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Politis International - Page 48

  • Dette: protestantisme rhénan contre orthodoxie grecque...et socialisme français

    L'article publié sur ce blog Neidinger le 16 février dernier n'a pas pris une ride :

    Protestantisme rhénan contre orthodoxie grecque.

    Il est toujours d'actualité. Sauf- détail important - qu'aujourd'hui, on peut remplacer le pays "Grèce"par  "France" au titre des inquiétudes données aux autres partenaires européens dont l'Allemagne.

    Ce soir, le Président Hollande devra lors de sa conférence de presse élyséenne  apaiser non seulement les préoccupations  des français mais aussi celles son partenaire historique germanique, en donnant un cap clair. Surtout  en matière économique.

    Rappel : la semaine dernière, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble a demandé d'une manière informelle une évaluation de la politique économique de l'actuel gouvernement français. Un coup dur à la souveraineté du pays et son amour-propre.

    Article de boursier.com :"Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble aurait demandé au Conseil des experts économiques de son pays de réfléchir à des propositions de réformes économiques pour la France, craignant une chute de la deuxième économie de la zone euro et de ses conséquences sur le devenir de l'Europe dans son ensemble..."(10/11/2012)

    Un choc pour la France qui se considérait jusque là comme un partenaire. Le moteur franco-allemand (caricature) semble connaître  d'énormes ratés...Raison majeure : personne  ni à l'intérieur, ni à l'extérieur ne comprend rien à la France depuis six mois.

    1 LE RAPPORT GALLOIS OU LE SURREALISME MAXIMAL EN POLITIQUE 

    Pourquoi  l'actuel gouvernement de la (supposée ) cinquième puissance mondiale a-t-il  attendu la publication  récente du rapport d'un haut fonctionnaire pour savoir quoi faire et comme agir ?

    Quand l'économie réelle  se balance dans le vide sidéral  au bout de la plume d'un expert !

    M. Gallois et son rapport-certes intéressant et intelligent-  devenu plus puissant que le gouvernement socialiste en place?!

    L'action globale d'un pays serait-elle alors   dictée par la vision  d'un seul individu, même pas titulaire d'un mandat électoral. Au simple motif que le Président lui aurait demandé une réflexion? C'est stupéfiant. Cela semble finalement une habitude de droite comme de gauche  puisque  il faut se souvenir du rapport  Attali sous Sarkozy...

    2 LE CENTRALISME ELITISTE REPUBLICAIN

    Avec ces rapports rédigés par des "premiers de la classe " supposés tout régler, la France atteint là les limites extrêmes du centralisme de son système politique et de son élitisme républicain,  bien  éloigné du terrain.

    En France sous la Cinquième république, le Président concentre tous les pouvoirs. François Hollande  en  plaçant les écrits  d'un expert sur sa tête en haut de la pyramide ...hexagonale commet une curieuse géométrie du pouvoir.

    D'autant  que les acteurs réels de l'économie réelle  sont dans le même temps vilipendés! Les chefs d'entreprises qui eux seuls président aux manettes de la fabrique  hyper fragile  des emplois subissent une  stigmatisation   caricaturale.

    Cet été, Peugeot en attaque frontale très idéologique  par Arnaud Montebourg et François Hollande. Bernard Arnaud également stigmatisé.  Mais aussi les entrepreneurs, grands, moyens et petits...Un autre univers professionnel, celui  des médecins  désigné du doigt à la population par le ministre Touraine, commence actuellement sa  révolte.

    Cette façon totalement surréaliste de pratiquer l'économie-et la politique-  stupéfie. L'Allemagne a bien  raison de s'affoler et de vouloir d'y mettre son grain de sel au nom de la stabilité de l'euro, les économies étant liées.

    (Rappel: la droite française avait  aussi  gouverné en désignant des catégories complètes de populations à la vindicte publique à "karcheriser"...)

    3 LE DENI DE REALISME ECO- POLITIQUE

    A sa décharge, le Président Hollande hérite d'une situation financière incroyablement négative. Il ne trouve pas simplement les caisses vides mais un niveau d'endettement majeur. Comme pour la Grèce. 

    Problème: les français sont encore dans le déni de leur   réalité économique difficile.

    Un déni volontairement  masqué par les  dirigeants politiques avec les rodomontades de la France à l'international en matière d'interventionnisme actif à l'extérieur. Comme par exemples en Libye ou  en Syrie sous Juppé puis Fabius. Après les... leçons d'économie médiatique données à la Grèce par N Sarkozy en décembre 2011. Grèce ...que la France  rejoint  aujourd'hui dans le cadre du  club des maillons faibles de l'Europe.

    Fort de son  droit de veto onusien, l'Hexagone se  berce encore d'illusions sur  sa place et son  poids  réel  au sein des nations.

    Il y a effectivement une contradiction majeure pour la France à se vouloir géant politique, à se projeter comme tel...avec une économie malade et rétrécie.

    L'Allemagne est là pour le lui  rappeler .

                                               Sylvie Neidinger

    Les Allemands sont impatients que la France se rétablisse Lire

    2018 : L'Allemagne a gagné 3 milliards d'intérêts dans la crise grecque !

                                                         Rubrique #Protestantisme

      

                                           

  • Michel Aflak est mort trois fois !

     Le chantre du nationalisme arabe est décédé à trois reprises ! Une première fois le 23 juin 1989 à michel aflak,nationalisme arabe,baas,usa,printemps arabeParis de sa belle mort, à l’hôpital militaire du Val de Grâce.

    La seconde a lieu en  2003 à Badgad  par les troupes américaines qui viennent d’envahir l’Irak. Sa sépulture est volontairement profanée sur ordre du gouverneur  Paul Bremer- voire de ses supérieurs ? Le mausolée rasé, la statue endommagée, les archives  détruites.

     La troisième fois, en cours… avec ce « Printemps arabe » qui prend le contre- pied idéologique du nationalisme arabe théorisée par l'intellectuel, homme politique, Michel Aflak et ses compagnons.

    L’affaire de  la tombe vandalisée, de la dépouille détruite et probablement disparue  avait scandalisé  le monde arabe  à l’époque. Uniquement lui.

    Quel besoin avait l’armée la plus puissante au monde  de s’attaquer à de pauvres ossements, dans un acte rare d’irrespect ? Quel "symbole à abattre" représentaient ces reliquats d'homme?

    Finalement, cet acte daté de 2003  s’éclaire dans le contexte géopolitique actuel. Voire, il offre une clef majeure de compréhension des événements apparemment confus qui agitent  la région, dans la droite ligne de la doctrine Bush de reconfiguration du moyen-orient.

     Qui est-il? Michel Aflak est tout simplement le théoricien  du  Baas,   le parti de la résurrection arabe (lire  article documenté de Philippe Conrad, directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense)

    La Syrie généralement considérée comme « cœur » du monde arabe  est très certainement au cœur historique du nationalisme du même nom.

    Michel Aflak nait en 1910 dans la communauté orthodoxe damascène,  d’un père déjà nationaliste, opposé à l’empire ottoman puis aux français au sein du Bloc National fondé en 1928.

    Ce mouvement de rébellion active fait suite aux idées avant-gardistes de la « Nahda » produites au XIXème siècle au sein de la diaspora égyptienne par des intellectuels libano-syriens, souvent maronites.

    La  « Nahda= renaissance »  intervient au départ  comme prise de conscience "face à" et "grâce à" l'Europe, de la nécessaire modernisation des sociétés arabes: écoles,  séparation de l'État et de la religion,  libération féminine, égalité de traitement confessionnel etc.

    michel aflak,non alignés,usa,israel,egypte,baas,nationalisme arabe,printemps arabeEn 1942, Michel Aflak, intellectuel chrétien,  jettera les bases d’un parti nationaliste panarabe dit de la « résurgence », le Baas. Ce, avec son ami  Salah Bitar, sunnite d'une famille  pieuse de Midan (quartier de Damas) rencontré à la Sorbonne, puis plus tard avec Zaki al Arzouzi, un alaouite d'Alexandrette né à Lattaquié, initiateur du "Club de l’arabisme".Tous ces politiciens, écrivains, philosophes, professeurs  ayant Paris en commun.michel aflak,non alignés,usa,israel,egypte,baas,nationalisme arabe,printemps arabe

    Au congrès fondateur du Baas en 1947, son discours : « une seule nation arabe, de l'Atlantique au Golfe. Les Arabes forment une seule nation ayant le droit imprescriptible de vivre dans un État libre. Les moyens de la résurrection sont les suivants : l'unité, la liberté, le socialisme"

    Il va sans dire que cette théorie politique se pose contre la création de l'Etat d'Israël (1948) et de ses développements. Tous ces idéologues participeront activement à des combats. Pour finir, le parti Baas se déclinera dans les Etats voisins de l'Irak et d'Egypte. Une éphémère RAU ," république arabe unie" unissant Egypte et Syrie verra le jour en 1958. Elle sera vouée à l'échec.

    Michel Aflak doit s'exiler en 1966 de son pays suite au coup d'Etat par des officiers marxistes dont le général  Salah Jedid. Il critiquera cette prise de contrôle des militaires. S. Jedid orientera clairement le pays dans l'axe soviétique. ll sera débarqué en 1970 par son ministre de la défense Afez el Assad.

    BASES DE SA THEORIE POLITIQUE NATIONALISTE ARABE:

    Aflak rejette le capitalisme tout comme le marxisme (car athée et  matérialiste) Il entend  construire un socialisme ... arabe:« Il n'est pas difficile pour les Arabes, s'ils se libèrent du cauchemar du communisme, de découvrir un socialisme arabe émanant de leur âme, au service du nationalisme arabe et comme facteur essentiel de sa résurrection" (1944 Aflak et Bitar)

    Ses bases de réflexion se nomment arabité, nationalisme, socialisme ( surtout pas communisme ni marxisme !)  laïcité (certes "orientale") et islam non politique.

     /Arabité exacerbée comme recherche du "plus grand dénominateur commun "dans le cadre des sociétés pluri-confessionnelles proche-orientales.

     Toutefois, ce concept d'arabité si cher au nationaliste  damascène est un des plus  difficiles à définir puis à  manipuler car toutes les minorités ou confessions du proche-orient ne sont pas forcément  arabes. Et, par ailleurs,  tous les  "vrais" arabes ne se définissent pas  obligatoirement comme tels- au Liban par exemple !!

    De plus, arabe ne signifie pas forcément  "enfant du désert, du sable et de la tente" ! Car l'urbanité arabe est parfaitement identifiable (ex :Damas et ses maisons dites " arabes" qui tournent autour d'une cour, d'un bassin  et d'un jardin de roses, abritant une famille élargie)   

    La définition la plus simple : arabe =" sémite et locuteur de langue arabe". Point barre !

     /Nationalisme. Les Etats Nations arabes, souverains et puissants  se créent dans le sillon des Indépendances  alors que des enjeux géo-stratégiques (autour d'Israël, autour de Suez, passage si vital pour le commerce mondial) et des ressources pétrolières, gazières sont majeurs pour les super-puissances. Cela  va, quelque part, gêner les occidentaux.

    En outre ces Etats nationalistes restent un front du refus à toute initiative d'avaliser les frontières israéliennes de 1967. Ils réclament invariablement l'application du droit international (la fameuse résolution 242 de l'ONU) et invariablement le concept de "Paix contre territoires occupés en  1967".

    /Socialisme. La Syrie se nomme officiellement "République  Arabe Syrienne" et le parti Baas dénommé "arabe socialiste ". L'Union Soviétique puis la Russie reste  sa  sphère  relationnelle privilégiée  en matière militaire notamment (formation des cadres, armement, accueil de navires à Tartous) suite au coup d'Etat de 1966 par un militaire baasiste opposé aux fondateurs (Aflak et Bitar) qu'il chasse, Salah Jedid, pro-soviétique.

    Laïcité... toute orientale et originale : une superstructure laïque... basée sur des fondements confessionnels !

    Oui, la Syrie est laïque mais d'une manière particulière,  tout comme l'était la pensée de Michel Aflak!  

    Le "Pays de Sham",  Bilad el Sham possède une superstructure laïque: sa Constitution ne fait pas référence aux lois religieuses du type charia, la mention de la confession a disparu des cartes d'identité sous Hafez el Assad. Des lois - pas forcément appliquées-interdisent le voile dans les écoles et les Universités.

    Mais cette" laïcité non athée" (complexe ) chapeaute un système confessionnel traditionnel : dans ce pays, on ne peut que se voir inscrit à la naissance  sur les listes d'une communauté (toujours celle du père). Chaque communauté /confession gère ses ouailles suivant les règles qui lui sont propres. Ce qui rend l'Orient compliqué à celui qui ne sait le décoder et le pratiquer. Résumé: une loi laïque non athée globale s'applique en même temps que des lois confessionnelles et/ou communautaires aussi diverses les unes que les autres.

     L'Islam n'est absolument pas négligé dans la pensée de Michel Aflak. Il considère que cette religion est une composante majeure de l'identité arabe.  D'ailleurs, la règle de la Constitution impose en Syrie, république... laïque un Président musulman. Sauf que  la laïcité  prônée par le Baas  évacue la notion d'islam politique.

    Conclusion : Les grands  Etats arabes  qui se structurent lors des  indépendances post coloniales et/ou post monarchiques  vont puiser à l''eau  des théories nationalistes affinées (particulières au contexte local) de Michel Aflak. Et de fait, se retrouver le plus souvent  dans le camp des  non alignés, proches de la sphère soviétique. Toujours  très soucieux de leurs  limites territoriales et des prérogatives souveraines.

    On comprend mieux pourquoi l'armée Us  détruit le mausolée Aflak et la dépouille dès ses premiers mois de présence en Irak. Ces grands Etats arabes indépendants, nationalistes de type laïc ont l'heur de se trouver, on le répète, dans " l'autre camp".

    Les syriens se reconnaissent dans une syrianité  historique (anté-biblique et biblique, califat  omeyyade des années 750 ) Egalement dans une syrianité nationale sinon nationaliste qui transcende l'extraordinaire mosaïque humaine de sa vingtaine de confessions/communautés.

    Aujourd'hui, avec le "Printemps arabe", une guerre civile fait rage pour remplacer apparemment un Etat nationaliste laïc mais non athée par un islamisme politique  pro-occidental: la troisième mort de Michel Aflak?

     Sylvie Neidinger

     

    Série Surya sur blog TDG "neidinger" :

    Article 1-Baal Hadad lance ses foudres en Syrie.

    Article 2-Le printemps néo-colonial arabe

    Article 3- Clinton-Israël en "intelligence amie". Les Etats Arabes le sont-ils?

    Article 4- Michel Aflak est mort trois fois

    -Un article spécifique sera consacré à la description  de l'extraordinaire mosaïque de la  population syrienne, si riche et si complexe.

     Abstract/résumé de "Michel Aflak est mort trois fois!"

    "La tombe de Michel Aflak est vandalisée en Irak en 2003 par l'armée US. Cet intellectuel syrien était le théoricien du parti Baas: arabité,nationalisme, laïcité (originale laicité non athée syrienne comme superstructure d'une société clairement confessionnelle) Le Printemps arabe tend vers  l'objectif   de supprimer les régimes nationalistes arabes issus des indépendances, en concordance avec la doctrine Bush de reconfiguration dudit monde arabe au profit  d'un Islam politique pro-occidental( prochain article).

    Trois  photos= capture d'écran sur le net. Michel Aflak, Salah Bitar, Zaki Arzouzi

     

  • Le printemps néo-colonial arabe

    Le processus de prise de possession coloniale du monde arabe n'était pas achevé avec les décolonisations !

    Il se poursuit sous nos yeux par le dit « printemps arabe »

    Ce « printemps »  finalement développe des conséquences qui partent dans un tout  autre sens que la modernisation démocratique annoncée.

    militaires français gouraud 001.jpg

    Deux observations :

    a- Hier le 10 août 2012, les manifestants tunisiens de Sidi Bouzid, épicentre originel du mouvement d'indignation, s'enflammaient  à nouveau. Ils arguaient du fait que leurs revendications initiales de prospérité économique n'ont pas été satisfaites.

    En lieu et place du mieux être : un gouvernement islamiste s'est installé au pouvoir.

    b- Par extraordinaire, les pays directement à la manœuvre pour « accompagner » le changement arabe sont la France, la Turquie et l'Angleterre et leurs alliés. Soit les trois anciennes puissances coloniales de la zone !

    La Turquie ottomane (occupation de huit siècles du monde arabe et de la Syrie depuis le XVIème siècle) l'Empire britannique (Egypte, Jordanie, Palestine, Irak) l'empire colonial français (Maroc, Algérie, Tunisie dès le XIXème siècle puis le Liban et la Syrie) Enfin les Usa pour la récente occupation de l'Irak.

    Une colonie, suivant la définition romaine est un groupe de peuplement organisé qui se détache d'un territoire avec lequel il reste en relation pour investir un nouveau territoire. Des liens se créent autour d'une domination économique et politique, avec application du principe de diviser pour régner. Donc morceler, communautariser.

    Historique de la colonisation occidentale en Syrie:

    1-Les croisades. Le premier mouvement d'Occident vers le Levant est celui des croisades, d'essence religieuse. Au nom de la religion chrétienne et directement contre la religion musulmane qui naît quelques siècles plus tôt au VIème siècle, son objectif officiel est  de    « sauver les lieux saints, protéger...la Croix » Mais aussi...d'aller chercher  produits et technologies encore inconnus en Europe.  Le monde arabe de cette période historique était techniquement et scientifiquement plus en avance, Bagdad: la mégapole la plus peuplée au monde avec plus de un million d'habitants.

    La Côte est méditerranéenne est alors balisée de châteaux forts croisés (Kalat al Hosn, le Crac des Chevaliers, vers Homs, Margat, Sanjil, Saint-Gilles etc.)

    La mémoire européenne valorise ces faits d'armes. Les familles nobles se prévalent toujours  d'ancêtres croisés. La réalité sur le terrain est vécue autrement. Byzance a vu de nombreuses églises saccagées au passage de ces troupes. Idem au Levant, les populations locales même chrétiennes ont déploré ces occupations issues de l'ouest. L'académicien franco-libanais Amin Maalouf a admirablement décrit dans son ouvrage "Les croisades vues par les arabes", l'envers du décor nommé  «barbarie en terre sainte sous couvert de religion»

    Ici, une perspective  inversée de l'Histoire  rédigée par ceux ...qui la subissent.

    2-L'occupation ottomane du monde arabe jusqu'en Afrique du Nord et aux portes de l'Autriche  démarre au XIIIème siècle par un califat. Selim 1er occupe la Syrie dès 1516. Cette   longue occupation de territoires majoritairement musulmans s'explique évidemment  par le fait que les ottomans sont de religion musulmane.

    A bout de souffle au XIXème siècle, l'empire ottoman  que l'on nomme « le vieil homme malade » voit ses terres possédées reprises par l'Europe conquérante.

    Napoléon lance son « Expédition » en Egypte (1798-1801 Puis la France s'installe en Afrique du nord (débarquement en 1830 avec colonisation de peuplement, création de départements français en 1848) Ensuite  en  Syrie.

    3-Le mandat français sur la Syrie est  issu du Traité de Sèvres (1920)

    militaires français syrie 1 001.jpg

    Les colonisations françaises et anglaises sont d'essences différentes.

    Les anglais aux Indes par exemple,  relativement peu nombreux sur le terrain, organisent le «trading», le commerce mais ne cherchent pas spécialement  à « assimiler » les populations car « l'anglicité »  étant un état tellement hors-norme selon eux, que tous les autres ne peuvent le devenir. C'est de facto une colonisation pragmatique, plus consensuelle.

    La colonisation française, narcissique, civilisatrice, toute "brillante" de son roi-soleil et de son "siècle des lumières", sa Galerie des Glaces,   cherche à rendre les populations locales identiques à elle-même. Pas en terme d'égalité des  droits certes mais en modèle idéologique : le fameux « nos ancêtres les gaulois »  enseigné en Algérie comme effet de miroir.

    Or, au Proche-Orient, contrairement à l'Afrique du nord pas encore mûre sur ce point à cette période, cette volonté coloniale française d'imposer un mode de civilisation, une occupation  au ...berceau de l'humanité ne passe pas. La révolte gronde...dès le départ. La  Syrie du Croissant fertile (des premiers agriculteurs néolithiques, du premier alphabet au monde, en cunéiforme à  Ugarit, des premières urbanisations etc.) n'accepte pas.

    Pour autant,  la  méthode française  de colonisation présente l'avantage d'une redoutable  efficacité. En 20 ans, les français auront réalisé ce que huit  siècles d'occupation ottomane n'ont pas permis de faire. Les bases d'un Etat moderne ont été lancées (routes, écoles, cadastres, poste, tram)

    [En juin 2012, partout en Syrie,  à Damas, Alep, Homs, Hassaké, les élèves ont passé les diplômes dits du  « brevet » et du « baccalauréat » exactement comme en France: même terminologie.]

    L'occupation française reste toutefois insupportable à ce peuple orgueilleux et fier. L'insurrection part du Djebel Druze. Des partis nationalistes arabes se fédèrent. S'ajoute le fait que lors de la 2ème guerre mondiale, l'autorité de la France se délite localement  entre vichystes et gaullistes.

    Le 29 mai 1945, après 10 jours de manifestations, les français bombardent Damas allumant un gigantesque incendie toujours dans les esprits. En avril 1946, l'Hexagone évacue totalement le pays.

    Le cas de la Syrie, oubliée de la mémoire collective française. Syrie à la découpe.gouraud druzes 1924 001.jpg

    Curieusement, la mémoire collective française a totalement occulté qu'elle administrait cette zone  tout autant que l'Afrique du nord. Peut-être parce que, d'une part elle en a été chassée et surtout parce que  les français  avaient d'autres ...occupations à subir en  39-45 ?

    Les syriens n'ont rien oublié, eux ! Ces évènements font l'objet de fêtes nationales et de monuments mémoriels.

    Mais le pays n'en sort pas identique ni  indemne. L'antique  « Grande Syrie » s'est vue découpée lors du Traité de Sèvres (1920) puis du Traité de Lausanne (1923) qui vont établir des frontières au sein du très vieil Empire ottoman. Et la suite...

    Coloniser signifie diviser géographiquement, diviser les populations.

    Sous mandat de la Société des Nations (SDN, ancêtre de l'Onu) le pays se voit morcelé en six entités : Etat de Damas, Etat d'Alep, Djebel Druze, Grand Liban, Etat Alaouite, Sandjak d'Alexandrette.

    Nota: l'appellation géographique "Liban" existe depuis les textes antiques (= la montagne blanche comme le laitage  "laban") Elle  nommait le Mont Liban, ce pourvoyeur de bois de cèdre depuis les temps immémoriaux.

    Avec la complicité de la France, La Turquie moderne va largement "se servir". Elle s'empare du sandjak d'Alexandrette, 19 ans  après avoir obtenu  sur la frontière nord de la Syrie Cilicie et Euphrate par les deux traités successifs. Des territoires de langue arabe passent à la Turquie. La France avait  Protectorat sur Iskanderun (Alexandrette) Elle se devait de le ....protéger. Or, elle donnera tout simplement  le sandjak à la Turquie en 1939 en échange d'une possible  neutralité autour de  la 2ème guerre mondiale. La grande ville commerçante d'Alep se voit ainsi privée de sa façade maritime. L'épisode reste toujours douloureux dans la mémoire syrienne.

    L'Etat moderne syrien se recomposera à partir des états mandatés  de Damas, Alep, Alaouite, Druze avec  une frontière très  amputée  au Nord, à l'Est  et sans  Iskanderun.

    4-Le Jolan syrien occupé. L'Etat moderne d'Israël se constitue en 1948 sur le pays nommé Palestine, avec l'accord des anglais (Balfour). Cet Etat s'empare du plateau syrien du Jolan (Golan) en 1967 lors de la Guerre des Six jours. Cette zone est un véritable château d'eau qui  accède au  lac de Tibériade et la  haute vallée du Jourdain. L'occupation est déclarée illégale par les résolutions de l'ONU successives  du Conseil de sécurité... que personne  ne s'empresse d'appliquer.

    Du point de vue juridique international, l'occupation n'est pas validée à ce jour. Les statuts territoriaux sont en statu quo. La Syrie en réclame toujours la rétrocession.

    5-Dernier avatar directement colonial et anachronique : l'occupation américaine de l'Irak en 2003.

    Pour terminer avec les colonisations affectant la Syrie, cette fois indirectement par les réfugiés qu'elle accueille : le cas de l'Irak.

    Les  Usa y lancent en 2003 suite à la doctrine Bush une intervention de type coloniale avec occupation directe pourtant passée de mode.

    Curieusement, les américains adoptent la méthodologie colonialiste ultra- invasive " à la  française" en accompagnant la démarche d'un projet  civilisationnel avec l'arsenal  théorique du "choc des civilisations "par Samuel Huntington qui publie à Harvard  ses thèses en 1996.

    Les Etats-Unis  sont alors dans un sentiment de surpuissance: les murs de Berlin étaient tombés, le cas de l'URSS  supposé réglé. La nouvelle Russie semble neutralisée. Un théoricien ira jusqu'à évoquer, décréter  la "fin de l'Histoire"!

    Les terminologies "d'hyperpuissance" ou "d'empire américain" commencent à se lire ici et là.

    L'Irak est occupé en direct, un gouverneur militaire, le Général Jay Garner nommé, l'armée locale  désintégrée. Toutes les erreurs à ne pas commettre sont commises. Pire, l'Histoire montrera que le casus belli avancé  pour entrer dans le conflit (la présence d'armes de destruction massives) s'avère  inexact.

    Idem : la résolution de l'ONU permettant la guerre est jugée non-conforme par les juristes du droit international.

    Tony Blair porte sa large responsabilité dans le choix US d'occuper. Strictement seul, le Président Bush Jr hésitait à entrer dans cette logique martiale,  vis-à-vis de son opinion publique. Le travailliste britannique a donné l'impulsion.

    Jacques Chirac, du parti gaulliste de la décolonisation,  par la voix de son porte-parole  Villepin, tenta d' empêcher le cours des choses. Les  applaudissements ont rejailli dans l'enceinte new-yorkaise de l'Onu à l'évocation d'un monde multipolaire et du  caractère dépassé des occupations.

    Mais les Usa- première puissance militaire mondiale,  forte de ses certitudes - sont  entrés dans un processus de colonisation direct. La tentation géostratégique était trop forte. Si l'on divise la population irakienne par les réserves  du sous-sol, elle est l'une des plus riches au monde !

    Les caractéristiques de la colonisation ont bien été appliquées avec la partition du pays . Les  zones pétrolières rebaptisées "région autonome du Kurdistan" sont détachées et les séparations ethno-confessionnelles installées (les kurdes y étaient présents mais pas eux uniquement, comme pour toute cette région multi confessionnelle !)

    L'Irak version atlantiste est entré dans une anarchie, un problème communautaire majeur. La semaine dernière, soit 9 ans après, une série d'attentats causaient encore la mort d'une centaine de personnes. Le pays est sectorisé, destabilisé pour longtemps. Qui aujourd'hui entend la voix de ce pays à l'international? 

    Les murs de séparation y poussent comme tentative désespérée et absurde de régler l'inter-confessionnalisme.

    L'image de cette armée d'occupation américaine est  désastreuse pour les Usa eux-mêmes. Autour de 2 millions d'irakiens ont quitté leur pays pour se réfugier dans les pays voisins. Dont 1,8 million pour la seule Syrie.

    Ce déplacement de population irakienne  est le plus important ayant affecté le Proche-Orient depuis les millions de réfugié palestiniens de 1948. Dans le plus grand silence médiatique !? Effectivement  il est peu glorieux de dire haut et fort que le camp occidental vient de créer un tel mouvement de réfugiés (deux  millions !) suite à un conflit supposé initié sous un  mandat-très bancal certes - de l'Onu !

    6- Plus de 2 millions de réfugiés en Syrie issus de ses  voisins  dans le silence médiatique occidental

    On a vu  comment la Syrie  perd des territoires mais se voit augmentée de 2  millions de personnes au final  issues de populations expulsées des pays voisins. En 1915, Arméniens et assyro-chaldéens s'installent suite aux massacres  dans les régions du nord (Alep) et à l'est (Assaké) L'Unwra gère à ce jour 500 000 palestiniens dans 12 camps ( 9 officiels, 3 informels) suite aux expulsions d'Israël,  auxquels s'ajoutent suite à la prise de possession de l'Irak par les Etats-Unis, de  1,5 à 1,8 millions d'Irakiens suivant les estimations. Plus les populations Tcherkess, Kurdes etc...

    Soit une population syrienne augmentée de 1/10ème suite aux guerres des autres ! Ce, pour un pays qui n'est pas connu pour son extrême développement économique. L'Unrwa, organisme onusien vient en aide aux Camps palestiniens. Les aides arrivent-elles pour les  réfugiés irakiens?

    Pragmatiques, les américains ont rapidement analysé les erreurs de la colonisation directe en Irak, où ils sont encore aujourd'hui. Mais leur projet de redessiner le Proche-Orient, avec les alliés tient toujours. L'axe  chiite est décrété « bête noire » à éliminer.

    Le printemps arabe vient opportunément permettre la poursuite de cet objectif, sous une autre forme plus subtile, pouvant être qualifiée de néo-coloniale.  C'est ce que nous analyserons dans un prochain article intitulé : « Théocraties religieuses à l'assaut des théocraties laïques »

                                                                   Sylvie Neidinger

     

    Série Surya sur blog TDG  "neidinger" :

    Article 1-Baal Hadad lance ses foudres en Syrie.

    Article 2-Le Printemps néo-colonial arabe

    Article 3- Clinton-Israël en" intelligence amie". Les Etats Arabes le sont-ils?

    Illustrations de cartes postales d'époque sur la présence française

    Résumé-Abstract : Le Printemps néo-colonial arabe. Par extraordinaire, les Etats actuellement au chevet de la Syrie sont strictement les anciens Etats coloniaux de la zone  : Turquie, France, GB, et néos tels les USA et alliés.

    Tags : Syrie, Libye, Irak,  Egypte, printemps arabe, amin maalouf, usa , ottoman, Usa, Israël, choc des civilisation Huntington, Palestine , UNRWA

                                                             RUBRIQUE SYRIE          

  • Sarko Von Merkel: le moteur franco-allemand

     

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    Tags: #NicolasSarkozy , #AngelaMerkel , #CoupleFrancoAllemand, 

    #UE, #BlogSylvieNeidinger, #RubriqueCaricatureSylvieNeidinger , 

    #MoteurFrabcoAllemand, #SarkoVonMerkel 

    #Caricature

     

  • La 3ème guerre mondiale: dans le monde arabe?

    Le mal nommé « printemps » est une équation explosive à cinq entrées car traversé par les guerres suivantes : numérique, verte, énergétique, coloniale enfin par la guerre froide.  Analyse des conflits sous-jacents qui se croisent.

     

    Historiquement, 2011 sera l’année du premier usage des réseaux sociaux dans un cadre de conflit armé. Cela s’est passé dans le monde arabe, à  la plus grande surprise du monde occidental- qui véhicule tellement de préjugés notamment celui d’omettre imaginer que l’on pouvait  être arabe et cliquer comme tout le monde sur la Toile.

     

    LA GUERRE NUMERIQUE et la propagande font rage sur les réseaux, dans chaque camp autour d’un « réel » inondé d’images pas toujours garanties et vérifiées, journalistiquement parlant.

    La couverture tunisienne par le web 2.0 a démarré comme une sorte de  jeu vidéo, un conflit kleenex où il fallait appuyer sur le bouton « eject » pour changer les gouvernants. A ce jeu, Khadafi fit de la résistance. Il s’accrochait au pouvoir face à l’injonction de virer « out » Il restait « on » Il est désormais « off ».

     

    Les bons vieux médias grand public (tv, radio…) ne sont pas en reste, toujours dans les logiques idéologiques propres à chaque bord. En France (pays promoteur de l’attaque militaire en soutien à ceux de Misrata, ville de l’Est libyen) la discrétion a été de mise sur le bilan humain final suite aux 8000 raids aériens de l’Otan (60 000 morts estimés, nombre infiniment supérieur aux morts kadhafistes) aux destructions des villes et infrastructures.

     

    Al Jazeera, la télévision qatarie aux moyens et nombre d'auditeurs colossaux soutient activement le mouvement de contestation. Elle a choisi son camp...

    En 2011, la CNN orientale ne se fait plus remarquer pour ses points de vue variés dans un océan médiatique arabe inféodé aux pouvoirs en place. C’était avant.

     

    Une mue radicale s’est opérée en direction de la promotion en direct d’un islam sunnite rigoriste « du désert »

    Le 20 septembre dernier, son  directeur W Khanfar a démissionné face à la reprise en main idéologique par la famille régnante Al Thani. Qatar dont l’émir est également hyper actif au sein de Ligue Arabe. « Son » média d’information en continu est devenu un fer de lance puissant qui accompagne les évènements dans une vision toute wahabite. Anecdote du mois d’août à Tartous (Syrie) : toutes les poubelles de la ville furent recouvertes par la flamme,  logo désormais célèbre de la chaîne pour exprimer le désaccord sur le traitement médiatique de ce pays par cette chaîne.

     

     

    LA GUERRE VERT SOMBRE. Un puissant mouvement religieux enflamme le monde musulman avec plusieurs clivages:

    D’une part entre l’islam à clergé  chiite et l’islam sans clergé, sunnite.

    D'autre part entre la pratique ordinaire et la pratique intégriste.

     

    Les régimes politiques qui se mettent en place dans la foulée dudit « printemps arabe démocratique » tiennent de la radicalité.

    Or, si vous ajoutez «  isme »  la  différence devient majeure !! Cette nuance est mal perçue dans nos pays occidentaux.

    La religion musulmane n’est pas extrême. C’est un des trois monothéismes. Elle respecte les prophètes antérieurs dont Issa (Jésus).

    Mais déclinée dans sa version dure en « isme » sont évacués le féminin du champ public, ,les non musulmans, ou ceux qui pratiquent différemment, intolérés.

     

    Politiquement, deux pôles d'influence diplomatico-religieuse cherchent à accompagner ce mouvement : celui des Monarchies du Golfe et celui de la Turquie, chacun des deux tirant la couverture à lui. Mais ils sont en réalité ...complémentaires!


    Les partis conservateurs qui prennent les rênes suite au Printemps érigent souvent  la Turquie d’Erdogan (non arabe) en modèle d'action car la démarche est hyper moderne. C'est une prise de pouvoir par les moyens de la démocratie contemporaine du bulletin de vote, de facebook pour appliquer les règles de vie instaurées il y a une dizaine de siècles.

    Quant au Qatar et à l'Arabie Saoudite (GCC) ils fournissent les nécessaires moyens logistiques.

    Résultat: la charia est prônée en Libye. Le PJD, Parti islamiste marocain dit modéré (parfait oxymore!) vient de gagner les élections. Les Frères Musulmans en Egypte sont devenus majoritaires. Salafistes et Frères en Syrie manifestent le vendredi à la sortie de la prière.

    Le sunnisme version wahabite s’installe progressivement dans chaque Etat touché par les révoltes indignées, laissant poindre les plus vives inquiétudes. (cf: églises coptes brûlées)

     

    Un Etat préfigue ce qui va se passer :  l'Irak dont la  « démocratie importée » est un échec absolu, un contre-modèle repoussoir. Certes, l’ancien régime fort a disparu mais sa laicité a sombré avec lui au profit de découpages territoriaux (kurdistan pétrolier) et du religieux comme gouvernance. Les communautarismes exacerbés se mesurent en attentats mortels quotidiens des années après le changement de régime. Les arabes chrétiens menacés quittent.  Toutes les communautés non musulmanes se fragilisent. La voix politique de l'Irak à l'international a disparu.

     

    La vieille religion chrétienne (proche-orientale et non occidentale à la source ) dans ses multiples composantes (assyro-chaldéens, coptes, syriaques etc.) s'exile hors du Proche-Orient. Ils vivaient jusqu'alors en bonne entente avec leurs frères musulmans. Une hémorragie comme conséquence collatérale des bouleversements en cours.

    Un exode totalement avalisé par nos décideurs occidentaux dont les consciences bizarrement ne souffrent pas.

     

    Pourquoi un tel succès de la pratique extrême musulmane ? Parmi plusieurs analyses, on peut retenir les suivantes:

    - Les difficultés économiques

    - Ce mouvement de retour à des pratiques rigoristes s’explique très certainement par un contrecoup des ( tristes !) évènements américains de septembre 2001.Des accusations  médiatiques islamophobes (généralisantes) s’ensuivirent.

    Les musulmans, à force de se voir pointés du doigt  globalement, en tant que tels, de tous les maux de la terre (de terroristes… jusqu’aux repas d’avions  qui sont surveillés pour voir qui consomme quoi) à force de se voir caricaturés, multi surveillés, se sont repliés sur leurs valeurs?  Aujourd’hui, les bulletins de vote prennent la couleur vert sombre.

    - Focus complémentaire: les mosquées jouent le rôle d’aide sociale, de soins, d’éducation pour les plus pauvres, des missions régaliennes que les Etats gangrenés par la corruption et le clientéliste n’ont pas pu tenir. Ces deux dernières années ont connu des émeutes liées au prix du pain en Egypte et en Jordanie.

    - Enfin, autre frustration majeure pour le « cœur arabe » : l’éternelle absence de création de l’Etat palestinien viable, dans le jeu de façade des discours onusiens (cf : les frontières de 1967 ...encore récemment  dans la bouche de B Obama !) et de promesses jamais tenues. Comme une grande moquerie internationale.

     

     

    POSITION AMBIGUE DES OCCIDENTAUX : LA PUREE IDEOLOGIQUE.

     

     

    Les pays occidentaux entretiennent une purée idéologique sur le thème de l’islamisme en acceptant ici ce qui est refusé là. Ils ont vendu à leurs populations respectives « au nom de la démocratie -qui a bon dos ! » une guerre en Afghanistan ( gazoducs…) pour soit disant contrer les intégristes locaux nommés talibans.

    Talibans évidemment aux idéologie inacceptables.

     

    Américains, Union Européenne ont refusé le dialogue avec le Hamas car islamiste. L’Iran qui attaque l’ambassade GB est qualifié aujourd’hui à la radio d’islamiste par un responsable britannique. C’est vrai. Sauf que…les mêmes occidentaux  participent actuellement à la mise en place active des régimes confessionnels islamistes qui sortent des urnes !

    BHL, le ministre des affaires étrangères d’opérette de la France a écrit récemment dans une tribune sur la Libye "qu’il y a charia et …charia." 

    Les véritables raisons sont donc à chercher ailleurs : le monde arabe intéresse évidemment pour son gaz et son pétrole. Ce "printemps" devient une super opportunité pour la reconfiguration du monde arabe telle que G. Bush la rêvait.

     

    LA GUERRE ENERGETIQUE. Deux pays attisent les papilles occidentales : la Libye et la Syrie. Les médias font peu de cas de la révolte yeménite qui  n’a ni ressource énergétique, ni intérêt géographique !

    Le cas libyen -pays immense qui regorge de pétrole- a été géré par une intervention militaire massive de l’Otan. Kadhafi est mort. Place désormais à la gestion du cas syrien. Pays dont  la position géostratégique centrale et son Est pétro-gazier sont dans l’œil du viseur. Alain Juppé annonce la nécessité de « zones tampon humanitaires » ...prélude aux futures partitions ?

     

    LA GUERRE NEO-COLONIALE : les frontières du monde arabe furent tracées dans la première moitié du XXème siècle à l’époque des colonialismes occidentaux. Or, ce mouvement de partage des territoires sous influence n’est visiblement  pas terminé. Il était intéressant de constater le  4 octobre dernier la nature des Etats ayant décrié le veto russo-chinois en faveur  de la Syrie : exactement tous les anciens pays coloniaux  de la zone !

    La Turquie du vieil Empire Ottoman, la France (la mémoire populaire française a oublié qu’elle eut mandat sur la Syrie) la Grande-Bretagne (en Irak) l’Allemagne (certaines frontières furent tracées le long du Bagdad Bahn) enfin les Américains actuels maîtres du monde et de l’Irak.

    Les mêmes Cinq toujours à la manœuvre active en connexion évidente de fourniture d’armement et de renseignements  formation à l’ALS Armée de libération de Syrie -même s’ils se refusent à le dire officiellement.

     

     

    LA GUERRE FROIDE : La Russie a donné un doigt pour autoriser à l’ONU l’intervention libyenne mais son bras entier a été avalé. La mission de l’Otan a semblé dépasser les instructions de départ. De ce fait,  la Russie  va  poursuivre son attitude de veto et de refus à toute intervention en Syrie, pays de son aire d’influence ( laique socialiste )  actuellement  dans la fenêtre de tir otanesque. Elle donne actuellement  de la voix et  menace d’envoyer ses bateaux de guerre à Tartous.

    La Chine va-t-elle suivre cette démarche de veto ?

    Le sur-armement nucléaire israelien est sans contrôle international de l'AIEA qui ne réclame aucun compte.

    Le nucléaire iranien lui  ne se laisse pas  contrôler.


    Comment vont réagir les émergents les Brics dont l'Afrique du Sud, Inde, Brésil qui s’étaient abstenus de voter un engagement militaire en Syrie en octobre? Le scénario part en tous sens.

     

     

    L’enfer arabe

    Les Occidentaux reconfigurent le monde arabe à leur guise en coordination avec la Ligue  ( dont on n’ a jamais autant entendu la voix alors que nombre de  ses membres sont en transition gouvernementale )

    Ils  accompagnent d’une manière impérative  les indignations légitimes de peuples. Mais en axant les évènements suivant leurs intérêts géo-stratégiques énergétiques.

     

    La poudrière est  désormais en place avec la crise économique mondiale (qui touche les pays arabes non  pétroliers) les exaspérations religieuses,  les pétrodollars (ressource inépuisable qui finance les résistances) l’armement et  la logistique des pays de l’Otan (les dernières générations de drônes  américains sans pilotes sont testées)

     

    Chaque jour, une allumette est grattée. C’est attesté. Le mouvement d’indignation syrien a démarré à Deraa avec la torture intolérable d’adolescents. Mais rapidement des bandes armées - certains de  ceux que nos médias vantent comme des héros!-  mènent une lutte sanglante. Sanglante signifie des corps civils et militaires découpés à la hache.

    La guerre... civile semble désormais poindre dans ce pays  fragile car multi-confessionnel et multi communautaire .

    Syrie où tous les arabes ne sont pas musulmans ( maronites, orthodoxes, syriaques, ismaélites etc.) et où tous les musulmans ne sont pas arabes (tcherkess, druzes, arméniens,  kurdes etc.)


    En septembre, le Patriarche maronite Al Rai ( Libanais)  de passage en France,  plus qu’inquiet de la tournure des évènements,  a diplomatiquement  fustigé  les velléités de reconfiguration. du monde arabe –celles qui agitent les chancelleries occidentales.

     

    Diviser pour régner est  vieux comme le monde. En langage moderne cela se traduit par  une mentalité de type bantoustan "un territoire = une communauté" .

    Tout comme la droite israelienne qui prône la reconnaissance internationale  d'un "Etat juif," chacun serait rangé uniformément dans "son" fief ethno-religieux .(druzes au Golan, kurdes dans l'Est syrien) D'ailleurs, les mots d’ordre des contestataires syriens   lus dans les toutes premières manifestations allaient  dans le sens des partitions et élimination « chrétiens au Liban, alaouites au cimetière » !

     

    L’allumette de la guerre civile est malheureusement lancée. Le conflit peut d’un instant à l’autre enflammer  les voisins : Liban, Turquie, Israel, Jordanie, Irak. 


    Monseigneur Al Rai  eut le courage dans  sa sagesse  d’évoquer  l’hiver arabe. Moi, je parle de l’enfer arabe. J’espère juste …me tromper !

    Sylvie Neidinger