Le fait divers récent de Walterboro (Caroline du Sud) fit l'objet d'un écho mondial. Un homme défiguré par un cancer n'a pu consommer tranquillement dans un resto. Eliminé manu militari par la gérante au motif qu'il effraye la clientèle.
Elle l'aurait même tiré par la chemise dans son bureau. Et intimé l'ordre de cacher son visage.
La fille de Kirby Evans en colère dénonça le dit-commerce.
Elle explique que son père n'avait pu se payer de chirurgie reconstructrice.
Cette histoire commence mal mais finit bien par une cagnotte solidaire pour permettre à l'individu de se soigner.
Le story-telling avec l'argent récolté semble donner une morale positive à cette affaire sordide. Elle tient du registre de la solidarité autour d'un cas individuel personnalisé.
LECTURE POLITIQUE DE L'AFFAIRE EVANS
Pourtant, un deuxième niveau de lecture s'impose, beaucoup plus politique !
Jamais en Europe (UE,Suisse et autres ) on ne pourrait croiser un homme en telle souffrance physique.
Tout simplement parce qu'un cancer y est réparé jusqu'au bout, chirurgie réparatrice comprise. Une économie solidaire commune européenne.
Aux USA, pas d'équivalent en sécurité sociale.
De facto ceux qui ne peuvent payer restent en marge, alors que la médecine pratiquée peut y être excellente.
Une médecine de pointe non accessible à tous. Sinon par la charité, très protestante en fait.
Kirby Evans, par son histoire individuelle avec "happy end" va pouvoir se soigner.
Mais il est permis de se poser la question des inégalités sociales collectives en Amérique, obérant l'accès aux soins, au regard de l'argent dépensé par ailleurs.
Comme pour l'exemple de la semaine : la relance de la guerre nucléaire et son coût induit
Sylvie Neidinger
crédit photo Sylvie Neidinger graffiti sur roche Cuves de Sassenage