Ce 31 octobre 2017 fait date pour l'histoire du protestantisme. Un demi-millénaire pile!
En ce jour de 1517, Martin Luther, moine allemand affichait sur la porte de l'église du château de Wittenberg (Saxe) ses 95 thèses contre les indulgences et leur commerce par l'Eglise catholique: la Dispute.
Globalement les médias hexagonaux, à part quelques articles souvent arrivés en fin de journée sont passés à côté de cet anniversaire extraordinaire de "500 ans jour pour jour", la tv surtout. Toutefois quelques articles sont publiés sur le thème dont celui de l'Express.
Les protestants de Grenoble ont marqué l'événement en ce jour précis avec une initiative, la conférence-visite du "Grenoble protestant" par l'historien et très enthousiaste, professeur agrégé d'histoire François Boulet et par Olivier Cogne, directeur du Musée Dauphinois. Ce, en partenariat avec l'église protestante unie de Grenoble et le comité d'organisation "Luther et les 500 ans de la Réforme".
La visite terminera son spectre historique à la deuxième guerre mondiale. Un demi-millénaire balayé en trois heures.
GRENOBLE, TETE DE PONT DU PROTESTANTISME
Grenoble est très tôt au contact des nouvelles idées dès 1523. Moins de 5 années pour passer de Wittenberg au Dauphinois.
Des fondateurs majeurs dont un certain Guillaume Farel issu du gapençais voisin, lequel fera venir Calvin à Genève. Grenoble suivra plutôt cette tendance calviniste. L'évocation du protestantisme grenoblois et de tout le Dauphiné...passe par le Trièves, Mens, Tréminis, le Diois. Rappel: des échanges avec Vaud sont instaurés depuis le moyen-âge. Citation du lyonnais Aimé Maigret,
Etonnant d'apprendre que la ville confluente du Drac et de l'Isère fut 100 % protestante... trois semaines durant avant de connaître une puissante contre-réforme. Grenoble est une ville importante: troisième parlement autonome de France après Paris et Toulouse.
La ville va compter une Chambre de l'Edit pour gérer les relations religieuses. Cette Chambre va avoir compétence jusque sur les régions de Provence, Languedoc et Bourgogne. Elle sera supprimée en 1679 à la veille de Révocation de l'Edit de Nantes.
Grenoble ne connaîtra pas de Saint-Barthélemy, cet événement français qui interpelle aujourd'hui encore l'historien François Boulet. Comment comprendre cette tuerie de voisin à voisin. Du voisin avec qui on vit depuis toujours !
Grenoble sera toutefois impactée par ce massacre, les protestants prenant peur.
Soit ils abjurent. Soit ils commencent le départ vers le nord par Genève, jusqu'en Allemagne, Hollande voire en Afrique du sud.
La perte de ses forces-vive par l'Hexagone devient une hémorragie...
A noter, ce blog avait déjà rédigé quelques articles sur ce trajet huguenot, à Fort-Barraux
RUE VIEUX-TEMPLE DISPARU
Les trois heures de conférence-visite érudites ne se résument aisément.
Visite in situ fort complète avec même celle du premier Temple disparu dont la rue continue à porter le nom. Aucune image n'en reste. Il se dit qu'il était l'un des plus beaux de France.
LES HISTORIENS GRENOBLOIS REDECOUVRENT
Un colloque il y a un an avait éclairé le sujet du protestantisme dauphinois en hommage au chercheur Pierre Bolle. Bonne nouvelle : les données seront bientôt être accessibles car prochainement publiées.
Plusieurs expositions marquent cet anniversaire. L'une au Musée Dauphinois consacrée au prince protestant François de Bonne, Lesdiguières.
"Issu de la petite noblesse du Champsaur, François de Bonne (1543 - 1626), duc de Lesdiguières, connaît une ascension fulgurante. Chef de guerre des protestants du Dauphiné au temps des guerres de Religion, il contribue à la toute fin du XVIe siècle à la pacification de la province et à l'application de l'édit de Nantes. Militaire, fin politique, proche d'Henri IV, il concentre les pouvoirs au début du XVIIe siècle tel un « prince » dans la capitale dauphinoise. Bâtisseur, il modifie considérablement la physionomie urbaine de Grenoble à cette époque. Sensible aux arts et aux lettres, il fait appel à des artistes français et étrangers pour ses propriétés dauphinoises et son hôtel particulier à Paris."
L'autre expo est visible à l'Hôtel de Ville. Hier 31 octobre était le vernissage, date évidemment très forte.
HUGUENOT
De cette visite j'ai appris le définition du terme "huguenot" visiblement de la langue allemande ou suisse allemande EIDGENOSSEN soit carrément un schismatique.
Sylvie Neidinger
Huguenot, ote
Nature : s. m. et f.
Prononciation : hu-ghe-no, no-t'
Etymologie : On a donné un grand nombre d'étymologies de ce mot. Voyez celle qui est rapportée à l'historique de hugon, et qui, avant d'Aubigné, est donnée aussi par Pasquier : On a commencé de donner à tout le nouveau monde de ceste faction le nom et tiltre de huguenaux ; d'autant que la premiere descouverte que l'on en a faite a esté en la ville de Tours, où ils ont opinion qu'il y a un rabast [esprit] qui revient de nuit, qu'ils appellent le roy Hugon, et y appelle l'on dès pieça hugenaux tous ceux qui sont de la secte de Calvin, pour faire leurs assemblées et conventicules de nuit comme si en cecy ils fussent disciples et sectateurs de cest esprit, Lett. t. I, p. 180. Voyez aussi l'étymologie que donne Castelnau ci-dessus. D'après de Brieux, un orateur protestant commença ainsi sa harangue : Huc nos venimus, huc nos..., et resta court ; de là Huguenot. Tout cela est sans fondement. Une étymologie plus vraisemblable qu'on a indiquée est le mot allemand Eidgenossen, confédéré, de Eid, serment, et Genosse, compagnon ; la forme aignos dans les Mémoires de Condé l'appuie. Mais on a objecté que le sens n'était pas favorable à cette étymologie, confédérés s'appliquant mal à une secte religieuse ; que ce mot ne constituerait pas un terme d'injure comme les calvinistes l'envisageaient eux-mêmes, et qu'il ne pourrait s'appliquer qu'aux Suisses protestants, qui pourtant n'ont jamais porté ce nom ; eidgenossen est le titre que se donnent les citoyens de la Suisse, tant protestants que catholiques. Ce fait donne, on peut dire, la certitude à la conjecture de Mahn, qui sans le connaître, a dit que huguenot est un diminutif de Hugues, et que le nom, en tant que terme d'injure, se rattache à quelque hérétique de ce nom. Ce mot, au sens de calvinistes, paraît se trouver pour la première fois sous la forme de huguenaulx, dans une lettre du comte de Villars, lieutenant général en Languedoc, du 11 novembre 1560 (voy. VAISSETTE, Hist. du Langued. t. V).
*Autre historien du protestantisme français, (Cévennes etc). Patrick Cabanel
*Célèbration à Wittenberg avec Angela Merkel, fille de pasteur
crédit images photos neidinger
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