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Art-Sculpture, peinture - Page 6

  • Décollations muséales: j'aimais bien le XXème siècle...

    " Judith décapitant Holopherne."caravage.GIF
     
    L'oeuvre originale du Caravage vient de sortir du néant.
     
     
    Le cabinet d'expert Turquin vient d'évaluer l'oeuvre à 120 millions d'euros.
    L'état français publie un décret de non sortie du territoire pour trois ans.
     
    Et le monde de s'extasier de la redécouverte.
     
    Il  y a tout de même un petit problème... Sinon plusieurs.
     
     1) ORIGINE DE PROPRIETE?
    L'ancêtre de l'heureux néo-propriétaire était officier de Napoléon. Le tableau est   probablement  un butin des guerres d'Italie ?
     
    Débat clos: le tableau appartient à une Histoire qui remonte à la première moitié du... XIXème siècle tout de même.
     
    Le débat sur la légitimité de propriété semble ici passablement dépassé deux siècles plus tard.
    Il avait été pris à qui et ou cet objet? Nul ne le sait
    Le monde de l'Art  estime miraculeuse la résurrection  de cette toile et s'en extasie.
     
    [Nota Il n'y a pas de hasard, d'ailleurs à ce que  le British Museum et le Louvre soient les deux musées les plus volumineux au monde.
    Les deux anciennes puissances coloniale ont accumulé des objets des territoires sous leur contrôle.
    Débat sur ce point ? Quand on voit la destruction actuelle,  massive du patrimoine proche-oriental in situ, on trouve que le réseau mondial des musées- et pas seulement ces deux musées majeur- a finalement protégé une partie du patrimoine de l'humanité.]
     
    2-Les Italiens viennent tempérer l'enthousiasme hexagonal contestant  que l'oeuvre retrouvée soit un original du Caravage. Normal, c'est de bonne guerre.
     
    Alors où est le problème??
     
    3)....Le sujet: une décapitation !
     
     
    Ou ici la décollation de Saint-Jean Baptiste 1496-1499 oeuvre visible au MAH
    [Ici Juan de Flandes ( vers 1465 - Palencia, 1519)Hans Memling (Memelingen, entre 1425 et 1440 (ou près d'Aschaffenburg, vers - Bruges, 1494), ancienne attribution.(Huile sur bois 87 x 47 x 1 cm. Mention obligatoire : Musée d'art et d'histoire, Genève. Legs Gustave Revilliod, Genève, 1890 N° d'inventaire : CR 0365)]

    J'aimais bien le XXème siècle... quand on croisait  ces scènes atroces du comportement humain seulement et uniquement au détour des couloirs de musées.

    Que l'on pouvait regarder ou ignorer.

    Ces oeuvres d'art  nous évoquaient la barbarie de l'antiquité. Et ouf, on se disait que de tels temps atroces étaient révolus.

    Et nous de gloser, jauger, soupeser, analyser tranquillement du regard les clairs obscurs, la touche spécifique de l'artiste.

    Et puis le XXIème siècle barbare nous gicle en pleine figure.

     On a décapité dans la plus grande indifférence jusqu'à ce que des occidentaux  subissent le sort. Ce qui a enclenche enfin une alerte mondiale en 2013.

    Mais surtout  ces crimes de guerre se poursuivent.

    Les ados et lycéens  commençaient à  partager sur les portables dans les cours  des établissements scolaires ces scènes chaudes d' un nouveau genre dans l'indifférence sociétale la plus absolue.

    C'était l'époque du partage sans limite, à tout va,  infra rouge ou bluetooth aujourd'hui révolu.

    Les parents qui savaient rouspétaient, mettaient en garde. Leur progéniture était informée Et les autres?

    facebook participait volontairement au partage macabre encore en 2013 en refusant de retirer une video enclenchant une ire mondiale puis en acceptant finalement

    Aujourd'hui  1) celui qui cherche sur internet trouve toujours ces images et surtout 2) les criminels continuent leurs ignobles exactions, à l'heure de la modernité.

     Les tableaux du type Judith& Holoperne n'étaient au fond que des pigments sur toiles rappelant de vieilles lunes.

    J'aimais bien le XXème siècle...

                                                     Sylvie Neidinger

     
     

     
     
  • Murmures d'invisible

    Après   "Rives et Dérives" , à la Cité du Temps (Genève) tout  récemment, Béatrice Mazzuri propose depuis peu ses Murmures d'invisible à Vevey (Ferrari Art Gallery).

    J'avais apprécié de rencontrer cette artiste au Pont de la Machine en avril 2014

                                                                                                          SN

                                                                                              

    beatrice mazzuri, artiste peintre, vevey

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  • Vincent Gontier, sculpteur de... papier journal !

    Passage de la presse écrite au numérique.vincent gonier,sculpteur,papier journal,voiron

    Presse écrite en régression. C'est un constat de mutation.

    Le journal peut aussi avoir une autre destinée, moins attendue....

    vincent gonier,sculpteur,papier journal,voironVincent Gontier travaille depuis plus de 30 ans  en Isère avec ce matériau, qu'il valorise à sa manière.

    Son atelier est à Voiron en  Isère.

    Il a passé un accord avec le  quotidien local de la PQR, le D L pour  utiliser des kilos de  papier journal  pour ses...sculptures. A la condition que les feuilles ne soient surtout pas... ouvertes !

    Pas de lecture.

    Le secret d'usage en  sculpture de cette matière hyper fragile par définition: le papier ? vincent gonier,sculpteur,papier journal,voiron

    Une compression par le métal dont Vincent Gontier est un redoutable façonnier aussi.

    Résultat: de très étonnantes plastiques  aérodynamiques.

    Quand j'ai fait part à l'artiste, qui fut exposé au Musée Hébert jusqu'au 4 avril de mon ressenti -à savoir que chaque oeuvre semble correspondre à une équation mathématique incarnée- il répondait qu'un mathématicien lui avait  fait à peu près  la même remarque.

    Cela relèverait même, a-t-il appris du spécialiste, d'une catégorie complexe des mathématiques...

    Calculs qui toutefois  lui restent inconnus. Lui reste un poète !

                     LE PAPIER JOURNAL DEVENU  DESIGN

    L'artiste créé des formes extraordinaires  avec  un  fort contraste de matières: le solide du métal et le papier si fragile des  journaux   qu'il rend fermes. Qu'il enferme.

    vincent gonier,sculpteur,papier journal,voironVincent Gontier semble aussi avoir la côte dans l'univers local  des chaudronniers, soudeurs et métalos qui saluent la prouesse...

    Les journalistes en visite sont eux  étonnés par  l'incroyable forme donnée à du simple papier journal que personne n'imaginait matière si design

    "Vincent Gontier a fait des journaux, imprimés éphémères qui accompagnent notre quotidien, sa marque de fabrique. Depuis presque trente ans, le sculpteur les assemble, pliant et dépliant, mettant en volume les oppositions : fragilité-solidité, souplesse-rigidité, papier et acier. Il contraint ou libère ces matériaux, les façonne dans une dimension tant esthétique que poétique. Les « Compactus », qui associent liasses de journaux et acier, avec les « Croquis sculptures », qui sont leurs versions réduites, puis les « Synapses » et les « Origami », où la seule feuille de papier est finement rouleautée ou pliée, témoignent de son intérêt quasi obsessionnel pour les imprimés. La série des barques, issue d’un voyage en Nouvelle Zélande, associe acier et verbe alors que les récents « Dessins brûlés » redonnent toute leur place aux signes et à l’image." (lire sur  site Musée Hébert)vincent gonier,sculpteur,papier journal,voiron

    L'expo grenobloise et le livre publié sur ce sculpteur à cette occasion  eurent le mérite de  faire découvrir un talent, une oeuvre  de maturité accumulée depuis  trente ans.

    Des sculptures  jusqu'alors assez méconnues pourtant hyper intéressantes autant par  le discours structuré que l'auteur tient sur la philosophie de sa démarche  que par  la qualité de sa production hyper structurée.

    Carrément mathématique: des équations rendues solides.

    Bizarrement: resserré, enserré, le papier redevient ...bois nervuré !

                                                                              Sylvie Neidinger

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     crédit images : photos neidinger

                                               

     

  • Marcello, femme jusqu'au bout des doigts de sculptrice

    Penthes, le musée des Suisses dans le monde n'a pas  choisi par hasard  la date du 8 mars 2016 pour le vernissage de son expo sur Adèle d'Affry (1836-1879), "suissesse de l'étranger", habituée de la cour de Napoléon III à Compiègne.

    8 mars 2016,penthes,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècleTelle une shiva des identités - un classique des femmes! - l'artiste sculpteur, peintre, épistolière décline ses dénominations.

    A la fois son nom de naissance helvète d'Affry   (de son ancêtre Louis d'Affry, premier landamman de la Suisse) son nom d'épouse hyper prestigieux: duchesse de Castiglione  Colonna et enfin, son pseudo Marcello (masculin!!) qu'elle se donne en référence au musicien vénitien Benedetto Giacomo Marcello.

    Il faut suivre...

    Ces messieurs n'ont pas ce souci de "multi-facettes sociales" à  présenter, voire de légère "schizophrénie sociale". Ou, pour faire moins médical,  du léger "tiraillement" entre les diverses  identités liées à la dénomination féminine.

    Au point de se choisir homme.8 mars 2016,penthes,givisiez,fribourg,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècle

    Marcello doit résoudre la quadrature du cercle: être femme (facile) et artiste de la glaise et du ...métal. ( plus compliqué surtout quand les cours d'ateliers ou des Beaux-Arts ne sont accessibles qu'au genre masculin).

    Ce,  au coeur du XIXème siècle, pas encore féministe.

    Ce, en ménageant ses origines aristocrates fribourgeoises  de naissance, et de mariage avec la prestigieuse famille papale Colonna.

    8 mars 2016,penthes,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècle,givisiez,fribourgElle sera donc à la fois bohème et amie des cercles de pouvoir. Amie ou égérie de personnages qui comptent tel Edouard Manet, peintre alors sulfureux dont elle refuse de se laisser tirer la portrait. Dommage....

    Elle s'introduira aux cours d'anatomie habillée  en...  garçon.

    Qu'elle choisisse un nom masculin pour son travail d'artiste en dit long sur sa forte détermination, quitte à se dissocier, se diviser. Pour mieux agir.

    8 mars 2016,penthes,givisiez,fribourg,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècleLa visite à Penthes en ce 8 mars fut privilégiée puisque réalisée en compagnie d' une de ses descendantes qu'elle aurait adoré prendre dans ses bras.

    Monique von Wistinghausen, si attentive à faire connaître son illustre ancêtre de Givisiez, si émue à la décrire dans sa complexité.

    8 mars 2016,penthes,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècle,givisiez,fribourgL'oeuvre sculptée  la plus connue de la Duchesse de Castiglione Colonna est probablement  la Pythie.

    Ce bronze installé  à l'Opéra de Paris annonce  déjà l'Art Nouveau....

    De quels dangers se protègent le bras, la main  de l'oracle  malgré ses divinations ? Combien d'obstacles  matériels, sociaux ici  repoussés par Adèle d'Affry, veuve à 20 ans pour mener sa vie de choix, celle de sculpteur ??

                                                COMBAT D'  INDEPENDANCE D'ESPRIT8 mars 2016,penthes,givisiez,fribourg,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècle

    Malgré son rang social, le combat est de mise. Adlèle d'Affry l'exprime, un peu amère :" Thiers, Cousin, Carpeaux, Regnault, Graty, Hébert, Fortuny m'ont vivement aimée, et comme tout ce qui a de l'indépendance d'esprit est odieux aux gens qui vont par troue comme les oisons (et s'en glorifient faut voir!) je suis toujours suspectée et menacée par ceux qui tiennent dans leur main la considération d'autrui, d'un pauvre autrui surtout" Lettre à sa mère (toujours si proche) la Comtesse d'Affry datée du 4 décembre 1872.

    8 mars 2016,penthes,givisiez,fribourg,marcello,sculpture,adèle d'affry,xixème siècleAutres facettes: l'orientalisme et  le  classicisme . Tel le    buste de l'Impératrice d'Autriche, la fameuse Sissi. Le profil gréco-romain n'a pas de secret pour elle.

    Découverte à  Penthes de sa globalité: ses peintures et ses écrits à l'étrange écriture croisée !

    Elle meurt jeune au grand regret de ceux qui imaginent la puissance de sa production en devenir.

            REDECOUVERTE DE L'ARTISTE FRIBOURGEOISE

    L'oeuvre de Marcello s'était endormie.

    Madame von Wistinghausen décrit fort bien l'intéressant contexte de sa redécouverte. Lorsque des spécialistes de l'art cherchent à visiter un sanctuaire familial fermé depuis son décès: l' atelier de Givisiez.  Selon elle, la transmission du lieu par les femmes explique son non démembrement.

    Une tendresse infinie se lit dans les écrits communs  d'Adèle avec sa mère.  Une affection  qui visiblement s'est transmise par héritage! Au point d'avoir gardé intact un atelier depuis 1879.

    Redécouverte scientifique et historique de Marcello,  ensuite avec  ces quatre expos internationales  successives à Fribourg, Compiègne, Tessin et  maintenant Genève.

    Depuis les tentures de sa pièce de travail ont été levées, des documents précieux retrouvés. 

    La lumière inonde à nouveau. Marcello revit.

                                                                            Sylvie Neidinger.

     

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    DOSSIER-PEDAGOGIQUE-MARCELLO-par les services de Penthes sur  pdf

    Marcello: ouvrage bien documenté qui retrace  le contexte de la sculptrice. 5 Continents Editions Disponible sur place, à Penthes.   ISBN 978-88-7439-68I-8

    Fondation Marcello

    crédit image: 2 scans et photos Neidinger

     

     

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  • Alexander Tikhomirov et Daria Tikhomirova

    La question posée est "peut-on exprimer l'indicible par une oeuvre d'art?"

    L'extermination des camps de concentration  peut-elle se visualiser sur un support dit "artistique"?alexander tikhomirov,daria tikhomirova,salon du livre de genève 2015,genève

    Il existe effectivement des oeuvres  sur le thème.

    Angela Merkel vient d' inaugurer le 25 janvier dernier à Berlin une expo (visible jusqu'en avril) de productions liées à la  déportation.

    A cette réponse difficile, un artiste m'a particulièrement intéressée. Il m'était totalement inconnu. Découvert l'année dernière.

    C'était à Genève, au 29 ème Salon du Livre de 2015

    alexander tikhomirov,daria tikhimorova,salon du livre de genève 2015,genèveAlexander Tikhomirov (1916-1995) était présenté dans le cadre de l'hôte d'honneur: la Russie, avec ses peintures dédiées " En mémoire des victimes innocentes"...

    Tuées par la barbarie nazie.

    Jusqu'alors, je pensais que seul le documentaire (film, photo) puisqu'il était supposé "réel"pouvait décrire cette réalité là.

    Or, les tableaux présentés à Palexpo étaient forts impressionnants car décontextualisés. Pas de meuble. Que des corps..Et des titres évocateurs: adieu, lamentations, prisonnier etc.

    Ils retranscrivent fort bien ce que l'on peut nommer "l'au delà de l'humain dans son angoisse existentielle", cette limbe entre vie et mort.

    Je suis restée scotchée  sur place, fort étonnée du rendu.

    Surprise que l'angoisse des camps  puisse ainsi se décrire et se transmettre par Art interposé.

                          Présence de la petite fille du peintre Daria Tikhomirova

    alexander tikhomirov,daria tikhomirova,alon du livre de genève 2015,genèveCerise sur le gâteau, une  jeune femme à la beauté slave éclatante représentait l'artiste devant ses tableaux: sa petite fille Daria.

    Un contraste fantastique  avec le  contenu NOIR fusain sur les camps d'extermination.

    Contraste significatif car à y réfléchir, sa présence face aux tableaux fut essentielle pour un choc visuel.. créatif.

    Sa présence montrait  en creux, combien les annihilés de l'extermination disparaissent aussi dans leur descendance qui n'a pas pu exister, annihilée, devenue poussière d'histoire.

    Sa présence montrait par là, combien la force de vie doit être la règle.alexander tikhomirov,daria tikhomirova,alon du livre de genève 2015,genève

    A propos, une interview parisienne de novembre 2015 nous apprend que la jeune russe de 24 ans  se lance elle aussi, comme son père et son grand-père, dans une carrière artistique.

    Mais avec une approche opposée car joyeuse: écume l'allégresse!"

    Je cite:

    "les oeuvres de Daria Tikhomirova sont des écumes d’allégresse. Elles nous donnent toutes les raisons de garder la foi en la sérénité et la joie mais aussi des odes à la paresse, à admirer la grâce d’une ballerine ou à se délecter, allongé au soleil, de grains de raisin".

    "Je veux donner le sourire et refléter la beauté de la vie", affirme justement  Daria Tikhomirova  qui porte  AUSSI en elle l'héritage d'un regard fort qui a trouvé le moyen de décrire le sombre indicible de la tuerie de masse.

    Justement...

                                                                                Sylvie Neidinger

     

    crédit images: salon = Neidinger. +capture d'écran pour oeuvre Daria T