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en revanche

  • Par contre, disait Jean Calvin. En revanche...

    Attention à l'usage de l'expression "par contre". Un puriste pourra relever que vous ne parlez pas français!

    Vous vous creusez la tête. Aurions-nous affaire à un oxymore? Soit deux mots de sens contradictoire. Il serait dès lors  écrit  "pour contre"', ce qui n'est pas le cas.

    Très étonnant, Jean Calvin et Voltaire s'invitent au débat. L'attestation écrite de la locution adverbiale "par contre" se rencontre en effet pour la première fois en langue française  au XVIème siècle dans les écrits du théologien protestant.

    A la même époque la langue anglaise traduisait sans souci le latin "per contra" et "per contro." L'expression "par contre" était donc  usitée dans le langage  commercial, celui des contrats écrits. Ce qui n'est pas étonnant vu de Genève!

    Voltaire voulait qu'elle y restât. La polémique fit donc réagir Voltaire mais aussi Gide, Grévisse, les Académies successives...

    Les puriste réclament plutôt  l'usage de la terminologie  "en revanche" en substitution....

    Sophie Viguier titulaire d'un blog dédié donne sa réponse  synthétique. Selon elle, "par contre" n'est effectivement pas en odeur de sainteté. Mais bien en usage. La correctrice  a même la perspicacité de  souligner que  les deux expressions adverbiales ne sont pas strictement interchangeables. Elles renvoient à des contextes sémantiques légèrement différents.

    Son analyse tend toutefois à montrer  que "par contre" serait  plutôt pessimiste et "en revanche" optimiste. Pas sûr..

    Le débat reste ouvert sur ce point: une "revanche" n'est pas si optimiste que cela! Car issue de la lignée lexicale de la  vengeance. La "re-venge" étant une vendetta. Pas si paisible que cela, effectivement.

    Nous avons ici un usage de la langue comme terrible marqueur social dixit le Larousse :"Employer la locution « par contre » ne constitue pas une faute, puisqu’elle est admise dans le registre courant. Pour clore le débat, nous nous rangeons à l’avis de Larousse. Il est recommandé d’employer « en revanche » dans l’expression soignée – on dit aussi « la langue surveillée » – en particulier à l’écrit. Vous l’aurez compris, la querelle n’est pas d’ordre linguistique, mais social ; il s’agit moins d’une question de grammaire que de style. La langue française, perçue comme extrêmement rigide, offre parfois des espaces de liberté. Ce serait dommage de ne pas en profiter ! (scf Sandrine Campese)"

    A l'heure où dans le tram, on peut entendre en 2019 de la bouche de  charmantes jeunes filles le très chic " je m'en bats les coui...s" , se voir interdire le  "par contre" en usage depuis plusieurs siècles pour motif de parler "correctement " en français "soigné" ou "surveillé" (dixit le Larousse) relève... en  revanche du suranné! Juste décalé. 

    J'utilise régulièrement l'expression "par contre" BIEN  inscrite dans la langue par  Jean Calvin. Ce, sans avoir la désastreuse impression de mal parler le français!

    Remarque. La langue n'est pas rigide mais bien l'usage que certains en font (les dénommés puristes)

    Une ridicule tempête dans un verre d'eau...parisien?

                                                                                      Sylvie Neidinger

     

                                                   RUBRIQUE VOCABULARIA, VIE DES MOTS