61 expos, 650 projets de 450 designers, 42 délégations internationales, 80 lieux d’expos : grand raout Rhône-Alpin jusqu’au 31 mars.
Le design ? Il se mêle de tout et s’introduit dans nos vies quotidiennes.
Normal: le dessein de tracer le plus joli dessin – la Ligne Idéale- génère une dualité.
Une forme s’applique à un fond. A un usage en fait. Donc à nos vies.
Les industriels l’ont bien compris qui valorisent leurs offres par une réflexion incontournable, des investissements conséquents en R&D et ...leur présence massive à la Biennale.
Design est un terme introduit pour la première fois en 1849 dans une revue anglaise, le Journal of Design and Manufacturing, par un certain Henry Coles.
Un terme francophone en fait… la langue anglaise étant évidemment fabriquée sur une large base d’ancien français.
* « Design » suppose la notion de « forme appliquée » donc à vocation sociale et collective autour de l’ « objet » cet artefact. Avec le projet récurrent de transformer tout prototype en série.
*« Art » présente la connotation d’individualité en création.
Au final, les deux étymologies se rejoignent autour d'un art du travail bien fait. Elles diffèrent juste dans la temporalité : Art/isan évoque les corporations du moyen âge, les maîtres. Alors que Design ouvre les portes du futur.
EMPATHIE: thématique choisie pour l’édition 2013.
Selon Elsa Francès, Directrice de la Biennale de Saint-Etienne, ce choix fut collectif:« Dans une période où nous sommes en mal d’utopie(…) l’empathie pourrait être porteuse de l’espoir d’une société plus sensible et plus attentive. »
A Saint-Etienne, quelques prototypes pouvaient largement se retrouver au Salon de l’automobile de Genève: une curieuse petite voiture pliable (35 kg tout de même) un véhicule à ouverture complètement latérale et une voiture électrique Renault toute en recherche phonique.
Il ne s’agit que de quelques exemples parmi les centaines de propositions visibles sur place.
Humour toujours présent car toujours compagnon des designers, avec cette pédale de vélo conçue pour ...talon aiguille !
TENDANCE SILENCE
Quelle tendance 2013 j’observe à ce salon ? Probablement les recherches autour du silence.
Elles peuvent être paroxystiques puisque Yamaha (sv100)présente des prototypes de ...violons silencieux. Le piano silencieux existe déjà. Bonne idée que d’enfermer le grincement de celui qui commence à étudier le violon, instrument difficile, dans le casque du musicien !
Voilà un exemple parfait d’objet "designé" autour de la passion personnelle d’un instrumentiste : recherche esthétique, technologique et fonctionnelle pour un usage social (pouvoir jouer du violon dans un immeuble sans gêner les voisins) commercial, industriel. Donc favorisant l’emploi, celui de la création, fabrication, commercialisation, de la banque qui prête, de la réparation, de la pub jusqu’à de la valorisation du déchet en fin de cycle etc.
En fait le design, c’est la vie. La vraie. Pas une fiction. Enjeux industriels et financiers majeurs.
Cette Tendance silence m’intéresse au plus haut point. Car l’humain, ce supra-animal communiquant fait taire les machines... pour mieux s’écouter, lui !
D’accord, cela fait quelques milliers d’années que l'intelligence organisationnelle humaine liée aux informations échangées l’a positionné en prédateur-organisateur en chef de la planète.
Mais depuis quelques temps, l'homme développe les échanges numériques à vitesse V par la @-communication, internet, les mobiles, les tablettes.
De fait, la prospective industrialo-design est la plus redoutable qu'il soit. Il s'agit d'humer l'air du temps pour se positionner avant la concurrence sur un produit innovant réclamant de nombreuses recherches. Recherches qui peuvent s'avérer entre-temps vaines, désuètes, obsolètes avant d'avoir vécu !
DESIGN NUMERIQUE
La partie de l’expo qui m’a le plus attirée fut justement celle dédiée au Design Numérique. Car il pose de sérieuses questions théoriques. Notre environnement quotidien est en constante interraction avec ces objets communicants.
Ceci créé-t-il des relations de plus en plus étroites entre les êtres ?
Ou entre les êtres et les machines ?????
Question posée à la Biennale: jusqu’où est-il souhaitable d’engager une liaison empathique avec les machines ???
Réponse hyper passionnante avec Orange et son tatouage fonctionnel protot' qui fait passer le son par l’os du crâne !
Ce nouveau rapport à l’artefact nous rapproche de la relation que nous entretenons avec le vivant.
Et nous nous interrogeons avec quelques objets phares.
L'industriel Orange est partenaire de la manifestation. L'innovation reste au centre de ses préoccupations puisqu'il dispose en interne d'équipes Design&Use Expérience.
Depuis 2 ans, 2011-2012, il organise avec les écoles de design un concours autour de son coeur de métier. Résultat visible à Saint-Etienne. Impressionant:
OS 2.0 : un patch sonore qui se porte comme un tatouage sur la peau (conduction du son par les os) (ESAA Duperré, Théo Mongourdin)
- Zest qui permet de téléphoner sans toucher l’appareil grâce à la technologie de captation de mouvement (ENSCI- Kim Shinhyung)
- Switch : un système de production holographique en 3D (ISD – Simon Lauwerier, Sandrine Danho, Jean-Pierre Hu, Adrian Borsoi er Han Dinh)
- BlahBlah : un procédé pour enregistrer des messages vocaux et les graver sur des stickers (CSM- Szu Wen Wang)
Ok, va pour le bijoux-téléphone en cuir !
Mais le patch sonore tatouage porté à même la peau est-il empathique, sympathique ou antipathique ???
A quand la machine intégrée en interne au corps humain ??
Après tout, le pace-maker est déjà en place.
La science-fiction, avec les techno-designers, est toujours derrière ...carrément dépassée.
Sylvie Neidinger
Rubrique: Design,style,création,galeries