Avis aux amateurs de biographies. Les bios sont toujours des tranches de vie originales par principe !
La pédiatre Aida Bairam a couché sur papier ses souvenirs aux Editions Amalthée. Ce médecin-chercheur de l'Université Laval a décrit le parcours qui la mène de Damas en Syrie à Québec en passant par Nancy.
Ou l'art de transformer une injustice personnelle pénalisante initiale en force motrice d'existence.
Sa douleur immense traverse sa vie. La transperce même!
Le 24 juin 1963, sa Maman décède." Je te parlais, tu ne répondais pas. Je te disais que je t'aimais, tu ne réagissait pas. Tu es partie loin me laissant seule sans espoir de te revoir. Ton départ tragique fut douloureux à jamais" (page 7)
La petite fille passe donc un pacte posthume avec sa maman, décédée alors qu'elle est toute jeune: l'engagement de soigner. Par là, de rétablir les situations "injustes" par essence:
"« En te voyant t’éloigner, je t’interrogeais et voulais savoir si tu avais choisi de partir avant papa parce que c’était lui qui travaillait et nous apportait de quoi manger, nous habiller, nous faire vivre. Tu m’as abandonnée et je te pardonne, mais je te promets, maman, de trouver un médicament pour guérir toute personne qui tombera malade comme toi et l’empêcher de quitter ses enfants comme tu as dû t’y résoudre avec nous, nous qui étions très jeunes, entre huit et quatorze ans.»
Aida ne suivra pas à la lettre son engagement sur un point -et s'en justifie même un demi-siècle plus tard! - elle sera pas oncologue en lien direct avec la maladie de sa Maman mais bien pédiatre.
Bon, l'auteur est pardonnée...
Toutefois on ne peut s'empêcher d'imaginer que le choix de spécialité pédiatrique n'est pas innocent. Aida a probablement voulu réparer l'enfant qu'elle était? Soigner la part d'enfance souffrante qui l'anime elle. Qui anime sa fratrie.
Aida Bairam a développé son expertise médicale autour du nouveau-né et de sa respiration, entre autres.
Au delà du parcours personnel, son livre intéresse aussi par la description de la capitale damascène de ses jeunes années. Passant par Nancy, elle fera finalement sa carrière au Canada.
Les bénéfices de cet ouvrage- que l'on peut se procurer facilement vont au profit de la Fondation Aida Bairam: "aider par une bourse académique un(e) jeune syrien(ne) pour étudier à L'Université Laval."
Beau programme.
Sylvie Neidinger