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VOCABULARIA, vie des mots - Page 3

  • Rubrique vocabularia: la résilience

    2020: globalement la société, traumatisée par la pandémie Covid-19, les attentats islamistes et autres, a besoin de résilience.

    Ce terme présente une définition moderne en psychologie signifiant la capacité à surmonter les épreuves.

    De prime abord, on pense  Boris Cyrulnik cet excellent neuropsychiatre français qui a théorisé en psychiatre/ psychanalyse  la nécessaire résilience. Il a lui même malheureusement expérimenté le traumatisme dans son enfance en perdant ses parents, déportés. Il fut pris en charge par des réseaux de Résistance. Résistance, terme non anodin.

    Ce médecin issu des hôpitaux de Marseille anime actuellement un groupe de recherche en éthologie clinique à Toulon.

    Ses ouvrages portent en partie  sur la résilience. Exemple "Résilience, connaissance de base" chez Odile Jacob.

    A savoir, ce concept en psychologie entre dans le dictionnaire Larousse dans les années 30.

    En réalité - et les dictionnaires dont le site CNRTL, ne le mentionnent pas:(dommage) c'est bien Paul Claudel qui introduit le terme signifiant capacité à surmonter les épreuves ."En 1936, Paul Claudel se gratte la tête devant une page blanche. Comment traduire le mot « resiliency » ? Revenu d’Amérique, l’écrivain-diplomate médite sur la crise économique de 1929 qu’il a vue se dérouler là-bas : malgré la vie « suspendue », la « gaieté et la confiance éclairaient tous les visages ». Il ne « trouve pas en français » de correspondance exacte pour ce trait du « tempérament américain », qui « unit les qualités d’élasticité, de ressort, de ressources et de bonne humeur »

    Comme toujours entre la langue anglaise et française les allers-retours sont constants. Le terme anglais resilient serait issu du "resiliens" latin participe présent de resilire= résilier.

    dans l'acceptation courante, e terme -féminin !-s'applique en français  à la physique, soit une  valeur qualifiant la résistance au choc.

    MÉCAN., PHYS. [En parlant d'un matériau] Qui présente une résilience au choc plus ou moins élevée. Certains bois enfin (épicéa, sapin, frêne, hickory) sont particulièrement résilients et peuvent être utilisés comme bois d'aviation, manches d'outils, etc. (CampredonBois, 1948, p. 38).

    Le terme résilier existe bien en français. (CNRTL) dans un sens différent de la renonciation:
     
    Étymol. et Hist. 1501 resiler (Négociations diplomatiques entre la France et l'Autriche, t. 1, p. 47); 1675 se résilier d'un contrat « se dédire d'un contrat » (Savary, Le Parfait négociant, t. 2, p. 303); 1641 résilier « annuler un acte » (Nouv. Rec. de doc. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-Mer, éd. G. de Lhomel, p. 286). Empr. au lat.resilire, propr. « sauter en arrière, rebondir, rejaillir, se retirer », qui a pris, à basse époque, dans la lang. jur. le sens de « renoncer, se dédire ». Resilire a été rendu régulièrement par résilir (xvies. ds Gdf. et Hug.; seule forme donnée par Ac. 1694), devenu résilier par changement de conjug.
     
    Il est possible toutefois que les deux sources étymologiques soient complémentaires! 
    1) capacité de résistance
    2) renonciation 
     
     
                                           RESILIENCE, RESISTANCE 
     
    En effet, pour "résilier" donc bien absorber les chocs, il faut renoncer. Au minima à ses certitudes, à son passé. Il faut faire "son" deuil.
    Boris Cyrulnik, comme d'autres a du faire le deuil de ses parents pour tirer force dans l'épreuve.
                                                  AU FEMININ 
     
    Retour sur le genre féminin du vocabulaire à savoir "LA" résilience et ne pas trop gloser.
    Certes les femmes en mettant au monde leurs enfants et souvent dans la douleur, présentent une résilience naturelle. Cette douleur va vers un positif: la création d'un nouvel être. D'où "l'acceptation malgré"
    La résistance à la douleur est connue comme théoriquement plus forte chez les femmes pour cette raison initialement physiologique. 
    Ok Jusqu'à un certain point.
    La résilience au sens de la capacité d'absorber les chocs nous concerne tous.
     
                                                                Sylvie Neidinger
     
  • Couvre-feu: diantre!

    Mais que vient faire un couvre-feu par définition militaire pour éradiquer le covid-19? 

    Couvre-feu: une  expression moyenâgeuse du XIIIème siècle précisément quand les autorités agitaient une cloche pour rappeler aux citoyens de "couvrir le feu" , soit éteindre les cheminées pour limiter les risques d'incendie.

    Le risque d'incendie en 2020 est viral.

    Les spécialistes en santé publique doutent du résultat.

    L'acceptation par la population ne sera pas naturelle. Un régime imposé par la force régalienne, plutôt.

    Le système des attestations revient ! Une probable machine à balancer des PV conséquents (135 euros)  à une population déjà traumatisée. 

    Population  très informée des contradictions: métro bondé  le jour...

    Une initiative  parfaite pour achever la vie économique des bars, restaurants et autres salles de cinéma. Parfaite pour augmenter le sentiment d'enfermement, d'atteinte aux libertés fondamentales.

    Restaurateurs atterrés, sacrifiés.

    Pour l'efficacité, voir les chiffres...après ces semaines de couvre-feu. 

    Après ? Une fois que les faillites commerciales, faillites personnelles  auront été prononcées et le taux de suicides ou décompensations en hausse!  

    Le Sénat avait pourtant soutenu l'ouverture des discothèques, bars et restaurants.

    La colère anti Macron se fait jour.

    Les oppositions signalent cet aveu d'impuissance et l'absurdité de la décision du chef de l'Etat. Sa ré-élection semble plus que compromise avec ce genre de décision gravement privatrice des libertés et attentatoire au fonctionnement économique. Ce qui n'est pas en soit un évènement au regard des problèmes sociétaux liés à la pandémie.

                                                                 Sylvie Neidinger

    Attestation à télécharger en ligne

    Suite: le 22 octobre, le couvre-feu  s'étend à d'autres régions pour tenter d'enrayer la croissance du nombre de cas et l'engorgement des services hospitaliers.

  • Néologisme: le verbe covider !

    Réflexion sur la terminologie autour de la pandémie actuelle.

    Je covide, tu covides, il covide, nous covidons, vous covidez, ils covident....

    Pour commencer: d'où vient le terme covid-19 au sexe indéfini d'ailleurs? Certains le veulent masculin, d'autres féminin (= la maladie de).

    Au départ, un virus émergeant à Wuhan en 2019 est baptisé SARS-CoV-2 ou 2019-nCoV.

    L'OMS en tire un acronyme anglophone coronavirus disease 2019

    littéralement "maladie à coronavirus de 2019" en langue française.

    Cette pandémie prend une telle importance sociétale qu'elle se... conjugue, dès mars 2020. Voir article covidé sur wiktionnaire. De facto, l' invention verbe covider a lieu au premier trimestre 2020. 

    Linguistes attention! Le néologisme français se construit  sur la base de l'acronyme anglais.

    Le terme entre dans les moeurs.

    Vendredi 9 octobre, entendu d'un médecin hospitalier sur les ondes : "les covidés"

    Avec ce tri entre les + et les - . Ainsi se divise l'humanité aujourd'hui

    Une nouvelle espèce d'humains est-elle en voie d'apparition? 

    Bon, pas les cervidés, mais les covidés.

    Des cousins des... corvidés? Il y a juste un R de différence pour  transformer les positifs  en oiseau corvidae, type corneille et corbeaux (corvus)

    Animaux qui justement vous vident les corps avec délectation...

    Du coup on observe -rire !- que l'acronyme anglais dérive en un sens très logique en langue française: vous avez attrapé le virus? Vous basculez alors dans l'univers des corps vidés. 

    Vidés de tout, de l'énergie surtout.

    Corvidés covidés...Vrai ! Nous sommes tous littéralement ensemble "co-vidés "de toute notre ancienne vie libre de toute  angoisse pandémique, de tout problème de contamination....

    Pour un trop plein de contraintes qui détruisent les vies personnelles (beaucoup de suicides) la vie  sociétale perturbée (comportements aberrants) dont  la vie économique, les pertes d'emploi, la famine dans certains pays.

    Ensemble nous sommes aujourd'hui (co) vidés, lessivés.

    Alors, vidons ensemble un verre. A la bonne vôtre.  Santé! 

                                                                      Sylvie Neidinger

     

  • Covid+ c'est pas positif !

    Les hôpitaux font face à la deuxième vague.

    Ils trient verbalement  leurs patients entre les covid+ et les covid-.

    Nouvelle dichotomie.

    Avec la pandémie coronavirus, l'univers est désormais divisé en deux: les malades covid+ et ceux qui ne le sont pas au temps T:  les covid- .

    Paradoxalement le positif est ici un négatif. C'est une inversion totale de sémantique.

    Ce n'est effectivement pas une bonne nouvelle, en l'espèce d'être testé covid+ !

    Décidemment cette pandémie est plus ou moins inédite. 

                                                                        Sylvie Neidinger

  • Cluster? Cloître!

    Certains s'étonnent de ce terme devenu en usage courant avec la crise covid-19.

    Les chasseurs d'anglicisme dans la langue française, les dits "puristes" apprécient peu le terme de "cluster".

    Il se rencontrait avant covid-19 comme dans le  Grand Genève, en positif, pour signifier l'économie qui tourne autour du film d'animation. Signifier la spécificité des entreprises Rhône-alpines qui ont quelque chose à voir avec l'animation et se réunissent sous cette bannière. Un micro-monde en quelque sorte.

    Attention: la mise en danger supposée du français "pollué" par les anglicismes est à remettre en perspective. 4% des termes en français  seulement seraient  issus de l'anglais (ceci dit 4% des mots courants représente tout de même un listing certain)

    Il faut savoir que cela fonctionne plutôt dans l'autre sens: l'anglais est largement influencé par le français. Depuis Guillaume le Conquérant avec la forme normande de la langue.

    Selon la linguiste émérite, Henriette Walter plus de 2/3 du vocabulaire anglais est d'origine française! Au point de cette -méchante- boutade de Georges Clemenceau : "l'anglais? ce n'est jamais que du français mal prononcé"

    Jusqu'au paradoxe lié à cette raison: un étudiant anglais semble mieux  comprendre l'ancien français que son homologue hexagonal.

    La devise monarchique "Dieu et mon Droit"  date du règne d'Henri V (1413-1422)

    ou "Honi soit qui mal y pense", devise de l'Ordre chevalier de la Jarretière.

    Henriette Walter a de l'humour "Merci messieurs les anglais, vous êtes très polis, vous nous rendez une toute petite partie de ce qu'on vous a prêté autrefois". 

    Evoquer le don est effectivement plus sympathique que l'emprunt....

    Quelques exemples de "dons" : 

     

    2) Blanket (couverture)
    Jadis, nos ancêtre du XIIIe siècle utilisaient le terme "blanchet" pour désigner un morceau de drap blanc utilisé en pharmacie. Depuis le "ch" a été remplacé par "k" et le drap blanc est devenu une couverture, et tout le monde a oublié que "blanket" était un mot frenchie.

    3) Budget : vient de l’ancien français « bougette ». Une « bougette » était une petite bourse contenant de la monnaie, souvent accrochée à la ceinture d’une personne.

    4) Canvas (toile)
    Qui vient du picard "canevach", qui a ensuite donné "chanevas" en Ancien Français puis "canevas" en français moderne. Donc oui, les Anglais parlent picard. C'est beau.

    5) Curtain : que l’on peut traduire « rideau » en français, est issu du mot « courtine ». Une « courtine » était un rideau de lit.Du latin "cortina", une "courtine" était au XIIIe siècle un rideau de lit ou une tenture. Les Anglais en ont tiré "cortine" qui s'est progressivement transformé en "curtain

    6) Custom : qui signifie « coutume », vient du mot français utilisé aux XIIe et XIIIe siècle « custume ».

    7) Foreign (étranger)Qui vient donc du français "forain", et avant ça du latin "foris" qui désigne tout ce qui est extérieur (à la ville notamment, d'où la notion d'étranger). En français, nous avons ensuite conservé "forain" dans le sens de "personne qui travaille à la foire" et créé le mot "étranger".

    8) Mischief (malice)
    Au XIIIe siècle, "meschief" voulait dire "infortune". Un terme importé tel quel dans la langue anglaise du moyen âge avant de remplacer tous les "e" par des "i" histoire de passer inaperçu. Grillé les mecs, la prochaine fois que vous pompez tout sur les voisins merci de faire ça correctement.

    9) Proud : 6u XIe siècle, « prud » signifiait « vaillant », « fier ». Les anglais ont donc repris le mot français en rajoutant un « o ».Au XIe siècle "prud" signifiait "vaillant, fier". Le terme s'est ensuite transformé pour donner "preux", mais nous avons gardé dans notre vocabulaire la notion de "prud’homme".

    10) Purchase : a pris ses racines du vieux français « prochacier », ce qui signifiait « chercher à obtenir ».Purchase (acheter)
    Qui vient de "prochacier", version moyenâgeuse (XIIe XIIIe siècle) e "chercher à obtenir".

    11) Toast : le verbe « toast » signifie « griller », « rôtir ». Il provient du mot « toster » qui veut également dire « griller » et « rôtir ».

    12) Towel  au XIIIe siècle, on disait « toailler » pour « serviette ». Les anglophones ont donc repris ce mot français pour dire « serviette ».

    13) Very (très) : au XIIe siècle, on disait  « verai » pour « vrai », qui est ensuite devenu « vray » et enfin « vrai ». Bien que le mot « very » n’ait pas le même sens que « vrai », il tire ses origines du français. Il y a bien bien longtemps on disait "verai" pour vrai, puis ça a donné "vray" qui s'est ensuite transformé en "vrai", tout simplement. Entre temps, chez nos voisins le mot fait un mix entre "verai" et "vray".

    Alors, quid  de Cluster?  Même racine que le cloître, ce micro-univers. Soit, l'enceinte, la cloison qui sépare en l'espèce les religieux des laïcs. Ceci s'applique en architecture à la cour intérieure souvent entourée de colonnades.

    Cluster appliqué à covid ? Une zone géographique identifiée ( =la cloison)  où le taux de contamination est plus important. Tout simplement.

    Ce qui induit en conséquence pour gérer le problème épidémiologique de facto de fermer la zone. D'emprisonner, de cloîtrer les individus au sens... français et anglais du terme au regard de leur positivité potentielle.

    Cluster présente le "s" originel de "clostre" lui même issu du latin claustrum (= enceintre, enfermé) Ce "s" qui va se transformer en accent circonflexe tardivement,  au XVIème siècle.

                                                                                         Sylvie Neidinger