Clap de fin, vraiment?
Trump, Macron....annoncent à coups de trompettes médiatiques la fin supposée de l'EI ou Daesh (dawlé islamyé) ou Isis en anglais.
Victoire à Baghouz qu'ils s'attribuent, avec leurs alliés kurdes.
EI, Daech, Isis: autant d'acronymes pour une terrible réalité qui s'est installée sur les décombres de l'invasion américaine en Irak et ceux du conflit syrien importé en 2011.
Ces présidents se glorifient d'un bizarre succès.
L'hyperbole prévaut. La guerre serait même gagnée par un certain "André le français", selon un média hexagonal.
Or,
1-Beaucoup des combattants de Daesh ou Etat islamique se sont "évaporés" dans la nature en novembre 2017. Le monde entier devant ses écrans les a vus, stupéfait, quitter par colonnes la ville de Raqqa lors de sa chute. La coalition occidentale, les FDS les laissant partir par centaines avec armes et pick-ups. 250 combattants aguerris et les familles, en bus, selon la BBC.
La presse ne pouvant masquer les images, évoqua sans ciller cette fuite organisée des jihadistes de Daesh par les occidentaux.
2- Moscou par la voix de son ministre Lavrov demanda vertement en février 2018 à ce que les jihadistes issus de Daesh réinstallés autour de la base américaine de Al Tanf, évacuent ce nouveau "trou noir" .
https://francais.rt.com/international/48184-syrie-serguei-lavrov-demande-fermeture-base-us-al-tanf (NDLR 2023: le site RT a été depuis la rédaction de l'article désactivé en France)
Ces groupes Daesh étant alors à l'offensive contre les forces gouvernementales.
2'-Le camp de Al Hol reste une poudrière jihadiste.
3-Le combat contre l'islamisme radical n'est pas du tout terminé. La province d' Idleb regorge actuellement de groupes du même moule idéologique issus d'Al Qaida qui s'y sont concentrés en provenance de ....partout.
Dans cette zone frontalière avec la Turquie, ils ne se nomment pas Daech mais Al Nosra (anciens protégés de Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères de François Hollande) Ahrar Al Cham et autres...
Une cinquantaine de factions en tout. Initialement armés par les occidentaux et pays arabes du golfe (Arabie Saoudite, Qatar..). Il s'agit de ceux nommés "rebelles" par nos médias. Il nous fallait même lire "gentils rebelles" pour correspondre au film politiquement correct vendu sur nos écrans informationnels depuis le début du conflit syrien.
En résumé, on constate un incroyable double jeu occidental autour de l'EI comme "variable", auquel s'ajoute une complexité, celle de la position instable des kurdes.
KURDES SYRIENS RECONNECTES A DAMAS
Les occidentaux ont tenté de créer par ce conflit - entre autres motifs- un Kurdistan nommé Rojava reliant l'est syrien au nord ouest irakien, projet captant ainsi ...les principales ressources pétrolières des deux pays.
De nombreux kurdes pris au piège des annonces et défections occidentales, des violences de cette guerre (génocide Yazidis..) n'entendent plus tant que cela quitter les pays en question: Syrie et Irak pour une hypothétique autonomie. Une semi-autonomie en réalité. Un imbroglio à la Kosovo.
Exemple : il n'y actuellement pas de tribunal digne de ce nom pour juger les jihadistes occidentaux dans la zone. Logique: la zone kurde n'est pas un Etat!
Plutôt que se voir écrasés par la Turquie, ils négocient actuellement leurs bonnes relations avec... Damas.
A Khamichlé, ville du gouvernorat de Hassaké, les familles préfèrent encore envoyer leur enfants dans les écoles gouvernementales plutôt que les nouvelles structures strictement kurdes.
Le Kurdistan ne trouve pas ses marques dans son environnement géographique et historique. Coincés par les puissances frontalières, ils n'entendent pas ce redécoupage prôné par les occidentaux pour leurs propres intérêts géostratégiques.
La guerre en Syrie est un échec au final pour la coalition.
Leur prise de possession indirecte des zones pétrolières et leur exploitation, sous couvert de Rojava poserait un sérieux problème de légalité.
Surtout à partir du moment où le régime de Damas n'a pas cédé contrairement aux plans et désirs occidentaux.
Contrairement aux compromissions avec les groupes islamistes radicaux, de quelque nature que ce soit.
Sylvie Neidinger
Commentaires
Merci Sylvie pour ce rappel succinct des faits et vos mots sonnent juste.
A l'heure des mobilisations pour l'égalité entre homme et femme dans toute l'Europe, j'aimerais ici rappeler que la Syrie était un pays développé, technologiquement, intellectuellement, socialement et... artistiquement. C'était un pays laïc avec des gens bien formés, les femmes étaient libres et traitées à l'égal de l'homme, nombreuses d'entr'elles occupaient des postes à responsabilités dans le public comme dans le privé. Le pays s'était doté d'institutions civiles qui fonctionnaient très bien, d'universités, de hautes écoles; il possédait une industrie en bonne santé. Dans l'ensemble, la Syrie n'avaient rien à envier des pays européens.
La guerre des Occidentaux, enfin on s'en rend compte aujourd'hui, n'a pas eu le but d'apporter la démocratie en Syrie. En disant cela, je m'étonne que les militants des Gòches voit la démocratie comme un meuble qu'on peut déplacer et installer où bon leur semble.
Je l'avais écrit à l'époque sur le blog d'Hommelibre. Cette guerre était passé au stade post dépossession des pays pétroliers. Elle avait pour but la suprématie dans l'appropriation et le contrôle des routes énergétiques par les USA, appelés à rescousse de la France et des Britanniques qui avaient mandat de protectorat d'une partie de la Syrie, contre le mandat russe pour l'autre partie. Avec la complicité de l'Allemagne sous tutelle US, les deux puissances occidentales ont utilisé l'OTAN et la Turquie pour fournir une pseudo légitimité. Quant à crier indécemment vouloir sauver les Syriens des griffes du "sanguinaire Bachar Al Assad", ce n'était rien d'autre qu'une des nombreuses méthodes pour renverser un gouvernement et déstabiliser les populations, car c'est bien la déstabilisation qui a été utilisée comme force de désarmement de tout un peuple. Dans les anales des expérimentations des guerres par procuration, on apprendra que les créations telles que Al Qaeda, Al Nostra, EI etc. auront apporté beaucoup de problèmes, fait beaucoup de dépenses d'argent public et auront résulté de zéro solution.
Beaucoup de morts, des victimes handicapées à vie, des déplacés...
Mais qui s'en émeut encore? Pour les petits lecteurs de nos grands journaux, c'était pour installer le meuble Démocratie!La bonne cause pour la gauche bienpensante! Une bonne cause pour la droite commerçante qui faisait confiance en leurs clercs occidentaux plus qu'à Bachar qu'ils disaient "Boucher qui tue son peuple". Les Hypocrites! Les lobbies pétroliers occidentaux veulent nous le faire croire alors qu'ils escomptaient figurer dans les bons papiers de la coalition occidentale, chevaliers légendaires affrontant le monde arabe et asiatique. Ils pensaient que, de reconnaissance, plusieurs portes allaient s'ouvrir et que le partage allait, de soi, se faire.
La droite qui aime tant le pouvoir et la domination, elle doit savoir que le pouvoir ne se partage pas. Les services se paient et ils ont été payés au prix préalablement négocié! point!
Chacun a fourni son contingent de fournitures: mercenaires djihadistes, salaires et armement.
Retour sur investissement?
Pas de retour, il n'avait pas eu, pour cela, entrée en matière avant guerre. Donc, pas de part! Ça faisait partie des négociations secrètes entre deux ou trois principaux cerveaux du concept. Pas forcément occidentaux.
Ce qui fait tristement et tragiquement sourire, c'est que la guerre dit anti-terroriste répandait en fait, elle-même, de la terreur extrême qu'elle alimentait et qu'elle-même confectionnait. Une terreur diffusée à la vitesse virtuelle des nouvelles technologies qui a touché les bonnes cibles: le petit citoyen syrien, victime des massacres,et le citoyen occidental lambda spectateur manipulés jusqu'à la frustration et à la division dans les opinions.
Pour moi, l'Occident et les USA constituent une menace de destruction de la planète bien plus grave que le dérèglement climatique. D'ailleurs, en tuant, ils polluent durablement d'immenses surfaces qu'ils rendent inhabitables tout en empoisonnant le reste du monde.
Un mot sur les Kurdes de Syrie: ils ont parfaitement raison de rejoindre les autorités gouvernementales de Syrie, ils y avaient un territoire et une assez large autonomie (un peu comme un canton dans la Suisse). La cohabitation était bonne et ils étaient respectés et bénéficiaient de tous les droits syriens. Avec la coalition occidentale et américaine, territoire et autonomie ou indépendance ne seraient que chimère. Ces mérites ne seraient jamais à portée de main et il faudrait cependant faire encore beaucoup de guerres... sans doute mandatés ailleurs, loin de chez eux, loin de la Syrie.