La colère transalpine monte autour de plusieurs "incidents".
*Dernier en date: l'intervention en solo de douaniers français en.... territoire italien à la gare de Bardonecchia pour contrôler un ressortissant africain. A 5km de la frontière.
Une atteinte à la souveraineté de ce pays. La France va tarder à prendre conscience de la gravité de cet acte et du grave trouble occasionné. Lente à agir, elle va présenter ses excuses cette semaine seulement.
Les critiques fusent de toutes parts d'une Italie heurtée. Dont celles des politiciens de l'extrême -droite hyper sensibles à la violation de souveraineté.
(TDG)«Au lieu d'expulser des diplomates russes, il faut ici éloigner les diplomates français», avait réagi avant ces explications le président de la Ligue Matteo Salvini (extrême-droite), arrivé en tête des dernières législatives grâce à une coalition avec Silvio Berlusconi.«Avec nous au gouvernement, l'Italie relèvera la tête en Europe, nous n'avons pas de leçons à recevoir de Macron et Merkel, et nous contrôlerons nos frontières.»
Massimiliano Fedriga, membre de la Ligue, a de son côté estimé que la France faisait de son pays «la risée de l'Europe». Et d'ajouter: «la police française fait ce qu'elle veut en territoire italien sans être inquiétée comme si elle était chez elle. Ce qui s'est produit à Bardonecchia est grave et montre le peu de considération que nos soi-disant amis en Europe ont pour nous».
Cette affaire fait d'ailleurs penser à l'incident franco-suisse quand une voiture de douaniers français s'était installée à la sortie d'une banque de la Praille pour noter les immatriculations....
*Elle arrive dans le contexte déjà vif de la réaction italienne à la mise en examen de Nicolas Sarkozy sur ses troubles affaires libyennes, ses accointances avec Kadhafi au point de recevoir de l'argent illégal pour sa campagne (sous réserve du jugement final) et ensuite sa volonté de dégommer le dirigeant, avec l'intervention de l'Otan. Jusqu'à son assassinat avec l'aide des services secrets français.
La presse de droite se déchaîne contre le couple franco-allemand qui donne des leçons.
"Premier fait, rappelé par toute la presse de droite italienne : le conseil européen du 23 octobre 2011, et le sourire de connivence entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel quand était évoqué devant eux le nom de Silvio Berlusconi, en pleine tourmente. Ne recevant aucun soutien international, en particulier de ses alliés français et allemand, Berlusconi avait fini par démissionner quelques semaines plus tard. Une affaire que n’a toujours pas digéré la droite italienne.Ce moment « où ce petit coq arrogant a ri de Berlusconi »« Nous nous souvenons très bien du moment où ce petit coq arrogant a ri de Berlusconi, c’est-à-dire de l’Italie, le 23 octobre 2011, proposant ainsi de démonter l’organisation démocratique de notre pays. C’était un ricanement de mépris et de supériorité […]. Maintenant on comprend mieux : il voulait se débarrasser du seul gouvernement hostile à ses politiques guerrières” a ainsi écrit Libero, un quotidien populiste."
Très concrètement l'affaire libyenne indispose les Italiens pour plusieurs motifs :
-La destruction de l'Etat libyen engagée par la France a ouvert la voie de l'émigration africaine massive vers l'Europe. Par la PORTE de l'Italie qui subit et se retrouve sans aucune aide de ses voisins qui au contraire ferment leurs portes.
Grand scandale pour elle puisque la France serait à l'origine de l'ouverture du robinet à migrations par la destruction de l'Etat libyen.
L'influence italienne et notamment autour du pétrole dans ce pays pétrolier va diminuer, autre grief.
Second fait, sans doute pire aux yeux de la droite italienne : Sarkozy est à l’origine, en 2011, de l’intervention militaire de l’OTAN en Libye. Une intervention qui prend un autre sens au regard des révélations sur ses collusions avec Kadhafi : « derrière cette fausse croisade pour exporter la liberté et la démocratie dans les dunes libyennes, […] il y avait à la fois le colonialisme cynique de Sarkozy et sa trahison vis-à-vis du raïs, qui avait financé sa campagne pour la conquête de l’Élysée” écrit Il Tempo, journal conservateur.
Libero est encore plus clair dans sa charge : « d’une part, l’influence de l’Italie en Libye a été drastiquement réduite, notamment celle de ses entreprises, à commencer par [le géant pétrolier] ENI. D’autre part, de ces mêmes côtes partent désormais chaque année des dizaines de milliers de malheureux, issus de toute l’Afrique et munis d’un ‘aller simple’ vers notre pays. Voilà le prix que paie l’Italie pour la guerre voulue, en grande partie, par Nicolas Sarkozy”. Autant dire que de l’autre coté des Alpes, peu de journalistes de droite ont été attristé de la mise en examen de l’ancien président.
A la fois Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron hérissent les italiens. Le spectre honni de Napoléon ressurgit.
A juste titre ! Sur ce point Macron en fait des tonnes autour d'un petit délire personnel qui le fait se comparer -sans rire-à l'empereur.
(J'avais nommé ma rubrique Politis France Macron... Bonaparte.)
Se la jouer Napoléon outre l'aspect délirant va ré ouvrir des cicatrices mal fermées du ..XIXème siècle
L'arrogance française qui aime l'Europe à condition qu'elle suive ses desiderata irrite les italiens au plus haut point.
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Syvlvie Neidinger
Rubrique Politis France Macron Bonaparte