Andreas Lubitz, pilote allemand suicidaire voulait que l'on se souvienne de lui...
Il a réussi puisqu'il va marquer l'Histoire, notre histoire commune.
En se supprimant, il a supprimé 149 vies.
Cela se nomme du terrorisme pur.
Celui qui par un acte imprévisible et mortifère au sein de populations sème la terreur.
Ce terrorisme nouvelle donne diffère de ce que le monde connaissait jusqu'alors: le terrorisme idéologique. Celui qui sévit massivement aujourd'hui au Proche-Orient, en Afrique du nord où des groupes suppriment celui, celle qui ne pense pas ou ne prie pas comme eux. Hommes, femmes... enfants sont actuellement décapités dans ce contexte de folie.
Le terrorisme idéologique est culturel, historisé. Cet aspect lui permet aussi de.... se clôturer. Les Brigades rouges italiennes des années 1980 qui avaient pour ennemis les chefs d'entreprises n'existent plus. Le contexte idéologique ayant changé.
Le pilote fou de Germanwings ouvre toutefois une ère nouvelle. Celle du passage à l'acte perso, en mode terroriste avec impact public dans un contexte professionnel.
A vrai dire, ce passage à l'acte d'un nouveau genre-hors idéologie politique ou religieuse- n'est pas non plus une invention du germanique. Il existe régulièrement aux USA par exemple où par cette peste récurrente, des tireurs fous investissent écoles, lycées ou universités. Très souvent d'anciens élèves à problèmes psys qui se vengent.
Idem: des précédents existent de pilotes s'étant suicidés en vol donc "au boulot" "au taf"m .Mais cela n'avait pas été si explicitement exposé qu'avec la présente affaire.
Et c'est gravissime car le "pétage de plomb individuel" peut de facto se produire en permanence, sans limite dans le temps.
Le monde moderne médiatisé assurant la caisse de résonance, le suicidaire est absolument garanti que son acte va avoir des conséquences énormes en terme de notoriété, certes négatives. Mais tout de même: notoriété assurée.
Personne ne connaissait Andreas Lubitz hier. Tout le monde le connait aujourd'hui. Il a parfaitement réussi son projet.
Il a eu l'originalité aussi de produire son acte criminel dans le cadre professionnel.
TERRORISME INGERABLE POUR LES RESSOURCES HUMAINES
Avec Andreas Lubitz, l'action violente gratuite a désormais un caractère international.
Et plus inquiétant, une absence de solutions.
A première vue l'employeur Lufthansa porte une évidente responsabilité puisque le pilote commence sa déprime en 2008. Il était alors étudiant et n'aurait jamais dû intégrer l'entreprise.
Certes.
Au delà de ce constat, tous les problèmes des Ressources Humaines restent entiers.
Question cruciale. Quand un pilote va déprimer parce que sa femme l'a quitté, parce qu'il a perdu un être cher ou autre, son employeur devra-t-il l'éliminer de son poste en mode rapide ?? Non, c'est impossible.
Ces cas de figures de grosses déprimes sont ...courants. La vie individuelle n'est pas linéaire; elle comporte ses hauts et ses bas.
Même avec un moral à moins 2000, l'employé va tout de même au boulot....En tous cas aucun moyen externe objectif n'est en mesure de détecter une anormale dangerosité.
Vous parlez de l'aérien où des mesures spécifiques devraient être prises ? Ah bon. Et le train ?
Quand un conducteur de train type grande vitesse ou autre va déprimer, son employeur va-t-il devoir l'éliminer de son poste rapidement ? Un TGV ou autre à grande vitesse dans une courbe en ville peut faire d'immenses dégâts, là aussi !
Et puis le conducteur de bus. Et puis le conducteur de camion de matière inflammables. Et puis. Et puis...La liste est sans fin.
Si l'employé se déclare comme déprimé, il peut évidemment prendre un congé maladie. Mais en cas de véritable maladie mentale du type paranoïa, schizo, de celui ou celle qui se croit sain et le reste du monde pourri, de celui ou celle qui entend des petites voix lui demandant d'agir....le sujet ne va jamais reconnaitre son véritable état psychique.
Si comme le pilote allemand il masque et ne déclare rien? L'employeur n'a pas de prise. La société n'a pas de prise.
On est de facto dans le terrorise pur. Complètement imprévisible.
Aucun service Ressources Humaines ne peut gérer cela en amont de manière 100% garantie.
Il n'y a pas de prévention.
Le pilote, le conducteur de train, de bus est en plus, un "monsieur /madame tout le monde", un voisin(e) dont a priori on n'a pas à se méfier.
C'est ce qui est terrible inquiétant et donc terriblement... terrorisant.
Sylvie Neidinger