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Politis Grenouillade - Page 3

  • Harry et Meghan, probables mégalos, heurtent les américains en appelant à voter.

    Mais pour qui se prennent-ils? 

    Le couple Sussex  a choqué en appelant les américains à ...voter. Ils sont critiqués.

    Harry, de nationalité britannique de surcroît se permet de quitter la neutralité qui sied à un membre de la famille royale. Meghan, femme autoritaire semble porter la culotte...

    Le couple imbu de lui même et s'autoproclamant influenceur  joue sur tous les tableaux.

    Ils se disent, sur instagram,  membres "supérieurs" de famille royale britannique. Quelle  horreur démocratique car ....qui sont les inférieurs? Vision extrêmement hiérarchisée.

    Une contradiction majeure car le duc -qui ne peut pas voter dans son pays-  et la duchesse   se mêlent d'une élection ...démocratique aux...USA !

    Cela ne passe pas

    Le beurre et l'argent du beurre, une auto médiatisation de paroles creuses.

    Sur ce point Donald Trump réactif aux  people a tweeté contre le couple.

    Mégalo Meghan entend même dans son immense modestie devenir présidente des USA un jour. Pas moins.

    Harry joue au  clown médiatique people. Il  brouille son image et celle de son pays, UK. Les britanniques sont furieux et veulent que les titres leur soient rapidement supprimés.

     

                                                     Sylvie Neidinger

                                                        

  • Les zoos humains pour exhiber les "sauvages"jusqu'en 1930

    "Kamasutra de l'ensauvagement de la presse" de E Macron. Suite des positions sur cette question: ici les zoos humains pour présenter ceux que l'on nommait "sauvages".

    Humains réduits à l'état de bêtes curieuses.  Etres humains exhibés dans les jardins d'acclimatation. Expos coloniales pour  justifier la hiérarchisation des races, les bienfaits du pouvoir "civilisateur".

    Illustration du racisme ordinaire: 35 000 exhibés, 1,5 milliards de visiteurs en tout, en France, Allemagne, Suisse, Angleterre...Barnum et la manipulation de l'histoire aux USA.

    On vient voir des "sauvages en chair et en os" venant de contrées lointaines.

    Du pur cinéma avant l'heure: il leur est même demandé de jouer aux cannibales ! Pendant que sur le terrain les peuples sont souvent éliminés. ( Fuégiens de Patagonie, dernier survivant disparu en 1960. Peuple décimé de maladies pulmonaires, Vénus Hottentote exhibée comme un monstre, aborigènes,..) 

    Ils sont présentés comme étrangers,  anormaux...sauvages par des entrepreneurs de spectacle certes. Par les empires coloniaux, les Etats eux-mêmes dans le cadre d'expos universelles! Un modèle "racialogique" pour exposer la force supposée  bienfaitrice du modèle colonial.

    France. Guyane. Saint Laurent du Maroni. La jeune Moliko , amérindienne kalina, exposée au jardin d'acclimatation. Peuples "ensauvagés", humiliés, objets d'études pseudo scientifiques à caractère racialiste ! Elle rentrera chez elle en Guyane, traumatisée du calvaire des exhibés.

    Passage du racisme scientifique de différenciations humaines au racisme populaire au contact direct d'individus dits primitifs , le pygmée représentant le modèle parfait  de la sauvagerie absolue par sa petite taille.

    Aux USA,  dans la culture du spectacle américaine mais aussi à l'expo de Saint-Louis  où Ota Benga du Congo est exposé dans une cage avec un singe carrément ! L'homme se suicidera.

    On ne peut que signaler l'excellent documentaire sur Arte.

    https://www.arte.tv/fr/videos/067797-000-A/sauvages-au-coeur-des-zoos-humains/

    (ARTE)  :Pendant plus d'un siècle, les grandes puissances colonisatrices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres humains arrachés à leur terre natale. Retracée dans ce passionnant documentaire, cette "pratique" a servi bien des intérêts.

    Ils se nomment Petite Capeline, Tambo, Moliko, Ota Benga, Marius Kaloïe et Jean Thiam. Fuégienne de Patagonie, Aborigène d’Australie, Kali’na de Guyane, Pygmée du Congo, Kanak de Nouvelle-Calédonie, ces six-là, comme 35 000 autres entre 1810 et 1940, ont été arrachés à leur terre lointaine pour répondre à la curiosité d'un public en mal d'exotisme, dans les grandes métropoles occidentales. Présentés comme des monstres de foire, voire comme des cannibales, exhibés dans de véritables zoos humains, ils ont été source de distraction pour plus d'un milliard et demi d'Européens et d'Américains, venus les découvrir en famille au cirque ou dans des villages indigènes reconstitués, lors des grandes expositions universelles et coloniales. Racisme populaire
    S'appuyant sur de riches archives (photos, films, journaux…) ainsi que sur le témoignage inédit des descendants de plusieurs de ces exhibés involontaires, Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet restituent le phénomène des exhibitions ethnographiques dans leur contexte historique, de l’émergence à l'essor des grands empires coloniaux. Ponctué d'éclairages de spécialistes et d'universitaires, parmi lesquels l'anthropologue Gilles Boëtsch (CNRS, Dakar) et les historiens Benjamin Stora, Sandrine Lemaire et Fanny Robles, leur passionnant récit permet d'appréhender la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée du "sauvage". Et comment, succédant au racisme scientifique dominant/dominé. Expo coloniale d eMarseile en des débuts, a pu s'instituer un racisme populaire légitimant la domination des grandes puissances sur les autres peuples du monde.

    https://www.laliberte.ch/dossiers/histoire-vivante/articles/le-succes-suisse-des-villages-negres-434722

    https://pages.rts.ch/docs/histoire-vivante/9216250-sauvages---au-coeur-des-zoos-humains.html

    https://www.letemps.ch/opinions/suisse-exhibait-sauvages-geneve

    https://www.nouvelobs.com/monde/afrique/20181128.OBS6158/pendant-150-ans-des-hommes-ont-exhibe-d-autres-hommes-dans-des-zoos.html

    https://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BANCEL/1944

    Le statut de "sauvage" se présentait évidemment par opposition celui de "civilisé." L'un mettant en valeur l'autre. Expo coloniale de Marseille en 1922 par exemple.

    Les populations coloniales seront finalement considérées comme "civilisables" quand les besoins se font sentir de troupes coloniales  combattantes pour la première guerre mondiale...

    Joséphine Baker, en 1925, libre, intelligente, adulée et détestée va se jouer de l'image du sauvage avec sa ceinture de banane. Son spectacle "exotique" à Paris fait exploser le mythe colonial de l'intérieur par cette artiste majeure.

    Expo coloniale de Vincennes (1931) 33 millions de tickets vendus. Le "Sauvage" étant entre temps devenu "brave" indigène.

    Marius Kaloie, kanak, sera dans les années 30 parmi les derniers piégés du cirque zoologique. Un retour au XIXème siècle avec  sa troupe -brutalisée. La troupe kanak se révolte, elle aussi piégés. Des hommes ordinaires kanaks, de la vie ordinaire, douaniers et autres ayant accepté ce voyage en Europe qui a viré au cauchemar pour eux. L'exhibition n'est plus acceptée. Ligues de droits de l'homme, partis politiques: la mise en scène heurte désormais. Les kanaks sont rapatriés. Maius Kaloie reste et se marie avec une française. Magnifique symbole d'une page qui se tourne.

    La fin des zoos humains marque le début des guerres de décolonisation.

    L'image du sauvage ne passe plus effectivement  par les exhibitions.  Mais elle perdure ! Commence l'ère du cinéma et ses représentation des "sauvages" (ô King Kong!).

    Au milieu des année 1990, chercheurs et historiens ouvrent les archives coloniales. Les artistes s'emparent du sujet . Ayana V. Jackson par exemple revisite les clichés anthropologiques du XIXème siècle.

    Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie ! Claude Levi Strauss.(Race et histoire 1961) 

                               

                                                                            Sylvie Neidinger

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    #BlogNeidingerEnsauvagementSémiologie

    1) Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2) Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3)Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4) Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5) Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930

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  • Le "sauvage"a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    "Kamasutra de l'ensauvagement " dixit E Macron. Ici suite des...positions ou angles de presse du #BlogNeidinger!

    Le blog a analysé précédemment le mythe fabriqué du "bon sauvage".

    La question historique suivante est  de savoir si cet Indien que l'explorateur du XVIème siècle rencontrait sur le continent américain  avait une âme ou non. 

    Etonnant débat théologique connu sous le terme de  Controverse de Valladolid,  organisé par Charles Quint sous le pontificat de Jules III entre docteurs de la Foi. Bartolomé de las Casas et Juan Ginès de Sepulveda prônant un avis opposé.

    Le premier dénonçait les exactions contre les populations locales. Il en savait quelque chose: il avait été lui même... propriétaire/colon d'une "enconmienda" recevant terre et population autochtone avec !

    Le prêtre Antonios de Montesinos fut le premier à réagir dans  un sermon célèbre pour dénoncer la "cruauté envers des populations innocentes"

    "Lors d'un sermon du  à Saint-Domingue, suivi d'un second le , il a dénoncé les injustices dont il a été témoin en annonçant « la voix qui crie dans le désert de cette île, c'est moi, et je vous dis que vous êtes tous en état de péché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente »1.

    « Ces gens ne sont-ils pas hommes ? N'ont-ils pas une âme, une raison ? », demande-t-il.

    Ce sermon fait allusion aux Indiens contre lesquels les espagnols ont bataillé tout le siècle précédent, en laissant entendre que Dieu ne sera pas plus clément avec les colons qu'avec les Indiens si les colons s'adonnent à l'esclavage comme le font les Indiens. Antonio Montesinos avait commencé, à partir de 1511, à refuser les sacrements aux propriétaires d'encomienda indignes et à les menacer d'excommunication, ce qui lui aliène l'oligarchie locale, en particulier le gouverneur Diego Colomb2, le fils de Christophe Colomb.""(wiki)

    A propos Christophe Colomb soutient l'asservissement. Il  décrit les populations dites "précolombiennes" en 1492  de son point de vue intéressé:

    « Ils nous apportèrent des ballots de coton, des javelots et bien d'autres choses, qu'ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots. Ils échangèrent de bon cœur tout ce qu'ils possédaient. Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux […] Ils ne portent pas d'armes — et ne les connaissent d'ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance. Ils ne connaissent pas le fer. Leurs javelots sont faits de roseaux. Ils feraient de bons serviteurs. Avec cinquante hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l'on veut. »

    Au contact des européens et leurs virus- dont ils ne partagent pas les protections immunitaires- ces amérindiens  vont tomber comme des mouches. Passant de plus d'un million à quelques milliers!  (du coup, on pouvait leur accorder une âme!) 

     Les Indiens avaient tout de même bénéficié d'un immense avantage: Ils furent tout de même "rangés" dans la catégorie... humaine par le pape Paul III.

    Sans quoi effectivement  Sepúlveda n'aurait jamais parlé du "devoir de les évangéliser ni ne se serait étendu sur leur « péché d'idolâtrie».

    La belle affaire: pour rendre chrétien, il ne faut pas se tromper d'espèce...Validé: ces populations nommées sauvages, primitives apaprtiennent bien au genre humain!

    Deux  optiques s'opposent: la conversion par force (Sepúlveda) ou par conviction (Las Casas) 

    Du coup, Las Casas va devenir devant l'Histoire le défenseur de la cause indienne. " Historia de las Indias" est publié... trois siècles après sa rédaction.

     Bémol: dans le tome III, Las Casas se repent d'avoir effectivement  accepté dans ses jeunes années que les colons soient autorisés à faire entrer leurs esclaves noirs dans les encomiendas américaines. À la suite de cet aveu, il condamnera également cet esclavage, aussi injuste et inhumain que celui des Indiens. MAIS TARDIVEMENT.

    En tous cas, les Indiens étant décimés  et peu adaptés au travail physique, s'ouvre la voie du commerce du "bois d'ébène", ces africains traités comme marchandises.

    Les Portugais pratiquant ce commerce cherchent à se justifier.

    La régression est forte: plus d'âme du tout !  Un, une  esclave n'en a effectivement pas mais des gencives pour juger de la  santé générale de "la bête".

    Il, elle a un prix. Il, elle  est une chose.

    L'esclavage  est aboli tardivement. En 1875 aux USA.

    La question n'est plus de savoir si le sauvage a une âme mais si la force motrice de ces êtres humains importés comme marchandise est bonne.

    Aucune Controverse de Valladolid n'a été signalée à propos des populations africaines esclavagisées...

    Mieux valait ne pas trop théoriser religieusement sur le sort fait à ces humains chosifiés  et tellement utiles avant l'invention du...moteur.

    Utilitaires,  outils de chair et de sang.

    Moteurs humains exportés par millions. ô scandale.

     

                                                            Sylvie Neidinger

     

    #BlogNeidingerEnsauvagementSémiologie

    1) Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2) Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3)Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4) Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5) Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930

     

  • Avant "l'ensauvagement": le mythe du "bon sauvage"

    Ici, une position supplémentaire...d'analyse du " Kamasutra de l'ensauvagement de la presse " honni par Emmanuel Macron.

    Soit un angle d'analyse autour d'un vocabulaire qui n'aurait jamais du se trouver dans la bouche d'un responsable gouvernemental.

    Décryptage.  Pour comprendre le terme "ensauvagement "(= humain revenu à l'état sauvage) il faut commencer par:

    1) savoir d'où vient cette notion de sauvage appliquée à l'humain.

    2) dès lors revisiter le mythe du "bon sauvage". Puis comprendre  comment passe-t-on du mythe du  bon sauvage de  Dame nature au "sauvage humain de zoo" de la période colonialiste.  

    Enfin dans la bouche d'un ministre de l'Intérieur en "ré-ensauvagement." 

    Sauvage est étymologiquement liée à la forêt (silva) Via l'ancien français salvage, du latin silvaticus (« de forêt, forestier »), devenu  salvatǐcus en bas latin. Soit à la  base un animal vivant dans la forêt. Appliqué à l'homme lors des premières confrontations: rencontre avec des individus même pas toujours habillés et rapidement qualifiés de sauvages ou primitifs..

    Extraits d'une excellente synthèse canadienne autour du terme "sauvage".(Canada, bien placé pour en parler avec ses populations autochtones en contact ) : 

    Les expéditions de la Renaissance mettent les européens en  contact avec d'autres "mondes" donnant un descriptif positif d'un état "naturel" contre la "culture", avec au passager le mythe positif de paradis perdu, ou celui de l'âge d'or. Une image qu'ils construisent par les récits de voyage.

    Amerigo Vespucchi (1454-1512) sur les Indien dans sa célèbre lettre intitulée Mundus novus (1503) : Ils n’ont de vêtements, ni de laine, ni de lin, ni de coton, car ils n’en ont aucun besoin; et il n’y a chez eux aucun patrimoine, tous les biens sont communs à tous.  Ils vivent sans roi ni gouverneur, et chacun est à lui-même son propre maître.  Ils ont autant d’épouses qu’il leur plaît […].  Ils n’ont ni temples, ni religion, et ne sont pas des idolâtres.  Que puis-je dire de plus?  Ils vivent selon la nature. 

    "Montaigne en 1580 cite  cette vie brutale et sauvage « qui est propre aux hommes primitifs » (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, XII, 478)"..

    Après les écrivains de la Renaissance et leur tradition humaniste qui découvrent, ceux des Lumières valorisent d'autant le "bon sauvage" qu'ils critiquent la colonisation ethnocentrique, les changements sociétaux autour du progrès. 

    Toutefois ces auteurs n'ont jamais été en contact réel avec ces peuples et affabulent, se représentent leur vie supposée "pure",  libres, sensuels, polygames,  presque "communistes"...

    Mythe du bon sauvage:"Ce type de récit, qui présente des forces et des personnages symboliques, servira aussi à mieux raconter la vie des hommes et à mieux rêver d’un ailleurs pour fuir l’écrasante réalité.   Au XVIIIe siècle, par la fiction du « bon sauvage », des philosophes tels que Diderot, Voltaire et Rousseau chercheront non seulement à critiquer la colonisation ethnocentrique des Européens en Amérique, mais aussi les idées de progrès et de raison au cœur même de l’idéologie des Lumières.

     Inspirés par les nombreux récits de voyages de Vespucci, Colomb, Magellan, et Gama des 16e et 17e siècles, ceux-ci, désireux de poursuivre la tradition humaniste de la Renaissance, interrogeront à travers elle de nouveaux modèles d’hommes et de sociétés.  En comparant leur monde à celui des indigènes tahitiens, brésiliens, voire canadiens, ils feront le procès de l’Europe qui, se croyant supérieure et indépassable, se donne pour mission de civiliser le Nouveau Monde.   Ce Nouveau Monde, que l’on aime dépeindre comme pur, vierge et bienheureux, sera bien sûr une représentation déformée, imaginée et amplifiée de la réalité : en effet, la vaste majorité des philosophes et littéraires n’a jamais même foulé la terre natale des « sauvages »!  Le mythe, synonyme dans ce cas d’invention et d’affabulation, reprend donc ici tout son sens.

    Libres, sensuels, polygames, communistes et bons, voilà les traits communs, mais combien caricaturaux, des habitants de ce « meilleur des mondes ».   *

    Étrangement, les penseurs du XVIIIe siècle se garderont longtemps de vouloir vérifier l’exactitude de ce genre de témoignage, car, on le sait, le « bon sauvage » ainsi présenté sert mieux à réfléchir sur l’homme, sa nature, ses facultés ainsi que sur sa société.  Sans nul doute,  Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est reconnu pour celui qui a le plus participé à ce mythe par la défense des idées suivantes qui traversent l’essentiel de son oeuvre:

    • « La nature a fait l'homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable. »
    •  l’homme, foncièrement nostalgique, a toujours eu besoin de retrouver son passé: le mythe du bon sauvage lui propose l’image rassurante d’un primitif heureux qui vit du fond des âges en parfaite harmonie avec la nature.  Ainsi, ces séduisantes fantasmagories lui permettront d’échapper au réel en voyageant dans des pays imaginaires exotiques et bienheureux.   Offrant d’autres manières de penser et de vivre, cette utopie chère aux philosophes défend la recherche du bonheur individuel et collectif tout en affirmant déjà les valeurs qui seront proposées quelques années plus tard par la devise même de la Révolution française : «Liberté, égalité et fraternité ».   Si elle annonce en quelque sorte le monde rêvé de demain, elle maintient aussi d’anciennes croyances judéo-chrétiennes associées au péché originel : l’homme, rappelle La Bible, aurait connu le paradis, mais l’aurait perdu après avoir croqué la pomme, symbolisant le la connaissance.   
    • La chute, associée au mal, se trouve du coup au cœur même du « mythe du bon sauvage » : en effet, l’Européen « perverti », par sa culture énorme et sa quête incessante de savoirs — on n’a qu’à penser à l’entreprise de L’Encyclopédie —, mais aussi par son goût du luxe, aurait donc signé sa propre perte.   Insatisfaits de cette vision primitiviste, les penseurs des Lumières cesseront d’apprécier le mythe du bon sauvage pour revenir à l’idée de progrès lorsqu’ils feront la découverte et l’observation d’enfants sauvages tels que Victor de l’Aveyron .Ceux-ci firent comprendre définitivement que l’homme, privé de la compagnie des siens, ressemble d’avantage à un animal qu’à l’idéal décrit par les colonisateurs, les missionnaires et les littéraires.   Il va sans dire que les voyages et les écrits de nombreux ethnologues  de la fin du siècle contribueront aussi à briser cette représentation idyllique.    Bref, on aura compris que rien ne pouvait éclipser le Progrès et la Raison, emblèmes tout-puissants de la lutte philosophique de cette période historique éblouissante.

    A suivre, d'autres positions du "Kamasutra de l'ensauvagement" gouvernemental: la Controverse de Valladolid. Question: les Indiens ont-ils une âme ?

    Puis les zoos humains coloniaux... 

                                                              Sylvie Neidinger

  • "Ensauvagement", terme inacceptable dans la bouche d'un responsable gouvernemental. Décryptage

    Quand la réalité d'un pays est éventuellement inflammable, tout responsable gouvernemental  qui se respecte, sérieux ne vient pas jeter de l'huile sur les flammes! 

    La parole politique des dirigeants politiques porte un poids symbolique fort.

    Stigmatiser au plus haut de l'Etat avec la  terminologie du "sauvage" adorée de la droite extrême  fait sombrer dans les heures sombres du populisme.

    Le ministre de la Justice Dupond Moretti ne s'y est pas trompé. Il fustige son "collègue"  le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin issu du sarkozisme.

    [Rappel. Sarkozy: cette présidence qui aboutit à la crise 2005 et ses centaines d'incendies de voitures puis la  non réélection en 2007.]

    G. Darmanin a sorti sa kärcher " Nous assistons à une crise de l’autorité. Il faut stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société. Il faut réaffirmer l’autorité de l’État, et ne rien laisser passer », déclare le ministre, avant un  déplacement à Nice sur le thème de l’insécurité.

    Agir contre les comportements aberrants, rétablir la règle de l'Etat (telle  cette crise des Tchétchènes de Dijon qui entendaient faire régner leur ordre) est une bonne chose, stigmatiser en est une autre.

    Employer un terme  de classification du genre humain  du 19ème siècle comme le pratique et le confirme  M. Darmanin  n'est pas concevable en 2020.

    Acquitator, le célèbre avocat connait le poids des mots. Il comprend les enjeux, réagit. Pourquoi ces joutes verbales au sommet de l'Etat ?

    Doit-on penser que le gouvernement Macron  se sarkozise? Qu'il  usite volontairement du vocabulaire de l'extrême-droite en vue des prochaines présidentielles 2022?  Alors, quel jeu électoral dangereux...

    Le terrain est effectivement très chaud. Trop chaud pour ce vocabulaire inflammable. "Ensauvagement" est un dérivé du vocable chevènementiste de "sauvageon" dans les années 90.

    Doit-on lire que Emmanuel Macron démarre sa campagne présidentielle autour de cette thématique, en  allant racler le sable sur les terres d'extrême-droite?

    Il est évident que le ministre Gérald Darmanin ne peut vivre sa vie vocabulariale gouvernementale sans validation présidentielle. E Macron contrôle la moindre mouche qui vole...

                            EN MEME TEMPS TOUT ET SON CONTRAIRE

    Observation: une répartition des rôles s'est installée EN MEME TEMPS au sein du même gouvernement Castex: Gérald  Darmanin, ministre de l'Intérieur avec sa thématique d'extrême-droite, Eric Dupond-Moretti à la Justice représentant le droit. Dont  le "droit- de-l'hommisme" de gauche. L'ancien avocat connait bien la réalité sociale et signale l'impossibilité ABSOLUE de dire n'importe quoi.

    Emmanuel Macron lui  est entré dans la partie, sans le dire.

    Il joue lui  balle au centre puisqu'il minimise volontairement en parlant d'incivilités pour des... crimes.

    Jean Castex lui réclame d'agir plutôt que parler. Certes mais attention,  certains mots missiles sont eux-mêmes des... actionsLes idées brunes sont montées dans les années 30 à coup de ...discours. Quel jeu électoral dangereux! 

    Si la séquence "linguistique" est volontaire:  c'est du sous-machiavel 

    Si la séquence est involontaire: "quelle pétaudière" aurait dit le Général de Gaulle...

    La séquence divise, affaiblit  La République en Marche. A juste titre.

                                                           Sylvie Neidinger 

     

    Suite : Emmanuel Macron président méprisant se permet d'....ironiser sur le "Kamasutra de l'ensauvagement" en.... attaquant la presse  

    Les policiers craignent une sarkozisation autour de la politique du chiffre