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E-Economie - Page 20

  • JL Beffa, le capitaine d'industrie fustige l'inconstance des français en matière économique

    On pourrait glisser son livre dans le sac de plage ou la besace de rando. Jean-Louis Beffa nous invite à un  voyage autour du monde. Oui, mais du monde....économique.beffa 001.jpg

    Une analyse plus que rationnelle de la part du président d'honneur de Saint-Gobain.

    Avec son  esprit cartésien- comme l'hexagone sait les fabriquer- le polytechnicien (X-Mines)  va plus loin.

    L'ouvrage donne en réalité la clef de voûte d'une vie au service d'une gouvernance internationale « ce livre résulte de quarante années de gestion d'entreprises »

    La quintessence d'une réflexion à la fois théorique et pratique. Avec la simplicité de l'ingénieur.

    Le "grand patron" classe des typologies de fonctionnements des Etats : le modèle anglo-saxon libéral financier qui n'est pas sa tasse de thé -La récente affaire du Libor qui éclabousse la City de Londres lui donne raison!  Le second :  le modèle commercial industriel (Japon, Allemagne, Chine, Corée..) Le modèle rentier (rente du gaz ou du pétrole : Russie, Arabie Saoudite ...) Le modèle autocentré (Inde, Brésil...)

    La Suisse n'est pas analysée en tant que pays mais citée lors d'une comparaison avec ...le fédéralisme  européen ! « Une Europe sous leadership allemand ressemblerait à la Suisse actuelle. Elle serait ouverte et pacifique. La composante régionale serait forte comme en Suisse avec le rôle important des cantons. Elle serait dominée par l'Allemagne comme la Suisse est dominée par la Suisse allemande »

    Et la France dans tout cela ? Son cas vient en fin d'ouvrage car sa particularité est d'avoir ...changé plusieurs fois de modèle au cours des 60 dernières années. Auto-centrée après guerre puis  libérale-financière sous le socialiste Mitterand dans les années 80. Aujourd'hui, un système  hybride, suivant le sens du vent...

    Selon Jean-Louis Beffa, une inconstance française qui tranche avec  les pays comme l'Allemagne ou le Japon.

    Il décrit. Depuis 1981, les déficits budgétaire s'accumulent, à force de ne pas choisir.

    Pour rester attractif face aux investisseurs internationaux principalement anglo-saxons, l'hexagone a envoyé des signaux forts d'adhésion aux principes du régime libéral financier. Une politique paradoxale reprise ensuite par les présidents successeurs au profit des banques, assurances, rapprochement des hedge funds et des bureaux d'analyse etc.

    Les financiers ont demandé aux groupe industriels de se destructurer, de s'éclater en monométiers. Siemens en Allemagne restait un bloc alors que CGE, Thomson se voyaient à la découpe sectorielle. La participation (co-gestion) gaulliste datée de 1968 est éliminée au profit des stocks-options offertes aux dirigeants qui vont favoriser l'actionnaire-roi.

    Nicolas Sarkozy démantèle l'Agence de l'Innovation Industrielle créée à l'initiative de Jacques Chirac. Une complète déconnexion s'opère entre les intérêts du pays  au point d'une « scission profonde alarmante » La désindustrialisation s'accélère.

    « L'Etat français de puissant est devenu passif voire inerte. Il a comme abandonné les rênes au marché financier devenu seul  maître et juge de l'intérêt économique des orientations industrielles de la France ! »

    Les marchés laissés libres n'ont pas joué leur rôle de régulateur. Il fallait s'y attendre !

    La crise économique de 2008 et la crise de l'euro viennent parfaitement cautionner le raisonnement.

    Au final, monsieur tout le monde est aussi responsable, selon J L Beffa, également  coprésident du Centre Cournot pour la recherche en économie.

    Ajoutons que la Commission européenne ultra libérale porte sa grande part de responsabilité  !

    Les français souhaitent un niveau de vie élevé associé aux  loisirs pour garder leur  mode de vie spécifique ( luxe, gastronomie, tourisme...)

    Ils plébiscitent un service public de qualité  basé sur un nombre élevé de fonctionnaires ( plus qu'ailleurs) et donnent, au final, le tournis aux partenaires qui ne savent plus sur quel pied danser face aux tergiversations.

    La France vit à crédit, dette qu'elle comptait  faire payer - sans mauvaise conscience- par ses générations futures !!

    L'endettement sanctionne cette façon de ne pas choisir.Et la crise de l'euro vient stopper cette dérive.

    Avec la spirale infernale du chômage qui laisse des catégories entières de population de côté et la désindustrialisation gagner telle la fermeture des usines Peugeot dans l'actualité brûlante !

    Les français doivent faire un choix-si possible celui du renouveau industriel.

    S'en donner les moyens. En assumer les contraintes. Et... s'y tenir ! Dixit.

    Sylvie Neidinger

    Capture.PNGJean-Louis  Beffa   n'hésite pas à prendre  son bâton de pèlerin pour lancer son credo en faveur de la relance de la politique industrielle en France.

    Il était accueilli le mois dernier (18/06) à Thônes par le Club des Entreprises de l'Université de Savoie.

    Sur la photo avec Claude Deffaugt, directeur général de Migros France,  président  du Club et administrateur de l'Université.

     


    La France doit choisir par  Jean-Louis Beffa. Seuil. isbn 9782021064995

    Centre Cournot pour la recherche économique

    Club des entreprises de l'Université de Savoie

     

  • Le dollar, ce thaler

    gallatin dollar 001.jpgLe billet de 500 US dollars émis le 10 mars 1862 par le Trésor américain  portait l'effigie du genevois Albert Gallatin.

    Ce dernier militait pour une monnaie stable garantie par de réelles réserves en métaux précieux des banques émettrices. Il justifiera sa position en publiant dès 1830 un essai intitulé «  Considérations of the Currency and Banking System of the United States. »

    Le premier dollar est mis en circulation en 1794, introduit par Alexandre Hamilton suite au Mint Act de 1792 -Coinage Act of 1792 : création d'un Hôtel des Monnaies baptisé United States Mint.

    Le terme provient du «  dollar espagnol » largement diffusé sur le continent nord américain au 18ème siècle) issu lui-même d'une vieille appellation européenne :  le thaler ou taler.

    L'Espagne, puissance majeure  colonisatrice du continent américain frappe largement monnaie en puisant dans les mines locales. Une de ses pièces argentées valait 8 reals, d'où, également l'origine historique probable  du  sigle de l'USD « $ » : un 8 !

    La dénomination dollar est de souche européenne. Le joachimsthaler  ou jochenthaler fut une pièce de monnaie d'argent allemande fondue  sur la base d'un métal tiré des mines de Sankt-Joachimsthal en Bohème- argent usité  dès la fin du moyen-âge dans ce qui est devenu aujourd'hui  la République Tchèque.

    Plusieurs versions équipent les circuits monétaires  des divers Etats allemands. Le thaler   va devenir "la" monnaie d'échanges par excellence (thal signifie vallée en français.)

    Le célèbre thaler Marie-Thérèse 1er frappé en Autriche dès 1780 circulera jusqu' 1960...au Yémen et dans les souks orientaux !

    Dans certains  cantons suisses, les deux orthographes se retrouvent: taler et thaler pour nommer certaines  pièces   antérieures au franc ( avant 1850)

    En installant le Suisse Gallatin  sur un dollar américain, lequel vient du dollar espagnol, lequel provient du thaler germanique, lequel  dénommait également les monnaies de certains cantons helvètes (entre autres batzen, kreutzer etc.) la boucle se boucle.

    Le dollar  part de l'Europe et l'on s'en souvient.

                                                                                        Sylvie Neidinger

     

    lire article Gallatin sur ce blog

    visiter le Musée des Suisses dans le Monde, Pregny qui publie la collection spécialisée du même nom.(Editions de Penthes)

     

    Tags : dollar,dollar US, dollar espagnol, monnaie, Albert Gallatin, musée des Suisses dans le Monde

    rubrique la genevie.png

     

  • Protestantisme rhénan contre orthodoxie grecque

    On signale l'excellent article paru sous la plume de Sophia Mappa intitulé « la Grèce tragique et ottomane expliquée à l'Allemagne luthérienne » (Rue89/ Nouvel Obs rubrique  Tribune du 4/02/2002) qui décrypte les incompréhensions fondamentales entre l'éthique protestante (cf son lien avec le capitalisme, Max Weber) et l'absence profonde d'adhésion à ces valeurs de la part de la Grèce. L'article évoque la Grèce byzantine et ottomane.

    Nous pouvons remonter  plus loin encore dans l'histoire. Un grec sur "C dans l'air France 5" hier soir évoquait «les occidentaux» en parlant de l'Allemagne, la Hollande, la France....La remarque lui a été faite. Il assume. Son pays est en transition entre deux mondes.

    Grèce: effectivement, Docteur Economie doit comprendre aujourd'hui que son malade est aussi oriental. Il partage avec toute la zone levantine  le poids de la religion -des religions en fait- comme squelette constitutif "réel" de l'Etat, le poids  de l'absence d'instruments de mesure fiables (peu de comptabilités publiques et privées normalisées) le poids d'éventuels comportements clientélistes claniques supposés «antiques».

    C'est un autre fonctionnement ...politique parfaitement accepté, assumé par les populations de   l'est méditerranéen.

     Au Liban, l'exercice est porté à son comble puisque les fonctions régaliennes de l'Etat sont constitutionnellement partagées entre cultes : un président toujours maronite, un premier ministre toujours sunnite et un président de l'Assemblée toujours chiite.

    L'Etat syrien laïc et socialiste fonctionne  également sur la base des lois  spécifiques à chaque religion en matière d'Etat civil et de transmission de patrimoine. Par exemple, seul le mariage religieux y est reconnu, comme au Liban. De toutes religions s'entend: toutes reconnues.

    En  Israël, le fait religieux déborde souvent sur l'espace public. En Palestine aussi.

    L'EUROPE DE L'EURO SIDEREE OUBLIE SES PROPRES CHOIX INITIAUX CATASTROPHIQUES

    « L'Europe de l'euro » découvre avec stupéfaction les rapports incestueux entre l'Etat grec et  l'Eglise  orthodoxe, premier propriétaire terrien du pays (130 000 hectares) sans cadastre ni impôt foncier.

    Oui « L'Etat autonome orthodoxe »  ne paie aucun impôt mais peut vendre très cher des parts du littoral, ne paie pas toujours les cotisations sociales de son personnel. Les popes quant à eux sont des fonctionnaires rémunérés par l'Etat  laïc.

    Constatation :  la Grèce semble  aimer fonctionner ainsi ! La question est plutôt:  pourquoi avoir fait entrer dans la zone euro un pays visiblement non préparé ?

    Parce que le capitalisme libéral l'y a poussé !! On veut encore aujourd'hui faire entrer la Turquie dans l'Europe pour élargir le « marché commun » si cher aux Anglais.

    Les fondateurs de la monnaie unique ont pêché par optimisme et naïveté en pensant régler  avec l'euro devenu une  sorte de « dénominateur commun unificateur »  les problèmes par automatisme, par régulation ...naturelle du marché en quelque sorte.

    Ils ont parié. Ils ont perdu.

    Le capitalisme protestant rhénan doit, avant de fustiger  «  les menteurs grecs » , reconnaître qu'il a cru aux.... Miracles de Saint Optimisme et Saint Libéralisme sans règle du jeu préalable.

    Accuser  aujourd'hui la Grèce de  tonneau des danaïdes pose des limites déontologiques. Quand on choisit de bâtir l'immeuble EUROLAND pour mieux faire vivre ensemble les   co-propriétaires,  le comité des architectes se devait de ne  pas accepter dès le départ la présence à la fois  de  piliers solides  aux normes sismiques  et de piliers au béton  saturé de sable, économiquement parlant..

    Aujourd'hui, des pans entiers du bâtiment Europe se délitent sous les yeux médusés de tous.

    Cette  sidération globale paralyse les prises de décision.

    Le pire dans cette affaire sera de bouc- émissairiser la Grèce !

    Certes, ne pas payer ce que l'on doit ruine la confiance et semble évidemment trop facile...

    Pour autant les prêteurs doivent balayer devant leur porte et réfléchir à cette construction d'une Europe monétaire sans structure politique sérieuse à l'origine parce que l'on a cru que les « lois du marché » allaient d'elles-mêmes réguler les aspérités par enchantement.

    La baguette ...magique pour transformer la Grèce en profondeur n'est même pas encore inventée.

    Le mythe d'une Economie qui tournerait  seule indépendamment  du poids des cultures, des histoires, des pensées, des peuples est la principale erreur du capitalisme libéral qu'il soit rhénan, anglo-saxon ou capitalisme tout court.

    Le cadre de la régulation politique semble évident. Cette constatation basiquement réaliste aurait coûté moins cher si elle avait été faite au départ de la construction et non quand l'immeuble se fissure !

                Sylvie Neidinger

                                                         Rubrique #Protestantisme

     Tags : capitalisme rhénan, Grèce, Allemagne, économie, Sophia Mappa, rue 89, euro, Europe

  • La Finance expliquée aux nuls: Finanbulles

    Je signale l’existence du blog didactique FINANBULLES rédigé par une femme, Catherine Le Gall, journaliste à la fibre sociale au départ.

    Elle aborde avec professionnalisme le monde de la finance, du trading qu’elle découvre et fait découvrir sous des angles inédits, inhabituels, décalés quant aux sujets. Tout en utilisant, pour la forme toute la palette du web.2.0, diaporamas, vidéos etc.

    Certes, elle observe la finance en chaussant ses lunettes d’habits noirs et de critiques induites - pas forcément la tasse de thé des traders stricto sensu de la place de Genève  qui ne voient pas leur métier de cet oeil!

    Mais Catherine Le Gall a la rigueur de développer son argumentaire par un travail approfondi de blogueuse-journaliste (enquêtes, interviews etc.)

    A l’heure des grands bouleversements économiques, financiers et des triple A accordés ou non, voici un bon travail de décryptage grand public ! Vulgarisation numérique.

                                   Sylvie Neidinger

    Finanbulles.fr/blog/

     

     

  • Les pendulaires frontaliers

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