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VOCABULARIA, vie des mots - Page 4

  • Cluster? Cloître!

    Certains s'étonnent de ce terme devenu en usage courant avec la crise covid-19.

    Les chasseurs d'anglicisme dans la langue française, les dits "puristes" apprécient peu le terme de "cluster".

    Il se rencontrait avant covid-19 comme dans le  Grand Genève, en positif, pour signifier l'économie qui tourne autour du film d'animation. Signifier la spécificité des entreprises Rhône-alpines qui ont quelque chose à voir avec l'animation et se réunissent sous cette bannière. Un micro-monde en quelque sorte.

    Attention: la mise en danger supposée du français "pollué" par les anglicismes est à remettre en perspective. 4% des termes en français  seulement seraient  issus de l'anglais (ceci dit 4% des mots courants représente tout de même un listing certain)

    Il faut savoir que cela fonctionne plutôt dans l'autre sens: l'anglais est largement influencé par le français. Depuis Guillaume le Conquérant avec la forme normande de la langue.

    Selon la linguiste émérite, Henriette Walter plus de 2/3 du vocabulaire anglais est d'origine française! Au point de cette -méchante- boutade de Georges Clemenceau : "l'anglais? ce n'est jamais que du français mal prononcé"

    Jusqu'au paradoxe lié à cette raison: un étudiant anglais semble mieux  comprendre l'ancien français que son homologue hexagonal.

    La devise monarchique "Dieu et mon Droit"  date du règne d'Henri V (1413-1422)

    ou "Honi soit qui mal y pense", devise de l'Ordre chevalier de la Jarretière.

    Henriette Walter a de l'humour "Merci messieurs les anglais, vous êtes très polis, vous nous rendez une toute petite partie de ce qu'on vous a prêté autrefois". 

    Evoquer le don est effectivement plus sympathique que l'emprunt....

    Quelques exemples de "dons" : 

     

    2) Blanket (couverture)
    Jadis, nos ancêtre du XIIIe siècle utilisaient le terme "blanchet" pour désigner un morceau de drap blanc utilisé en pharmacie. Depuis le "ch" a été remplacé par "k" et le drap blanc est devenu une couverture, et tout le monde a oublié que "blanket" était un mot frenchie.

    3) Budget : vient de l’ancien français « bougette ». Une « bougette » était une petite bourse contenant de la monnaie, souvent accrochée à la ceinture d’une personne.

    4) Canvas (toile)
    Qui vient du picard "canevach", qui a ensuite donné "chanevas" en Ancien Français puis "canevas" en français moderne. Donc oui, les Anglais parlent picard. C'est beau.

    5) Curtain : que l’on peut traduire « rideau » en français, est issu du mot « courtine ». Une « courtine » était un rideau de lit.Du latin "cortina", une "courtine" était au XIIIe siècle un rideau de lit ou une tenture. Les Anglais en ont tiré "cortine" qui s'est progressivement transformé en "curtain

    6) Custom : qui signifie « coutume », vient du mot français utilisé aux XIIe et XIIIe siècle « custume ».

    7) Foreign (étranger)Qui vient donc du français "forain", et avant ça du latin "foris" qui désigne tout ce qui est extérieur (à la ville notamment, d'où la notion d'étranger). En français, nous avons ensuite conservé "forain" dans le sens de "personne qui travaille à la foire" et créé le mot "étranger".

    8) Mischief (malice)
    Au XIIIe siècle, "meschief" voulait dire "infortune". Un terme importé tel quel dans la langue anglaise du moyen âge avant de remplacer tous les "e" par des "i" histoire de passer inaperçu. Grillé les mecs, la prochaine fois que vous pompez tout sur les voisins merci de faire ça correctement.

    9) Proud : 6u XIe siècle, « prud » signifiait « vaillant », « fier ». Les anglais ont donc repris le mot français en rajoutant un « o ».Au XIe siècle "prud" signifiait "vaillant, fier". Le terme s'est ensuite transformé pour donner "preux", mais nous avons gardé dans notre vocabulaire la notion de "prud’homme".

    10) Purchase : a pris ses racines du vieux français « prochacier », ce qui signifiait « chercher à obtenir ».Purchase (acheter)
    Qui vient de "prochacier", version moyenâgeuse (XIIe XIIIe siècle) e "chercher à obtenir".

    11) Toast : le verbe « toast » signifie « griller », « rôtir ». Il provient du mot « toster » qui veut également dire « griller » et « rôtir ».

    12) Towel  au XIIIe siècle, on disait « toailler » pour « serviette ». Les anglophones ont donc repris ce mot français pour dire « serviette ».

    13) Very (très) : au XIIe siècle, on disait  « verai » pour « vrai », qui est ensuite devenu « vray » et enfin « vrai ». Bien que le mot « very » n’ait pas le même sens que « vrai », il tire ses origines du français. Il y a bien bien longtemps on disait "verai" pour vrai, puis ça a donné "vray" qui s'est ensuite transformé en "vrai", tout simplement. Entre temps, chez nos voisins le mot fait un mix entre "verai" et "vray".

    Alors, quid  de Cluster?  Même racine que le cloître, ce micro-univers. Soit, l'enceinte, la cloison qui sépare en l'espèce les religieux des laïcs. Ceci s'applique en architecture à la cour intérieure souvent entourée de colonnades.

    Cluster appliqué à covid ? Une zone géographique identifiée ( =la cloison)  où le taux de contamination est plus important. Tout simplement.

    Ce qui induit en conséquence pour gérer le problème épidémiologique de facto de fermer la zone. D'emprisonner, de cloîtrer les individus au sens... français et anglais du terme au regard de leur positivité potentielle.

    Cluster présente le "s" originel de "clostre" lui même issu du latin claustrum (= enceintre, enfermé) Ce "s" qui va se transformer en accent circonflexe tardivement,  au XVIème siècle.

                                                                                         Sylvie Neidinger

     

  • Ensauvagement du vocabulaire politique officiel

    "Kamasutra de l'ensauvagement de la presse" de Emmanuel Macron. Suite des... positions sur cette question.

    Les sauvageons, l'ensauvagement...Ce vocabulaire connoté extrême-droite  est apparu en politique dans la bouche de ministres de l'Intérieur  de gauche qui  désignèrent ainsi des catégories de population. Notamment celle des "jeunes multirécidivistes":

    -JP Chevènement (qui affirmait sans rire l'employer sans surenchère ni démagogie!) 1999

    -B Cazeneuve (qui l'a bien prononcé mais le regrette ) le 10 10 2016 

    -G Darmanin et M Schiappa  (le macronisme étant aussi -en même temps !- une émanation de la gauche strauss-khanienne)

    Le film d'anticipation Orange Mécanique (1971) avait décrit une nouvelle  violence sociale gratuite par une catégorie de population: les jeunes. Un demi-siècle plus tard, les comportements violents, asociaux inacceptables sont réalité: refus d'une cigarette et l'individu est tué, pieds sur les banquettes alors que certains passagers restent debout...

                                             PAS QUE LA JEUNESSE

    Mais...pas de la jeunesse seulement! Dès lors jeunesse bouc-émissairisée.

    Et surtout, la désignation faite par ces ministres d'une catégorie sociale liée en plus au "séparatisme" (encore un vocabulaire  macroniste récent)  ne résout rien car elle s'apparente à de la communication, communication d'extrême-droite de surcroît.

    Pourquoi désigner ainsi une catégorie dans des sociétés modernes très complexes aux causes multiples? Où tout est analysable.

    Sauvage? Cette étymologie liée à la forêt  est inacceptable dans la bouche d'un dirigeant car ramenant l'humain à l'animal. Ce qui ne fait avancer en rien la compréhension. Du racisme pur.

    Les zoos humains avaient enfermé dans une même cage un homme et un singe. Et sur ce point la récente "sortie" médiatique hyper confuse intellectuellement    de N Sarkozy fut ...lunaire en comparant singes et "nègres". Miasme.

                       LA PRESENTIELLE 2022 EN LIGNE DE MIRE? 

    Ensauvagement version Gérald Darmanin  signifierait un humain de facto  "civilisé" qui retournerait  à sa condition animale. Est réputé sauvage celui qui est déchu de son statut de citoyen car bestial.

    Dès lors la chasse symbolique à "l'animal anciennement  humain" serait-elle ouverte? Permis de tuer en prime dans l'imaginaire ?

    Les inductions implicites issues de la formulation vont bien loin....

    On ne dirige pas un pays en s'appuyant sur de tels raisonnements ni artifices de com populistes qui ne résolvent en rien la violence sociale, présente et non acceptable elle non plus.

    Le philosophe Guillaume von der Weid signale  que la société qui désigne ainsi serait  elle-même ...malade

    Il semble que la présidentielle 2022 française s'ouvre autour de miasmes idéologiques. 

    C'est bien par cette sauvagerie vocabulariale (kamasutra, ensauvagement...) que Emmanuel Macron et certains ministres (évidemment briffés car rien ne lui échappe)   inaugurent la séquence électorale. Cela promet!

    De nombreux députés macronistes n'ont toutefois pas suivi la dérive vocabulariale ultra sécuritaire.

                                                            Sylvie Neidinger

     

     Ensauvagement version Macron. Sémiologie:

    1-Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2-Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3-Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4- Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5-Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930 - Le Blog de Sylvie Neidinger (blogspirit.com)

    6- Ensauvagement du vocabulaire politique officie

  • Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930

    "Kamasutra de l'ensauvagement de la presse" de Emmanuel Macron. Suite des positions sur cette question: ici les zoos humains pour présenter ceux que l'on nommait "sauvages".

    Humains réduits à l'état de bêtes curieuses.  Etres humains exhibés dans les jardins d'acclimatation. Expos coloniales pour  justifier la hiérarchisation des races, les bienfaits du pouvoir "civilisateur".

    Illustration du racisme ordinaire: 35 000 exhibés, 1,5 milliards de visiteurs en tout, en France, Allemagne, Suisse, Angleterre...Phynéas Taylor Barnum et la manipulation de l'histoire aux USA.

    On vient voir des "sauvages en chair et en os" venant de contrées lointaines.

    Du pur cinéma avant l'heure: il leur est même demandé de jouer aux cannibales ! Pendant que sur le terrain les peuples sont souvent éliminés. (Fuégiens de Patagonie, dernier survivant disparu en 1960. Peuple décimé de maladies pulmonaires, Vénus Hottentote exhibée comme un monstre, aborigènes...) 

    Ils sont présentés comme étrangers,  anormaux...sauvages par des entrepreneurs de spectacle certes. Par les empires coloniaux, les Etats eux-mêmes dans le cadre d'expos universelles! Un modèle "racialogique" pour exposer la force supposée  bienfaitrice du modèle colonial.

    France. Guyane. Saint Laurent du Maroni. La jeune Moliko , amérindienne kalina, exposée au jardin d'acclimatation. Peuples "ensauvagés", humiliés, objets d'études pseudo scientifiques à caractère racialiste ! Elle rentrera chez elle en Guyane, traumatisée du calvaire des exhibés.

    Passage du racisme scientifique de différenciations humaines au racisme populaire au contact direct d'individus dits primitifs, le pygmée représentant le modèle parfait  de la sauvagerie absolue par sa petite taille.

    Aux USA,  dans la culture du spectacle américaine mais aussi à l'expo de Saint-Louis  où Ota Benga du Congo est exposé dans une cage avec un singe carrément ! L'homme se suicidera.

    On ne peut que signaler l'excellent documentaire sur Arte.

    https://www.arte.tv/fr/videos/067797-000-A/sauvages-au-coeur-des-zoos-humains/

    (ARTE)  :Pendant plus d'un siècle, les grandes puissances colonisatrices ont exhibé comme des bêtes sauvages des êtres humains arrachés à leur terre natale. Retracée dans ce passionnant documentaire, cette "pratique" a servi bien des intérêts.

    Ils se nomment Petite Capeline, Tambo, Moliko, Ota Benga, Marius Kaloïe et Jean Thiam. Fuégienne de Patagonie, Aborigène d’Australie, Kali’na de Guyane, Pygmée du Congo, Kanak de Nouvelle-Calédonie, ces six-là, comme 35 000 autres entre 1810 et 1940, ont été arrachés à leur terre lointaine pour répondre à la curiosité d'un public en mal d'exotisme, dans les grandes métropoles occidentales. Présentés comme des monstres de foire, voire comme des cannibales, exhibés dans de véritables zoos humains, ils ont été source de distraction pour plus d'un milliard et demi d'Européens et d'Américains, venus les découvrir en famille au cirque ou dans des villages indigènes reconstitués, lors des grandes expositions universelles et coloniales. Racisme populaire
    S'appuyant sur de riches archives (photos, films, journaux…) ainsi que sur le témoignage inédit des descendants de plusieurs de ces exhibés involontaires, Pascal Blanchard et Bruno Victor-Pujebet restituent le phénomène des exhibitions ethnographiques dans leur contexte historique, de l’émergence à l'essor des grands empires coloniaux. Ponctué d'éclairages de spécialistes et d'universitaires, parmi lesquels l'anthropologue Gilles Boëtsch (CNRS, Dakar) et les historiens Benjamin Stora, Sandrine Lemaire et Fanny Robles, leur passionnant récit permet d'appréhender la façon dont nos sociétés se sont construites en fabriquant, lors de grandes fêtes populaires, une représentation stéréotypée du "sauvage". Et comment, succédant au racisme scientifique dominant/dominé. Expo coloniale d eMarseile en des débuts, a pu s'instituer un racisme populaire légitimant la domination des grandes puissances sur les autres peuples du monde.

    https://www.laliberte.ch/dossiers/histoire-vivante/articles/le-succes-suisse-des-villages-negres-434722

    https://www.letemps.ch/opinions/suisse-exhibait-sauvages-geneve

    https://www.nouvelobs.com/monde/afrique/20181128.OBS6158/pendant-150-ans-des-hommes-ont-exhibe-d-autres-hommes-dans-des-zoos.html

    https://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/BANCEL/1944

    Le statut de "sauvage" se présentait évidemment par opposition celui de "civilisé." L'un mettant en valeur l'autre. Expo coloniale de Marseille en 1922 par exemple.

    Les populations coloniales seront finalement considérées comme "civilisables" quand les besoins se font sentir de troupes coloniales  combattantes pour la première guerre mondiale...

    Joséphine Baker, en 1925, libre, intelligente, adulée et détestée va se jouer de l'image du sauvage avec sa ceinture de banane. Son spectacle "exotique" à Paris fait exploser le mythe colonial de l'intérieur par cette artiste majeure.

    Expo coloniale de Vincennes (1931) 33 millions de tickets vendus. Le "Sauvage" étant entre temps devenu "brave" indigène.

    Marius Kolaïe, kanak, sera dans les années 30 parmi les derniers piégés du cirque zoologique. Un retour au XIXème siècle avec  sa troupe -brutalisée. La troupe kanak se révolte, elle aussi piégée. Des hommes ordinaires kanaks, de la vie ordinaire, douaniers et autres ayant accepté ce voyage en Europe qui a viré au cauchemar pour eux. L'exhibition n'est plus acceptée. Ligues de droits de l'homme, partis politiques: la mise en scène heurte désormais. Les kanaks sont rapatriés. Marius Kolaïe reste et se marie avec une française. Magnifique symbole d'une page qui se tourne.

    La fin des zoos humains marque le début des guerres de décolonisation. L'image du sauvage ne passe plus effectivement  par les exhibitions.  Mais elle perdure ! Commence l'ère du cinéma et ses représentation des "sauvages" (ô King Kong!).

    Au milieu des année 1990, chercheurs et historiens ouvrent les archives coloniales. Les artistes s'emparent du sujet . Ayana V. Jackson par exemple revisite les clichés anthropologiques du XIXème siècle.

    Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie ! Claude Levi Strauss.(Race et histoire 1961) 

                                                                            Sylvie Neidinger

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     Ensauvagement version Macron. Sémiologie:

    1-Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2-Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3-Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4- Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5-Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930 - Le Blog de Sylvie Neidinger (blogspirit.com)

    6- Ensauvagement du vocabulaire politique officie

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  • Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    "Kamasutra de l'ensauvagement " dixit E Macron. Ici suite des...positions ou angles de presse du #BlogSylvieNeidinger sur le thème!

    Le blog a analysé précédemment le mythe fabriqué du "bon sauvage".

    La question historique suivante est  de savoir si cet Indien que l'explorateur du XVIème siècle rencontrait sur le continent américain  avait une âme ou non. 

    Etonnant débat théologique connu sous le terme de  Controverse de Valladolid,  organisé par Charles Quint sous le pontificat de Jules III entre docteurs de la Foi. Bartolomé de las Casas et Juan Ginès de Sepulveda prônant un avis opposé.

    Le premier dénonçait les exactions contre les populations locales. Il en savait quelque chose: il avait été lui même... propriétaire/colon d'une "enconmienda" recevant terre et population autochtone avec!

    Le prêtre Antonios de Montesinos fut le premier à réagir dans  un sermon célèbre pour dénoncer la "cruauté envers des populations innocentes"

    "Lors d'un sermon du  à Saint-Domingue, suivi d'un second le , il a dénoncé les injustices dont il a été témoin en annonçant « la voix qui crie dans le désert de cette île, c'est moi, et je vous dis que vous êtes tous en état de péché mortel à cause de votre cruauté envers une race innocente »1.

    « Ces gens ne sont-ils pas hommes ? N'ont-ils pas une âme, une raison ? », demande-t-il.

    Ce sermon fait allusion aux Indiens contre lesquels les espagnols ont bataillé tout le siècle précédent, en laissant entendre que Dieu ne sera pas plus clément avec les colons qu'avec les Indiens si les colons s'adonnent à l'esclavage comme le font les Indiens. Antonio Montesinos avait commencé, à partir de 1511, à refuser les sacrements aux propriétaires d'encomienda indignes et à les menacer d'excommunication, ce qui lui aliène l'oligarchie locale, en particulier le gouverneur Diego Colomb2, le fils de Christophe Colomb.""(wiki)

    A propos Christophe Colomb soutient l'asservissement. Il  décrit les populations dites "précolombiennes" en 1492  de son point de vue intéressé:

    « Ils nous apportèrent des ballots de coton, des javelots et bien d'autres choses, qu'ils échangèrent contre des perles de verre et des grelots. Ils échangèrent de bon cœur tout ce qu'ils possédaient. Ils étaient bien bâtis, avec des corps harmonieux et des visages gracieux […] Ils ne portent pas d'armes — et ne les connaissent d'ailleurs pas, car lorsque je leur ai montré une épée, ils la prirent par la lame et se coupèrent, par ignorance. Ils ne connaissent pas le fer. Leurs javelots sont faits de roseaux. Ils feraient de bons serviteurs. Avec cinquante hommes, on pourrait les asservir tous et leur faire faire tout ce que l'on veut. »

    Au contact des européens et leurs virus- dont ils ne partagent pas les protections immunitaires- ces amérindiens  vont tomber comme des mouches. Passant de plus d'un million à quelques milliers. Du coup, on pouvait leur accorder une âme! 

     Les Indiens avaient tout de même bénéficié d'un immense avantage: Ils furent "rangés" dans la catégorie... humaine par le pape Paul III.

    Sans quoi effectivement  Sepúlveda n'aurait jamais parlé du "devoir de les évangéliser" ni ne se serait étendu sur leur « péché d'idolâtrie».

    La belle affaire: pour rendre chrétien, il ne faut pas se tromper d'espèce...

    Validé: ces populations nommées sauvages, primitives appartiennent bien au genre humain!

    Deux  optiques s'opposent: la conversion par force (Sepúlveda) ou par conviction (Las Casas) 

    Du coup, Las Casas va devenir devant l'Histoire le défenseur de la cause indienne. " Historia de las Indias" est publié... trois siècles après sa rédaction.

     Bémol: dans le tome III, Las Casas se repent d'avoir effectivement  accepté dans ses jeunes années que les colons soient autorisés à faire entrer leurs esclaves noirs dans les encomiendas américaines. À la suite de cet aveu, il condamnera également cet esclavage, aussi injuste et inhumain que celui des Indiens. MAIS TARDIVEMENT.

    En tous cas, les Indiens étant décimés  et peu adaptés au travail physique, s'ouvre la voie du commerce du "bois d'ébène", ces africains traités comme marchandises.

    Les Portugais pratiquant ce commerce cherchent à se justifier.

    Du coup, la régression est forte: plus d'âme du tout !  Un, une  esclave n'en a effectivement pas mais porte  des gencives pratiques pour juger de la  santé générale de "la bête". Il, elle a un prix. Il, elle  est une chose.

    L'esclavage  est aboli tardivement. En 1875 aux USA.

    La question n'est plus de savoir si le sauvage a une âme mais si la force motrice de ces êtres humains importés comme marchandise est bonne.

    Aucune Controverse de Valladolid n'a été signalée à propos des populations africaines esclavagisées...

    Mieux valait ne pas trop théoriser religieusement sur le sort fait à ces humains chosifiés  et tellement utiles avant l'invention du...moteur.

    Utilitaires,  outils de chair et de sang.

    Moteurs humains exportés par millions. ô scandale.

                                                            Sylvie Neidinger

     

     Ensauvagement version Macron. Sémiologie:

    1-Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2-Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3-Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4- Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5-Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930 - Le Blog de Sylvie Neidinger (blogspirit.com)

    6- Ensauvagement du vocabulaire politique officie

  • Avant "l'ensauvagement": le mythe du "bon sauvage"

    Ici, une position supplémentaire...d'analyse du " Kamasutra de l'ensauvagement de la presse " honni par Emmanuel Macron.

    Soit un angle d'analyse autour d'un vocabulaire qui n'aurait jamais du se trouver dans la bouche d'un responsable gouvernemental.

    Décryptage.  Pour comprendre le terme "ensauvagement "(= humain revenu à l'état sauvage) il faut commencer par:

    1) savoir d'où vient cette notion de sauvage appliquée à l'humain.

    2) dès lors revisiter le mythe du "bon sauvage". Puis comprendre  comment passe-t-on du mythe du  bon sauvage de  Dame nature au "sauvage humain de zoo" de la période colonialiste.  

    Enfin dans la bouche d'un ministre de l'Intérieur en "ré-ensauvagement." 

    Sauvage est étymologiquement liée à la forêt (silva) Via l'ancien français salvage, du latin silvaticus (« de forêt, forestier »), devenu  salvatǐcus en bas latin. Soit à la  base un animal vivant dans la forêt. Appliqué à l'homme lors des premières confrontations: rencontre avec des individus même pas toujours habillés et rapidement qualifiés de sauvages ou primitifs..

    Extraits d'une excellente synthèse canadienne autour du terme "sauvage".(Canada, bien placé pour en parler avec ses populations autochtones en contact ) : 

    Les expéditions de la Renaissance mettent les européens en  contact avec d'autres "mondes" donnant un descriptif positif d'un état "naturel" contre la "culture", avec au passager le mythe positif de paradis perdu, ou celui de l'âge d'or. Une image qu'ils construisent par les récits de voyage.

    Amerigo Vespucchi (1454-1512) sur les Indien dans sa célèbre lettre intitulée Mundus novus (1503) : Ils n’ont de vêtements, ni de laine, ni de lin, ni de coton, car ils n’en ont aucun besoin; et il n’y a chez eux aucun patrimoine, tous les biens sont communs à tous.  Ils vivent sans roi ni gouverneur, et chacun est à lui-même son propre maître.  Ils ont autant d’épouses qu’il leur plaît […].  Ils n’ont ni temples, ni religion, et ne sont pas des idolâtres.  Que puis-je dire de plus?  Ils vivent selon la nature. 

    "Montaigne en 1580 cite  cette vie brutale et sauvage « qui est propre aux hommes primitifs » (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, II, XII, 478)"..

    Après les écrivains de la Renaissance et leur tradition humaniste qui découvrent, ceux des Lumières valorisent d'autant le "bon sauvage" qu'ils critiquent la colonisation ethnocentrique, les changements sociétaux autour du progrès. 

    Toutefois ces auteurs n'ont jamais été en contact réel avec ces peuples et affabulent, se représentent leur vie supposée "pure",  libres, sensuels, polygames,  presque "communistes"...

    Mythe du bon sauvage:"Ce type de récit, qui présente des forces et des personnages symboliques, servira aussi à mieux raconter la vie des hommes et à mieux rêver d’un ailleurs pour fuir l’écrasante réalité.   Au XVIIIe siècle, par la fiction du « bon sauvage », des philosophes tels que Diderot, Voltaire et Rousseau chercheront non seulement à critiquer la colonisation ethnocentrique des Européens en Amérique, mais aussi les idées de progrès et de raison au cœur même de l’idéologie des Lumières.

     Inspirés par les nombreux récits de voyages de Vespucci, Colomb, Magellan, et Gama des 16e et 17e siècles, ceux-ci, désireux de poursuivre la tradition humaniste de la Renaissance, interrogeront à travers elle de nouveaux modèles d’hommes et de sociétés.  En comparant leur monde à celui des indigènes tahitiens, brésiliens, voire canadiens, ils feront le procès de l’Europe qui, se croyant supérieure et indépassable, se donne pour mission de civiliser le Nouveau Monde.   Ce Nouveau Monde, que l’on aime dépeindre comme pur, vierge et bienheureux, sera bien sûr une représentation déformée, imaginée et amplifiée de la réalité : en effet, la vaste majorité des philosophes et littéraires n’a jamais même foulé la terre natale des « sauvages »!  Le mythe, synonyme dans ce cas d’invention et d’affabulation, reprend donc ici tout son sens.

    Libres, sensuels, polygames, communistes et bons, voilà les traits communs, mais combien caricaturaux, des habitants de ce « meilleur des mondes ».   *

    Étrangement, les penseurs du XVIIIe siècle se garderont longtemps de vouloir vérifier l’exactitude de ce genre de témoignage, car, on le sait, le « bon sauvage » ainsi présenté sert mieux à réfléchir sur l’homme, sa nature, ses facultés ainsi que sur sa société.  Sans nul doute,  Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est reconnu pour celui qui a le plus participé à ce mythe par la défense des idées suivantes qui traversent l’essentiel de son oeuvre:

    • « La nature a fait l'homme heureux et bon, mais la société le déprave et le rend misérable. »
    •  l’homme, foncièrement nostalgique, a toujours eu besoin de retrouver son passé: le mythe du bon sauvage lui propose l’image rassurante d’un primitif heureux qui vit du fond des âges en parfaite harmonie avec la nature.  Ainsi, ces séduisantes fantasmagories lui permettront d’échapper au réel en voyageant dans des pays imaginaires exotiques et bienheureux.   Offrant d’autres manières de penser et de vivre, cette utopie chère aux philosophes défend la recherche du bonheur individuel et collectif tout en affirmant déjà les valeurs qui seront proposées quelques années plus tard par la devise même de la Révolution française : «Liberté, égalité et fraternité ».   Si elle annonce en quelque sorte le monde rêvé de demain, elle maintient aussi d’anciennes croyances judéo-chrétiennes associées au péché originel : l’homme, rappelle La Bible, aurait connu le paradis, mais l’aurait perdu après avoir croqué la pomme, symbolisant le la connaissance.   
    • La chute, associée au mal, se trouve du coup au cœur même du « mythe du bon sauvage » : en effet, l’Européen « perverti », par sa culture énorme et sa quête incessante de savoirs — on n’a qu’à penser à l’entreprise de L’Encyclopédie —, mais aussi par son goût du luxe, aurait donc signé sa propre perte.   Insatisfaits de cette vision primitiviste, les penseurs des Lumières cesseront d’apprécier le mythe du bon sauvage pour revenir à l’idée de progrès lorsqu’ils feront la découverte et l’observation d’enfants sauvages tels que Victor de l’Aveyron .Ceux-ci firent comprendre définitivement que l’homme, privé de la compagnie des siens, ressemble d’avantage à un animal qu’à l’idéal décrit par les colonisateurs, les missionnaires et les littéraires.   Il va sans dire que les voyages et les écrits de nombreux ethnologues  de la fin du siècle contribueront aussi à briser cette représentation idyllique.    Bref, on aura compris que rien ne pouvait éclipser le Progrès et la Raison, emblèmes tout-puissants de la lutte philosophique de cette période historique éblouissante.

    A suivre, d'autres positions du "Kamasutra de l'ensauvagement" gouvernemental: la Controverse de Valladolid. Question: les Indiens ont-ils une âme ?

    Puis les zoos humains coloniaux... 

                                                              Sylvie Neidinger

     

     Ensauvagement version Macron. Sémiologie:

    1-Ensauvagement : terme inacceptable dans la bouche de responsables politiques

    2-Kamasutra ensauvagé d'Emmanuel Macron contre la presse

    3-Avant " l'ensauvagement", le mythe du bon sauvage

    4- Le "sauvage" a-t-il une âme? La controverse de Valladolid

    5-Les zoos humains pour exhiber les "sauvages" jusqu'en 1930 - Le Blog de Sylvie Neidinger (blogspirit.com)

    6- Ensauvagement du vocabulaire politique officie