIENT SERIE SURYA

  • Clinton-Israël en "intelligence amie". Les Etats Arabes le sont-ils?

    « Intelligente avec ses amis israéliens » avec comme objectif stratégique désigné l'axe chiite : les récentes déclarations de la secrétaire d'Etat américaine  Hilary Clinton donnent un décodage  significatif autour du « Printemps arabe »

    Lors de sa visite à ses alliés hébreux le 16 juillet dernier, elle répond à  Benjamin Netanyahu (qui évoque  la  période actuelle pleine  de changements sans précédents  et beaucoup de défis à relever)  que les Etats-Unis entendent : « continuer à se concerter étroitement avec Israël comme nous le faisons sur une base quasi quotidienne au niveau de nos deux  gouvernements »

    Face au Président Shimon  Peres, elle  développe  un commentaire hyper significatif : "C'est une période d'incertitude, mais aussi un moment où se présentent des occasions. Nous avons la possibilité de faire avancer nos objectifs communs en matière de sécurité, de stabilité, de paix et de démocratie. C'est dans ces moments-là que des amis comme nous doivent penser ensemble, agir ensemble.  Nous sommes appelés à être intelligents, créatifs et courageux. »

    USA et Israël en intelligence ensemble, amis intelligents face aux ...autres. Ce,  alors que la responsable américaine arrive  d'une visite en Egypte à la rencontre du nouveau  Président  islamiste Morsi.

    Quid des Etats arabes par déduction logique ? Non intelligents ? ? Ils  n'ont pas eu, en tous cas, l'honneur  de cette proximité spirituelle et amicale. Remarque ...aucun n'a protesté !

    Ensuite, en visitant  ses alliés turcs le 11 août dernier, la secrétaire d'Etat américaine a réaffirmé  l'objectif prioritaire  US de  « casser les liens Hezbollah, Syrie, Iran »

    Iran et Syrie étaient déjà dans la liste des Etats dits « voyous » par la doctrine Bush énoncée le 20 septembre 2002, listing dit    de «  l' axe du mal » suivant la terminologie moralisante de l'époque.

    Le premier Etat militaire au monde n'entendait  plus voir sa suprématie contestée comme elle le fut pendant la guerre froide. Surtout après les  évènements du 11 septembre.

    En lieu et place aujourd'hui  est annoncée comme objectif martial une liste de pays  exclusivement ...chiites moins l'Irak-passé entre temps sous domination américaine- et moins la Corée du Nord, hors actualité.

    En quoi le chiisme, cet islam à clergé, dérange -t-il  au point d'une telle focalisation...mondiale ?

    Les réalités présentées par Madame Clinton ne sont pas toutes de même nature -car l'Iran est perse, non arabe. Mais les trois  désignés se soutiennent effectivement sur le terrain:

    -          Le Hezbollah est l'un des partis politiques au pouvoir au Liban, celui des chiites  qui, dans le jeu confessionnel institutionnel dirige le Parlement (présidé par Nabih Berri du parti islamique chiite Amal) Analyse : s'attaquer au Hezbollah, composante du paysage politique, c'est aussi s'attaquer à l'Etat souverain du pays du Cèdre !

    -          La Syrie est baassiste, socialiste et LAIQUE dans sa constitution. Son président de confession  alaouite (une version chiia  très particulière, ésotérique)  appartient à une composante minoritaire du pays mais au pouvoir.

    -          Le chiisme islamique iranien  est religion d'Etat. L'Iran possède ou veut posséder l'arme nucléaire. Les occidentaux lui envoient  pour contrôle, l'agence onusienne AIEA. Les iraniens ne comprennent pas pourquoi Israël, sur-équipé en arsenal nucléaire, ne rend de comptes à personne. La  dite communauté internationale- dont les européens habituellement exigeants- ne lui demandant  aucune comptabilisation ni surveillance de l'AIEA ! Signe que tous les pays ne vivent pas une égalité de traitement sur le terrain même onusien, selon les observateurs.

    Ce qui unit ces trois  chiismes désignés "Ennemi mondial numéro 1"? Très  certainement le fait qu'ils sont non alignés  et qu'ils ont la dent dure contre Israël en plus évidemment de positions géostratégiques majeures !

    Ils réclament toujours haut et fort le principe de la « paix israélo-palestinienne  contre les territoires de 1967 » alors que l'Etat hébreu, les USA amis, les alliés européens et autres   prônent plus ou moins ouvertement  une paix armée gratuite, en échange de ...rien du tout !

    Les chiites de facto restent la composante du « grand moyen-orient » non alignée à l'Occident  toujours pro-russe  et/ou pro-chinoise.

    Depuis plusieurs années, Israël menace d'attaquer l'Iran par la voie aérienne. Et semble toujours prêt à le faire.

    En revanche, son activisme contre les chiites n'a pas toujours été gagnant. Son intervention directe  du 12 juillet 2006 contre le Hezbollah fut un échec. Trop sûre d'elle, l'armée israélienne  attaque à froid  le Liban pour  démanteler la milice. L'opération vire au vinaigre. Elle s'y casse les dents. La communauté internationale désapprouve massivement l'attaque du Liban au cœur de l'été. Par les doubles nationalités- détail oublié de l'état-major israélien !- tous les pays du monde presque  avaient des nationaux coincés au Liban et le faisaient remarquer haut et fort. Israël s'est retiré. La milice  chiite a ensuite  paradé de sa victoire, celle d' une milice contre une armée d'Etat.

    Avec le «  Printemps arabe »  l'objectif US de démolir l'axe  chiite s'applique directement à la Syrie. Les USA ont compris avec l'Irak combien une occupation directe leur  coûte en vies de soldats, en moyens financiers colossaux, en symbolique négative d'occupant. L'Etat hébreu a compris avec le Liban que les attaques au sol sur le terrain coûtent  cher en vie de soldats, en images médiatiques désastreuses.

    Usa et Israël sont  effectivement hyper intelligents en Syrie. Puisqu'aujourd'hui une partie des arabes sunnites  et chiites   s'y battent désormais... entre eux ! Ils  réalisent de fait  les objectifs américains du  GMEI (great middle east initiative)

    Le « Printemps arabe »  dans sa version syrienne est absolument productif pour les deux protagonistes  amis qui bénéficent d'une une guerre par procuration sur le terrain ( certes avec des appuis logistiques indispensables. Tout comme en Libye , ceux de Misrata ne pouvaient rien  bouger  ni réussir sans l'Otan)

    Dans "balad el sham" la "révolution" médiatiquement dénommée,  avait commencé chaque vendredi après-midi au sortir des mosquées de quartiers traditionalistes sunnites du type Baba Amro à Homs etc.

    Lors des  manifestations par ceux que nos médias occidentaux nommaient les « démocrates » le spectateur télévisuel  pouvait lire les slogans confessionels mortifères  du type «  alaouites au cimetière, chrétiens au Liban »  Au programme : guerre civile et déplacements de populations. Pas moins. Ce dès le printemps 2011, dès le début. Avec l'appui des...grandes démocraties mondiales: USA, France, GB etc...

    Les occidentaux sur le terrain syrien ont enclenché, démultiplié les faits par un accompagnement certain des  services secrets français au Liban,  de la Cia en Turquie etc. Le tout financé par l'Arabie Saoudite et le Qatar un conflit interne.

    Résultat : aujourd'hui des arabes sunnites se  battent en Syrie contre des arabes chiites mais aussi de facto  contre   les autres confessions... pour répondre aux objectifs atlantistes !!!

    En résumé : en Syrie,  les arabes se battent entre eux, dont les sunnites pour éliminer l'axe chiite au profit de l'axe de l'Otan, avec la bénédiction de l'actuelle Ligue Arabe.

    Oui, vraiment américains et israéliens sont effectivement... redoutablement  intelligents ! Mais au risque de jouer avec le feu qui allumera un  embrasement général incontrôlé.

    La suite se joue ces jours -ci sous nos yeux  au....  Liban (patrie du Hezbollah ) qui commence à se voir destabilisé par les évènements du grand voisin, le pays de Sham, dénomination  antique de la Syrie. L'Irak à majorité chiite qui connait chaque jour son lot d'attentats peut aussi s'enflammer.

    Sylvie Neidinger

    Série Surya sur blog TDG "neidinger" :

    Article 1-Baal Hadad lance ses foudres en Syrie.

    Article 2-Le printemps néo-colonial arabe

    Article 3- Clinton-Israël en "intelligence amie". Les Etats Arabes le sont-ils?

    Article 4 à venir - Michel Aflak est mort trois fois


    Résumé-Abstract de Clinton-Israël en "intelligence amie'Les Etats Arabes le sont-ils?:

    L'axe chiite Hezbollah-Iran-Syrie, non aligné, est dans le viseur des occidentaux . En Syrie, par le Printemps arabe, les USA, Israel et les alliés réalisent cet objectif par procuration : une guerre civile confessionnelle interposée entre musulmans sunnites et chiites.

    Photo issue de capture d'écran de Libération, en lien web avec cet article.

    Cet article a créé deux liens web avec des articles intéressants produits par l'Université de Sherbrooke( Québéc- Canada) Nota : ce site très intéressant baptisé "Ecole de politique appliquée"web

     

     

                                          RUBRIQUE PROCHE-ORIENT SERIE SURYA