En s'immolant le 4 janvier 2011, le jeune Bouazizi, vendeur ambulant tunisien de 26 ans a lancé une onde de choc historique. Qualifiées au départ d'un nom fleuri odorant (révolution jasmin) les émeutes très "Indignées" -puis l'ensemble du domino- sont nommés "printemps arabes".
Qui a désigné ainsi en premier ? Quel organisme? Quel média? L'histoire ne le dit pas encore.
*Printemps :
Cette appellation fait référence aux Printemps des peuples, milieu du XIXème siècle. 1848 plus exactement (1848, l'année de la Constitution Fédérale Suisse d'ailleurs) Quand, en Europe, les systèmes politiques anciens sont secoués. On parle aussi du Printemps de Prague, en Tchécoslovaquie . 1968, six mois de réformes avant une reprise en main. Dans une confrontation Est-Ouest.(détail intéressant à souligner...) Dans le cas de 2011, la dénomination saisonnière n'est pas exacte.
HIVER ARABE
Monseigneur Al Raï, nouveau patriarche maronite, lorsqu'il vient en France en septembre 2011 pour rencontrer le Président de la république N. Sarkozy parle pour la toute première fois d'...hiver, alors que c'est déjà très "politiquement incorrect".
Il comprend dès le départ combien ces événements ne sont pas de bon augure pour le Proche-Orient. Il tient un discours décalé qui ne plait pas en occident. Sa position est partagée par diverses autorités religieuses chrétiennes orientales. Dont les orthodoxes, majoritaires. A Marseille dans son homélie à Notre Dame du Liban, le prélat libanais parle effectivement d'hiver en rappelant que chrétiens et musulmans vivent traditionnellement en bonne cohabitation. Que des puissances... externes viennent diviser les peuples. Il ne précise pas lesquelles.
Divisions? On pense à la période coloniale du XIXème siècle. Et la période...indirectement coloniale actuelle. Néo-coloniale, exactement.
Le prélat avait parfaitement raison. Le temps qui a passé de 2011 à 2014 en a fait la démonstration. En 2011 les moquées de Syrie "bougent " les vendredi.
Le changement en cours doit alors se renommer la "révolution du vendredi "ou "révolution islamiste" (pas islamique: attention à la nuance. L'islamisme étant la radicalité politique)
Plus exactement la révolution islamiste inscrite dans une... néo guerre froide (cf d'autres articles suivront pour préciser)
Effectivement, les régimes arabes laïcs, nationalistes, souvent "socialistes" au pouvoir depuis les Indépendances sont dans le viseur. Régimes devenus "politiquement démodés, pour l'occident et les états islamistes"(Turquie, Golfe, Qatar, AS etc.) Et pour certaines populations en attente d'amélioration de leur sort économique.
Détail: le président Ben Ali de Tunisie membre de l'Internationale Socialiste était proche à ce titre du Parti Socialiste français à l'époque...
Cette révolution nommée "printemps arabe" voit rapidement les chrétiens coptes tués en Egypte, en Libye, leurs lieux de cultes incendiés. Les syriens chrétiens en particulier - mais tous les autres finalement dont les sunnites et chiites -subissent la pression incroyable de l'internationale jihadiste venue de partout, d'Irak, de Tchétchénie, Tunisie, de Belgique, d'Angleterre, des USA, du Golfe, d'Arabie Saoudite, de France.....
Avec la bénédiction des occidentaux au démarrage. Beaucoup de mansuétude, avant que les autorités ne s'aperçoivent de leur erreur...
Jusqu'aux ados lycéens de 15 ans de France, bien chauffés par les médias spécifiques (Al Djézira) et les médias sociaux qui partent se sacrifier pour " tuer du syrien" ! (Des parents vont porter plainte pour comprendre comment des mineurs ont pu quitter le territoire sous Hollande)
Jusqu'à des femmes françaises jihadistes pour Al Nosra, partent en famille avec mari et enfants.
Une internationale sombre qui vient pour tuer les syriens dans leur propre pays. Parce que selon eux....ils ont l'impudence de ne pas appliquer "leur charia". Ils importent leur moyen-âge mental peu connu de cette contrée proche-orientale ouverte car multi-confessionnelle!
*Arabe.
Cette terminologie ne convient pas du tout à la lecture des événements en cours.
Oui: la révolution a bien lieu dans les pays dits arabes, donc arabophones.
Non, elle ne concerne pas la notion d'arabité !
Le Printemps Arabe est anti-arabe. Carrément son anti-thèse: une vision extrême et intégriste de l'islam, installée avec la complicité des pays cités plus haut.
En effet. Si tous les musulmans ne sont pas arabes (l'Indonésie....) tous les arabes ne sont pas musulmans. Bien évidemment tous les musulmans ne sont pas jihadistes ni intégristes. Et tous les syriens ne sont pas arabes (Tcherkess etc..)
La population syrienne est sunnite à 85%. Sur place, combien de syriens sunnites ne sont pas d'accord avec ces rebelles ou Daech ou EIIL qui viennent pour imposer une charia type saoudienne?
Dérive des coupeurs de têtes et mangeurs de foies humains, égorgeurs au prétexte d'imposer leur façon unique de penser le rapport à l'au-delà, de prier.
L'ARABITE, CETTE TRANSVERSALE, REMPLACEE PAR L'ISLAMISME
L'arabité est bien une identité ethno-culturelle, linguistique voire politique. Après les Indépendances, cette notion a fonctionné comme dénominateur commun. Une transversale qui cherchait à unir le monde arabe au delà des frontières nationales: le pan-arabisme. Elle reposait sur une origine géographique sémite/péninsule arabique/moyen-orient mais pas sur une ligne religieuse.
Les Etats-Nations laïcs et souvent militaires intervenaient d'ailleurs politiquement au sein de la Ligue Arabe laquelle est devenue inaudible aujourd'hui. En coma dépassé. Au profit des pétro-monarchies du golfe, intégristes: wahabites, "frères" qui mènent les opérations, financent.
HORREUR SOCIETALE
Aujourd'hui on arrive dans le cadre de cette guerre à une horreur sociétale au sens proche-oriental: des conflits confessionnels dans cet univers pluriel par essence.
Avant cet "hiver arabe" les individus se définissaient par leur nationalité comme égyptiens, libanais, syriens dans le cadre des Etats-Nations (certes toujours communautaires car c'est la base de ces sociétés orientales) Désormais, "on" qualifie d'emblée les gens par leur appartenance communautaire. Une véritable régression que cette mise en avant. Un émiettement. Diviser pour régner. Rappel. En Syrie, depuis des dizaines d'années, la mention de l'appartenance religieuse a disparu des cartes d'identité.
Monseigneur Al Raï et d'autres connaisseurs du proche-orient, le vrai - pas la représentation médiatique occidentale qui en est faite ! - avaient effectivement lu les événements en ce sens par avance.
Toutes les ethno-communautés sont concernées, pas spécifiquement les chrétiens.... druzes , ismaélites, orthodoxes, sunnites, grecs melkites, alaouites, maronites, coptes, chiites, kurdes, tcherkess, arméniens etc.
Le "Printemps arabe" en cours n'est donc pas du registre de l'arabité mais celui de la guerre religieuse. Avec la bénédiction de l'occident qui entend en tirer profit gaz/pétrole et autres. Un réel qui se croise en plus à une confrontation est-ouest pour une prise de possession géo-stratégique.
Ce n'est pas un printemps. Il est encore moins arabe.
Sylvie Neidinger
Suite
*La NED, outil mis en place par R Reagan http://www.monde-diplomatique.fr/2007/07/CALVO_OSPINA/14911
* Complément d'info /islamisme. La Syrie est aussi, traditionnellement terre agricole (Hauran etc...). Les femmes musulmanes qui travaillent dans les champs de blé par exemple ne pratiquent pas la séparation intégriste radicale entre hommes et femmes. Ces villageois vivent suivant des règles plus souples.
* On entend dire sur place que les populations syriennes actuellement soumises au joug des fous de dieu de l'internationale jihadiste se révoltent. N'acceptent pas ces diktats prônés chez eux par des étrangers prédateurs. Elles les combattent désormais.